Les familles, les jeunes et le commerce électronique

Trois partenaires connus pour leur expertise en matière d’Internet et d’usages des nouvelles technologies ont lancé ce matin un indice du commerce électronique qui paraîtra une fois par mois. L’objectif est de pouvoir disposer de données fiables pour analyser le comportement des gens en matière de consommation en ligne.
J’ai pu discuter ce matin avec des représentants du CEFRIO, de SOM et de VDL2 puisqu’on m’avait invité à titre de «blogueur-reporter», estimant que le sujet de leur point de presse pouvait m’intéresser. Nous étions une dizaine de personnes (journalistes et blogueurs) rassemblées dans un Hôtel de Montréal.
Je souhaite donc dans ce billet signaler la naissance de cet indice tout en essayant de réfléchir sur l’impact des premières données dévoilées ce matin sur mon secteur d’intervention, l’éducation, les apprentissages et les nouvelles technologies.
Disons d’entrée de jeu que ce qui frappe aux premiers abords est l’ampleur des chiffres qui démontrent que «chaque mois, un million de Québécois achètent pour en moyenne 266 millions de dollars sur Internet». «C’est un train à plusieurs wagons qui passent dans le paysage des entrepreneurs du Québec; plusieurs questions se posent maintenant», estime Éric Lacroix, directeur du projet chez SOM, recherches et sondages. Je reviendrai sur ces questions…
Une chose m’est apparue claire ce matin. Les familles composées d’au moins quelques jeunes de 12 à 24 ans sont parmi les principaux acteurs de cette augmentation par trois des achats en ligne depuis deux ans. Non seulement, près de 30% de tous les achats en lignes sondés (ils ont interrogé autour de mille adultes de façon répétitive depuis quelques mois) ont été effectués par des jeunes d’entre 18 et 24 ans; il y a fort à parier (les sondeurs et moi le pensons) que plusieurs parents «passent» par leurs jeunes pour magasiner en ligne, ce qui n’est pas mesuré actuellement. Le «meilleur» est donc à venir puisque ceux qui sont nés avec Internet ont autour de 14 ans en ce moment; on peut présumer que leur sentiment de sécurité sur Internet, leurs habitudes de navigation, leur connaissance du fonctionnement des nouvelles technologies et leurs réflexes de consommateurs risquent de faire gonfler l’indice constamment dans les prochaines années, soit au fur et à mesure qu’ils atteindront dix-huit ans (âge requis pour être sondé et faire apparaître leur comportement dans l’indice).
Quand on sait que pour acheter en ligne, ça prend une carte de crédit (ou un compte Paypal) et que les jeunes ont accès à ces services de plus en plus… il y a lieu de se poser quelques questions autant sur l’évolution de la structure de notre économie que sur notre capacité d’adultes de bien encadrer toute cette «consommation» qui risque d’augmenter. La dernière enquête NETendances2005 nous indiquait que les jeunes n’étaient pas si pressés d’acheter en ligne, mais il y a tout lieu de croire (comme le démontre l’indice pour les adultes) que l’augmentation de l’offre, la meilleure confiance dans la technologie au niveau de la sécurité des transactions ainsi que la montée du dollar Canadien face à celui de notre voisin du sud sont autant de motifs qui interpellent les gens du secteur du commerce de détail.
Philippe Leroux de VDL2 estime qu’actuellement, «c’est au moins 100 millions de dollars par mois qui pourraient échapper aux commerçants Canadiens», si on recoupe le volume actuel des transactions avec les enquêtes de 2005 qui laissaient entendre que 40% du volume allait en dehors de nos frontières. Les partenaires à l’origine de l’indice veulent donc nous alerter autant à cette hypothèse (qui devra être vérifiée) qu’à celle de l’impact sur les emplois de cette migration du commerce de détail vers l’électronique. Le chiffre actuel de 3% ne serait qu’un plancher. Quand on regarde une entreprise comme Via Rail qui a vu son volume d’affaires passer à plus de 50% en ligne, il y a lieu de se poser ces questions.
Comme éducateur et consultant, je déduis que l’éducation à la consommation présente tout un défi à relever puisque les écoles et les parents ne sont probablement pas aussi conscients qu’il le faudrait de l’implication des jeunes dans le cercle «vertueux» de l’économie. Ce virage vers le numérique va les frapper de façon structurel (lorsqu’il atteindront le marché du travail), sur le plan de leur comportement en tant que consommateurs et enfin, comme citoyens puisque l’impact sur la culture, la vie citoyenne et le niveau économique de leur vie d’adulte s’en trouvera touché.
Pas question pour moi ici de publier à chaque mois l’indice du commerce électronique, mais prendre conscience de la vague qui arrive me paraît être une bonne chose, d’autant plus que ce matin, c’était intéressant de constater que les blogueurs présents n’avaient pas l’air de chiens dans un jeu de quilles. Les gens qui avaient de l’information à communiquer semblaient avoir le goût que la naissance de cet indice soit le début d’une grande conversation sur l’impact des changements qui s’en viennent! J’ai participé à ce point de presse en sachant qu’on m’avait invité en me «flattant» un peu; on a dit de moi que j’étais un «blogueur influent»… Je veux bien, mais je sais aussi que les gens qui m’invitent ont aussi des attentes. Quand je compare les textes des grands médias qui ont relayé la nouvelle avec le communiqué (1, 2, 3 et 4), je me sens moins gêné de bloguer en toute subjectivité sur ce sujet! Je n’ai pas vraiment l’impression de ne servir que de courroie de transmission, d’autant plus qu’ici, la jasette est toujours possible!
N.B. Complément d’information chez Michel Leblanc, chez Jean-Julien et chez Benoit Duguay.

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