Comment dire?

Je ne voudrais pas paraître trop moqueur parce que je suis loin de pouvoir cracher en l’air sur ce sujet de la qualité de la langue. Mais ce soir dans mon auto, je me suis esclaffé de rire comme ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Ça se passe dans le bulletin de nouvelles «de info Ados-Radio». Il est question de ce qui pourrait expliquer de si piètres résultats aux examens de français du ministère en 5e secondaire.
À la quatrième minute de ce topo, le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation et député adéquiste de Mirabel, François Desrochers, y va d’une répartie digne des plus célèbres cafouillages.

«La grammaire, la syntaxe, des choses qui ont été abolites»

C’est beaucoup plus drôle à entendre qu’à lire…

Mes excuses au député. Je sais que ce n’est pas la fin du monde… ce genre d’anecdote arrive à chacun, même à un prof qui est député… Mais dans le contexte, il fallait que je souligne.

Je rappelle: il s’agissait de proposer des mesures pouvant améliorer la qualité du français!

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24 Commentaires
  1. Joseph Deneault 15 années Il y a

    Sauf que dire que « la grammaire et la syntaxe sont des choses (quel lexique !), qui ont été mises dans les boules à mites», c’est un brin comme dire que quelqu’un n’a plus d’os…

  2. Photo du profil de AndreChartrand
    AndreChartrand 15 années Il y a

    Un peu comme toi, Mario, je n’ai pas de leçon à donner côté qualité de la langue. Je suis également d’accord qu’il n’y a pas lieu de crucifier M. Desrochers. Mais diable que la bourde est tordante.
    Merci pour cette anecdote qui m’a bien fait rigoler ce matin.

  3. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 15 années Il y a

    Le plus triste dans le topo sur ce sujet réside dans le fait qu’aucun des trois politiciens n’a fait un commentaire bien pertinent en lien avec cette problématique. La bourde de M. Desrochers fait passer en second le fait que notre classe politique en éducation a bien peu à offrir et mélange trop souvent tout le monde au lieu de contribuer à éclaircir la situation.
    Mme Couchesne laisse entendre que quasiment rien ne peut être fait à court terme, «pas de baguette magique», dit-elle!
    Mme Marois a manqué une bonne occasion de dire que les élèves de 5e secondaire dont il est question ne peuvent avoir été «influencés» par la réforme; dire qu’on a des bonnes performances dans des concours internationnaux, nous aide-t-il vraiment à agir sur le fond de la question?
    M. Desrochers parle de rétablir des éléments qu’on peut avoir négligés (sait-on???), mais laisser entendre que les enseignants ne s’occupent plus de grammaire et de syntaxe frise «l’irresponsable».
    Nous avons peut-être les politiciens que nous méritons… sait-on?

  4. michel le neuf 15 années Il y a

    Ouf ! Il faudrait que vous voyiez de quoi a l’air l’opération de passage du primaire vers le secondaire depuis deux ou trois ans… Il y a un peu partout une recrudescence de groupes à effectifs réduits de tous types, tant en pré-secondaire, cheminements temporaires (qui ne le sont jamais vraiement) et cheminements continus. Alors avant de dire que les élèves de 5e secondaire dont on parle aujourd’hui sont les « restants » d’un système qu’on tente de rénover, je dis « good luck » avec ceux qui arrivent… Comme disais le philosophe Sénèque: ça regarde pas ben… Voilà. Et je parle au moins en connaissance de cause. Comme dit ma blonde: Croyez-moi pas, vérifiez !
    Le Neuf

  5. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 15 années Il y a

    Ton commentaire Michel est à l’effet que les «enfants de la réforme» ne seront pas mieux que les autres (même pire) si je décode ce que tu observes. J’ai des réserves sur ce qui a été réellement approprié dans le renouveau, mais je suis prêt à croire qu’il faille d’urgence faire ce qu’il faut pour que nos élèves réussissent mieux en français, réforme ou pas; là n’est pas la question d’ailleurs.
    Je voulais juste dire que la réforme a déjà assez le dos large qu’il est injuste de lui attribuer des tares qu’elle n’a pas créées… indépendamment de celles qu’elle crée peut-être!

  6. Photo du profil de AmineTehami
    AmineTehami 15 années Il y a

    Quelques jours avant la sortie de notre ministre à Télé-Québec, je feuilletais ce dossier du Nouvel Obs. intitulé le scandale de l’illetrisme en me disant 1) tiens comme c’est pareil ailleurs et 2) comme c’est calme, cet automne, chez nous…
    On peut y lire, notamment, que:
    Notre orthographe est l’une des plus difficiles au monde. [..] Les linguistes parlent de régularité entre les sons et les lettres. D’un pays à l’autre, elle varie du simple au double. Elle est de 97%, par exemple, pour l’espagnol ou l’italien, de 98-99%, pour le finlandais ou le danois, mais seulement de 55% pour le français. Sans parler des problèmes d’accord, de lettres qui ne sont pas prononcées. De quoi s’arracher les cheveux. Là où un petit Espagnol mettra quelques mois à maîtriser les bases orthographiques, il faudra des années pour un Français.

  7. Photo du profil de RenartL'eveille
    RenartL'eveille 15 années Il y a

    Ça me fait penser à hier aux Francs-Tireurs quand Simon-Pierre Diamond a sorti le terme « antéchrist » dans une phrase alors que ça n’avait aucun sens…

  8. michel le neuf 15 années Il y a

    « J’ai des réserves sur ce qui a été réellement approprié dans le renouveau »
    Il y a bien longtemps, tu te souviens peut-être Mario, je disais que cette réforme aurait dû débuter au secondaire. Oui, il fallait pousser sur le développement des compétences au secondaire. Comme il aurait fallu accentuer l’apprentissages des savoirs essentiels et des connaissances de base au primaire. Il y a des gens, dans un autre réseau, qui m’ont répété ça il y a peu de temps.
    Enfin, assez joué au gérant d’estrade. Mais depuis le temps que je tiens le même discours, on ne pourra pas m’accuser de faire du « second guessing »…
    Ce qu’on proposait en 2000, c’était gros, et au delà des mines qui ont été semées ici et là, je me demande jusqu’où, dans une stratégie de changement, on a tenu compte de la force des déterminants culturels.
    Te souviens-tu de cet article paru il y a un temps dans « Vie Pédagogique » ? Ça s’intitulait: « Comment faudra-t-il de réformes pour changer une seule école ? » Je t’invite à une relecture… C’est ici: http://www.viepedagogique.gouv.qc.ca/numeros/116/vp116_53-56.pdf#search=%22%22combien%20faudra-t-il%20de%20réformes%22%22

  9. Joseph Deneault 15 années Il y a

    Ce matin, mes deux suppléances étaient avec des groupes de sec V, en ESL. In the first course, the activities, were more lexically than grammatically oriented: in fact, there was no grammatical notion as such, on the menu, never mind, syntax. However, doing what they did, they sure handled a lot of grammar and syntax…
    In the second class, the students read about crystal meth addiction, and reinsvested their reading into answering written questions; we then had oral interaction on that theme, and then they got into some other written exercises, for which they could team up and help each others; some students, though, preferred working alone.
    One of them looked very pretty, but her mouth was nervously not smiling; I did help her with some exercises and thus noticed she had des broches pour redresser les dents et j’ai supposé que cela, pour elle, est un « traumatisme » et un handicap gênant, qui l’empêche peut-être de s’ouvrir aux autres et de sourire à pleines dents.
    J’ai (encore) l’air d’avoir disgressé du sujet, mais ce que j’essaie de dire, c’est qu’il y a tellement plus à l’enseignement que des règles de grammaire et de syntaxe. Voilà, je l’ai dit.
    🙂

  10. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 15 années Il y a

    Amine,
    Les difficultés de la langue française sont une piètre excuse qund un élève a droit à un dictionnaire et à une grammaire quand il fait un examen. La plupart du temps, les élèves ne trébuchent pas sur des exceptions. Ils n’accordent pas des pluriels simples ou ne savent pas écrire le mot «professeur».
    Dans ma classe, il y a deux types de fautes: les pardonnables, qui nous donnent l’occasion d’apprendre, et les impardonnables qui nous montrent ce que tu aurais dû apprendre…

  11. David D'Arrisso 15 années Il y a

    Devant une épreuve qui est jugée (à tort ou à raison) trop difficile, certains ne font que laisser tomber, sans même songer à y participer. C’est le phénomène d’auto-exclusion, et je crois qu’il s’agit là d’un grave problème auquel sont confrontés les enseignants de français (comme d’autres, par ailleurs). Pour cette raison, je crois que l’argument d’Amine Tehami, contrairement à ce que laisse entendre Luc Papineau, est intéressant. On a beau leur permettre d’utiliser tout l’équipement de l’alpiniste (i.e. dictionnaire et grammaire), dites-moi à quoi cela peut bien servir si, malheureusement, déjà trop parmi eux ont tout simplement abandonné l’idée même de gravir la montagne?

  12. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 15 années Il y a

    Ça me fait penser à une discussion que j’avais eue avec des élèves d’un lycée en France en mai 2005. Dans la classe de François Jarraud, nous avions lancé une discussion sur la qualité de la langue. Les jeunes Français me faisaient valoir combien c’était important pour eux que la langue évolue. Lorsque je leur faisais remarquer leur propension à «franciser» tout plein de mots anglais, ils me regardaient avec stupeur, ne comprenant pas pourquoi je compliquais les choses alors qu’elles peuvent être si simple avec «parking», «drugstore», «dressing», au lieu de «stationnement»…
    Pour «émail»(ou «mél») et «chat», à la limite, ils me trouvaient créatif avec «courriel» et «clavardage», mais je voyais bien que pour eux (et pour bien des Français adultes), notre «obstination» à vouloir respecter notre langue devenait pour eux une sorte de «résistance rétrograde et contre-productive». Je ne dis pas qu’ils ont raison… Je veux juste dire que la difficulté de notre langue fait à la fois sa richesse et cause aussi son malheur.
    Ça me paraît trop facile de dire «Ils n’ont qu’à se forcer un peu» et tout va se régler tout seul…
    Plusieurs n’y voient aucune importance. Avant d’aller plus loin, il faut absolument s’entendre sur «le pourquoi» est-ce que cette belle langue doit continuer de se respecter et jusqu’à quel point elle doit s’adapter (lire ce billet d’une enseignante concernant la nouvelle orthographe).

  13. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 15 années Il y a

    Messieurs,
    Quand un élève de cinquième secondaire écrit la phrase suivante «les belle maizons bleue son situé près de la route», à moins qu’il éprouve des difficultés reliées à la dyslexie, l’excuse de la difficulté de la langue française ne tient plus, j’espère.
    La langue de Molière est complexe et a sûrement besoin de redevenir vivante, mais les problèmes de nos élèves sont ailleurs. On ne parle pas d’exceptions, mais de règles de base que peut maîtriser un jeune du primaire avec un peu de volonté.
    Ces problèmes ne résident pas dans la notion d’effort, mais dans celle du respect de soi-même comme individu et comme citoyen francophone ainsi que du respect d’une langue qui définit son identité en Amérique du Nord.
    On touche la pédagogie dans son sens le plus profond, celui de «Pourquoi apprendre?»

  14. michel le neuf 15 années Il y a

    Pour David:
    M. Yves Lemire, qui a longtemps dirigé le collège Saint-Sacrement de Terrebonne répétait souvent qu’il y avait deux erreurs qu’on pouvait commettre avec un étudiant: trop lui en demander ou pas assez lui en demander. Et selon lui, la seconde était beaucoup plus dommageable que la première.
    Ce qui va davantage dans le sens des propos de Luc que de ceux d’Amine.

  15. David D'Arrisso 15 années Il y a

    @ Le Neuf:
    Je suis plutôt d’accord avec les idées que vous rapportez et je ne crois pas que mon propos, ni d’ailleurs celui d’Amine Tehami, visait à prôner une vision de l’éducation où les exigences envers les élèves seraient réduites.
    Mon propos visait plutôt le fait, qu’au plan de l’écriture, en amont du travail à faire sur l’apprentissage des connaissances et des habiletés (éléments traditionnellement associés aux « efforts » ou, a contrario, à l’absence d’effort), il y avait un important travail à faire sur les attitudes des élèves (et de la société en général). Or, c’est ce travail qui pourra rendre les efforts nécessaires aux apprentissages requis « signifiants », permettant ainsi d’éviter le phénomène d’auto-exclusion. À cet effet, je crois que les derniers commentaires de Mario Asselin et de Luc Papineau nous ramènent à cette réalité.

  16. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 15 années Il y a

    On ne développe pas assez la fierté de bien parler. Chez les jeunes, celle-ci est souvent associée à «être fif» ou péquiste. Et je ne badine pas.

  17. David D'Arrisso 15 années Il y a

    Je savais que le « bien-parler » et le « bien-écrire » entraînaient souvent cette insulte suprême qu’est à l’adolescence masculine celle d’être qualifié de « fif ». Cette réalité témoigne du fait qu’à l’école, le désir de maîtriser la langue est toujours associé, tout comme l’effort intellectuel en général, à des attitudes « féminines ». Elle témoigne également du fait qu’en matière de promotion de la qualité du français et du travail intellectuel auprès des garçons, il y a du travail à faire. À cet effet, je ne crois pas que le retour à des classes non mixtes permettra de régler ces problèmes d’attitudes. Finalement, cette réalité nous montre aussi qu’en matière de lutte à l’homophobie, l’école québécoise a encore des croûtes à manger. Qualité du français et lutte à l’homophobie, même combat? Oui! Celui des attitudes à changer…
    Par ailleurs, je ne savais pas que l’adjectif « péquiste » pouvait être utilisé comme…hum… disons « insulte » pour qualifier des personnes faisant des efforts marqués en français. Les candidats et députés actuels de ce parti politique sont-ils vraiment des modèles de « bien-parler »? Voilà une bien délicieuse anecdote monsieur Papineau!

  18. Photo du profil de AmineTehami
    AmineTehami 15 années Il y a

    Luc, je ne croyais pas émettre une « excuse » ni même un « argument » en évoquant sinon une évidence empirique, en tous cas l’histoire de ma vie d’écolier. Encore aujourd’hui, je ne connais pas la moitié des règles de foux qui régissent cette langue que j’adore. Oui, de foux: au Moyen Âge, ai-je appris récemment, « on écrivait un chol/des chous. Puis les scribes ont remplacé certaines finales -us par -x pour économiser du parchemin. Ils écrivaient chox au lieu de choux. Plus tard, on a remis remis un u à chox pour être conforme à la prononciation […] tout en gardant le x dont on avait oublié l’origine..
    Et si c’était un argument, outre David, je ne suis pas en mauvaise compagnie:

    L’absurdité de notre orthographe, qui est en vérité une des fabrications les plus cocasses du monde est bien connue. Elle est un recueil impérieux ou impératif d’erreurs d’étymologie artificiellement fixées par des décisions inexplicables. »

    (Paul Valéry)… ou encore

    L’orthographe, je n’y ai jamais rien compris. Un de mes professeurs voulut me donner le coup de grâce en m’assurant que Simon Bolivar ne méritait pas tant de gloire car il faisait des fautes à chaque mot. D’autres me consolaient en arguant que je n’étais pas le seul à souffrir de ce mal…. Dans mes lettres à ma famille ma mère me les retournaient avec mes fautes d’orthographe corrigées même quand je fus un écrivain connu.

    (Gabriel Garcia Marquez)
    Si je n’étais un lecteur vorace qui mise son instinct et sa banque de synomymes (pour écarter les mots dont j’ignore l’orthographe), je ferais partie de la masse dont on s’étonne qu’elle est incapable de courir les 100 m en moins de 10 secondes » (si je puis modifier l’image de David).
    Quant ta mémoire, comme la mienne, Luc, est tout simplement incapable de retenir une règle ET ses exceptions, quand, à la différence des jeunes aujourd’hui, on ne t’a pas inculqué la grammaire d’une manière hypothético-déductive (ce qui m’aurait sans aucun doute sauvé), c’est épuisant de faire la différence entre une faute pardonnable et une qui ne l’est pas. Ton rapport à la langue en devient un de culpabilité et, à moins de tomber sur un prof hors du commun, tu n’accèdes jamais au stade où tu peux en jouir, de cette langue.

  19. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 15 années Il y a

    Amine. Je suis convaincu que vous savez écrire sans faute cette phrase venant d’un de mes élèves de cinquième «les belle maizons bleue son situé près de la route». Les exceptions et les complexités, il y en a trop. Mais ici, on parle de choses simples qu’un jeune devrait maîtriser.

  20. Photo du profil de AmineTehami
    AmineTehami 15 années Il y a

    L’énergie consacrée à « savoir écrire » me fait penser, pour renouer avec l’image de David, aux efforts que l’alpiniste consacre à éviter pièges et crevasses. A-t-il apprécié son périple? J’en doute. Y retournera-t-il? Presque jamais.
    C’est de l’énergie qu’on ne consacre pas à écrire tout court. Donc à penser. (Qu’on n’aille pas dire à Marquez que l’orthographe est un préalable sine qua non!).
    Le français est (potentiellement) trop beau pour qu’on le gaspille au confessionnal–« va, mon cher JF Lisée, tes 3 fautes, un archaïsme et deux pièges sans conséquence, sont toutes pardonnées; toi, en revanche, le p’tit fou de Dany, tu me recopieras 100 fois… »
    Nicolas Audry, dans ses « Réflexions sur l’usage présent de la langue françoise » écrivait Il est … ordinaire de trouver [des écoliers de rhétorique] qui n’ont aucune connaissance des règles de le langue françoise, et qui en écrivant pèchent contre l’orthographe dans les points les plus essentiels.
    Il a écrit cela en 1689.
    Oui, il est ordinaire que les écoliers ne sachent pas écrire cette langue inutilement difficile.
    PS Nous avons tous, sur ce blogue et ailleurs, commis des fautes qu’on ne voudrait pas voir rejaillir affublées de guillemets sans parler d’un sic assassin.

  21. michel le neuf 15 années Il y a

    « L’énergie consacrée à « savoir écrire » me fait penser, pour renouer avec l’image de David, aux efforts que l’alpiniste consacre à éviter pièges et crevasses. A-t-il apprécié son périple? J’en doute. Y retournera-t-il? Presque jamais. »
    Mon cher Amine,
    Tu compares alpinisme et apprentissage de la langue. Feras-tu le pas de qualifier cet apprentissage de « conquête de l’inutile » ? C’est purtant là une expression qu’on utilise souvent pour décrire l’alpinisme. C’est d’ailleurs le titre d’un ouvrage écrit par un héros de la montagne, Ferray je crois.
    Or, si on pousse l’analogie, poussons-la jusqu’au bout et considérons tout ce que cette « conquête de l’inutile » rapporte à ceux qui s’y adonnent:
    « Si l’on s’attarde parfois à restreindre l’alpinisme à la conquête de l’inutile, on oublie souvent que c’est une formidable école de la vie. Dépasser ses soufrances, mieux se connaître et approcher ses limites. Apprendre aussi à cohabiter avec ses co-équipiers, partager, être responsable et solidaire de sa cordée… autant de valeurs fortes que l’on ressent dès sa première ascension en haute montagne. »
    L’effort de l’alpiniste à éviter pièges et crevasses fait partie intégrante de son sport. Sans piège, sans crevasse, sans difficulté majeure, on ne parle plus d’alpinisme, on parle de randonnée pédestre. Or, l’apprentissage de la langue, ce n’est pas juste, tant qu’à moi, « a walk in the park »…
    Et quoiqu’en dise Garcia-Marquez, il n’a pas osé, à ce que je sache, publier un seul bouquin qui n’ait préalablement été passé au peigne fin par un réviseur.

  22. Photo du profil de AmineTehami
    AmineTehami 15 années Il y a

    @Feras-tu le pas de qualifier cet apprentissage de « conquête de l’inutile » ?
    Oui. Sans hésiter, Michel. J’estime que nous gaspillons des millions d’heures et de sous à inculquer des codes orthographiques inutilement complexes… autant d’énergies qui ne servent pas l’essentiel à mes yeux—manipuler la langue pour dire, pour expliquer, pour argumenter, pour justifier, pour séduire…
    Si on veut inculquer le sens de l’effort et du dépassement (et autres « valeurs fortes »), je connais une couple de pistes dans les Adirondacks où la souffrance y est sublime. Si on veut qu’au retour, nos enfants sachent dire, expliquer, raconter leur périple (autrement que dans le langage coloré d’un Fred Pellerin ou du texto), je suggère qu’on fasse le deuil du « on a trimé fort sur les bancs de l’école, il n’y a pas de raison de leur simplifier le parcours, aux jeunes d’aujourd’hui… »
    PS Ce qui est bon pour G G-M (des réviseurs non jugeants) est trop bon pour nos enfants?

  23. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 15 années Il y a

    La dictée de la ministre renferme des erreurs. Rigolo, non?
    À toutes les époques de l’histoire, on s’est plaint des jeunes et de leur maîtrise de la langue. Je peux vous trouver des écrits de la Nouvelle-France et du début de la Confédération à ce sujet. Je ne parle pas non plus des écrits de Jean-Paul Desbiens ou de Lysiane gagnon. Faut-il se croiser les bras pour autant? Aujourd’hui, avec tous les efforts que nous consacrons à l’éducation, peut-on être exigeant?
    Oui mais dans le temps des Grecs, un tel a dit… Dans le temps des Romains, un autre tel a dit… Faut pas s’en faire! Puis-je rappeler que toutes ces civilisations ont connu une période de déclin et ont fini par ne plus avoir le rayonnement qu’elles avaient.

  24. Photo du profil de AmineTehami
    AmineTehami 15 années Il y a

    Je ne sais pas si j’aurais choisi le qualificatif « rigolo». À bien y penser, « symptomatique » m’eut (m’eût?) paru plus approprié. Le symptôme d’une maladie qui remonte à cette préface du premier Dictionnaire de l’Académie française : « La Compagnie declare qu’elle desire suiure l’ancienne orthographe qui distingue les gents de lettres dauec les ignorans et les simples femmes, [..] »
    Il ne s’agit pas de partir une querelle de citations aussi antiques que savantes, seulement de reconnaître qu’il y a profond désaccord entre ceux qui assimilent une langue à son code orthopgraphique (et donc arriment l’élan d’une civilisation à la capacité de ses enfants à se plier à ce code) et ceux qui, à la suite de Nina Catach,

    se demandent aujourd’hui si l’on n’obtiendrait pas les mêmes résultats, et peut-être meilleurs, en substituant aux heures précieuses passées (certains disent: perdues) en dictées et en exercices, la réflexion, la poésie, la création personnelle et surtout la pratique constante de la lecture et de l’écriture personnelles, toutes activités langagières si enrichissantes et cent fois plus utile à tous égrds, y compris pour la fixation progressive des mécanismes de l’écrit. page 103

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