Apprendre, c’est partager

Deux conversations Web en parallèle me captivent depuis quelques jours (1 et 2). Plusieurs carnetiers en éducation y participent en témoignant de leurs expériences et visées. Ce matin, un billet (en dehors des deux conversations) contient un extrait qui vient construire un pont :

« J’étais dans une classe de 6ième année la semaine dernière. L’enseignante m’avait invité pour me montrer ce que les élèves avaient commencé à faire avec SPIP. Pourquoi ne pas avoir mis ca dans le portail et donner un code aux parents pour qu’ils puissent voir les travaux de leurs enfants? «C’est ben trop de trouble!», m’a-t-elle répondu. «Et puis, les élèves veulent montrer au monde ce qu’ils sont capable de faire. Il y en a qui ont tenté de me décourager en me disant qu’il y aurait des fautes sur le site. Oui, c’est vrai. Mais, il faut garder en tête que ce sont des élèves de 6ième année. On s’attend à ce qu’ils fassent des fautes. On s’attend aussi à ce qu’ils puissent les corriger… c’est ca apprendre.» »

N.B. Ajout à ce billet suite à la lecture de celui-ci : Cette citation vient du blogue de Louis Longchamps, « Les chroniques du temps perdu« . Attention, la suite de ce billet renferme « une plogue ». Avis aux lecteurs qui pourraient être offensés que je nomme la solution de portfolio électronique sur laquelle je travaille depuis trois ans et qui est l’objet d’une mise en marché depuis la semaine dernière, ne lisez pas le reste de ce billet !

Je participe à de nombreuses discussions dans les écoles (et les milieux) que je fréquente au sujet de la façon dont ça se construit des compétences en écriture. J’ai en tête constamment la citation de Jill Walker que Clément reproduit dans un de ses billets et à chaque fois que je l’apporte, j’obtient la même coloration affective dans les yeux des gens à qui je parle : ça fait du sens !

Permettre d’ÉCRIRE EN PUBLIC, voilà une stratégie qui rend les apprenants demandeurs de connaissances. Imaginez des jeunes dans un gymnase à qui ont fait faire des éducatifs, à qui on apprend des règles, à qui on donne des consignes et surtout, à qui on ne permet pas de jouer en public ? Tout instructeur sait qu’il faut finir par faire jouer les apprenants dans une vraie situation, devant un vrai public si on veut améliorer les performances! C’est pareil dans les arts de la scène, en impro, au soccer l’été et même aux échecs ! Je me souviens d’avoir lu Philippe Meirieu qui allait dans le même sens voilà plusieurs années, mais je ne retrouve plus la trace de la citation.

Je ne crois pas vraiment que l’idée soit de « se monter » contre l’utilisation de portails. C’est le volet « archivage » en lieu fermé qui pose le plus de problème, à mon avis. Un apprenant (et un enseignant) doit toujours conserver le privilège de ne pas partager sa production, mais quand il se sent prêt et qu’il en prend la décision de manière libre et responsable, nous devons tout faire pour que ce partage soit facile et valorisé. La « philosophie portail » ne va pas dans ce sens, je crois.

Dans le contexte des portfolios, c’est un peu la même chose, à mon avis. Un apprenant doit pouvoir montrer et réfléchir en privé et en public, mais on doit lui permettre d’expérimenter jusqu’à quel point il gagne en ouvrant sa démarche. Vendredi dernier, je discutais avec un directeur et un enseignant chez qui nous allons installer Cyberportfolio 2.0 la semaine prochaine et je ressentais leur hâte de voir en action l’effet de se produire en public. Il n’y a pas que des avantages, mais le levier de la communauté est un puissant outil de motivation et de réussite, j’en suis maintenant convaincu.

Je lisais cette intervention de Pascal Lapalme et je suis obligé d’aller plus loin : je connais des écoles où il est INTERDIT de partager avec l’extérieur ses façons de faire. «Il ne faudrait pas que nous donnions « nos réussites à d’autres »» se dit probablement la direction de ce milieu scolaire en s’imaginant que la force(?) de son école est dans son exclusivité ! Tout le contraire de cette maxime que j’avais croisée chez Corinne et que je cite chaque fois que je parle Wiki:

«Si nous avons chacun un objet et que nous l’échangeons,
nous aurons chacun un objet.
Si nous avons chacun une idée
et que nous l’échangeons,
nous aurons chacun deux idées.»

Bon… Il me faudra continuer la réflexion en suivant cette piste qu’ouvre Éric.

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