Où est le village ?

C’est la question que posent les auteurs de cette lettre d’opinion publiée dans Le Devoir d’aujourd’hui prenant à contre-pied ce proverbe (dit Africain) que les adultes se plaisent à répéter sur plusieurs tribunes, « Il faut tout un village pour élever un enfant » ! Leur propos m’interpelle et invite à la réflexion :
« Or on constate plutôt que la réussite scolaire est l’affaire de tout le monde et de personne. «C’est à l’élève de réussir ! C’est sa responsabilité.» Sauf qu’un jeune ne peut pas réussir seul, chacun le sait. Où est le village ? Dès qu’il passe au secondaire, on dirait que l’ado dérange. »
La trame de fond de ce texte est en plein dans le ton de la série de reportages de Marie-Andrée Chouinard qui a construit un dossier percutant sur les élèves handicapés et ayant des difficultés d’apprentissage (1, 2, 3, 4 et 5). Repris chez Maisonneuve hier, on utilise cet extrait pour tenter de cerner l’essentiel des reportages :
«  Derrière les données troublantes selon lesquelles 20 % des nouveaux enseignants décrochent au cours des cinq années suivant leur embauche, se camoufle une préparation déficiente à la dure réalité qui les attend dans les écoles où ils font leurs premiers pas . »
La description du vécu des écoles qui ont accueilli la journaliste du Devoir peut sembler exagérée ou alarmiste à outrance… Je sais pertinemment que Mme Chouinard a parfaitement décrit la situation qu’elle a eu sous les yeux; c’est ça le pire ! Je n’ai pas beaucoup écrit sur ce carnet à partir de mon expérience des quinze années de pensionnat, mais je peux témoigner que les élèves en difficultés sont de « fameux professeurs » pour qui passent au travers !
La réponse qui me vient à « Où est le village ? »
Notre communauté est aussi forte que le maillon le plus faible de notre chaîne.
Alors le village, il cherche constamment à se contruire et à se reconstruire parce que la chaîne, elle pète souvent. À force de céder, elle est devenue fragile. Nos solidarités sont devenues fragiles. Au point où on préfère souvent former des petites chaînes qui ont plus de chances de tenir, mais qui nous enferment dans un confort exclusif et bien relatif.
À l’échelle du Québec, la situation est « à géométrie variable ». Montréal d’un bord, écoles de village d’un autre; commissions scolaires vs écoles privées, intégration sauvage vs écoles à vocation particulière. Je ne suis pas en train de dire que nous sommes tous complices d’une grosse bourrée de « tournage en rond ». Chacun fait de son mieux, avec les moyens à sa portée, dans son environnement personnel. Mais force est d’admettre que ceux qui nous animent ont vraiment pas l’air de savoir où on s’en va avec ça… Et je ne vise pas que les autorités du M.E.Q.; je parle de tout les cadres de toutes les C.S. et écoles qui constituent de bien belles solitudes. On se sent si seul et isolé dans notre position de « boss » dans ces circonstances. Et ce, sans parler des dirigeants syndicaux qui gardent le cercle de leur « solide aride é » (se prononce « solidarité ») bien cadenassé.
Le mot de la fin revient aux auteurs du texte du début :
« Nous voulons dire aux jeunes qu’ils ont leur place dans leur école et qu’ils peuvent y réussir. Nous avons un sentiment d’urgence que ne semble visiblement pas partager toute la communauté. Collectivement et individuellement, nous pouvons nous demander si nous partageons et comprenons les difficultés que vivent les jeunes afin de les aider à réussir leurs études. »
Construisons des ponts. Établissons des réseaux.
Pour notre plus grand bien et celui des jeunes sous notre gouverne.
J’ai confiance dans les jeunes… ils nous guideront !

1 Commentaire
  1. Jean Trudeau 17 années Il y a

    Mais qui doit faire les premiers pas?
    L’école a tendance à fermer ses portes plutôt qu’à les ouvrir aux gens du milieu. À vivre ‘enclosée’. À se méfier du milieu environnant plutôt qu’à établir des synergies de proximité vivifiantes. Pourquoi? Mystère. Mystère bureaucratique?
    Un tout petit exemple. J’ai offert à la direction de la petite école du village une section de Saint-Armand-sur-le-Web. Réaction : surprise et méfiance, puis refus, cela étant contraire aux ‘politiques de la commission scolaire’. J’ai communiqué par courriel avec les écoles secondaires que fréquentent ensuite nos jeunes dans les villes environnantes : aucune réponse. J’ai demandé par courriel à la commission scolaire des renseignements sur les services qu’elle offre à une petite communauté comme la nôtre pour en informer mes concitoyens : aucune réponse…
    J’en conclus que l’école ne tient pas du tout à établir des réseaux avec ‘le village’. Les parents y sont-ils même les bienvenus?

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