Censure d’Internet à l’école… quelques secousses à Rochebelle

Ce qui devait arriver… arriva! À force de jouer au jeu du chat et de la souris avec des étudiants du secondaire concernant l’accès restreint à Internet dans des écoles on risque peut-être gros, demain, à travers trois articles au Journal de Québec:

Je ne veux pas être alarmiste pour rien, mais je vois bien peu de positif dans ce genre d’exercice, même si je comprends qu’il y ait «un bon papier» à faire sur ces questions… J’espère seulement qu’on ne jouera pas ces articles trop forts demain, dans l’édition papier du Journal de Québec. Chaque fois que le traitement «d’une histoire» à l’école oppose (en apparence, d’ailleurs bien souvent) des étudiants et une direction d’école (ou d’un service, probablement dans ce cas-ci), j’enrage un peu.

Félix, le jeune étudiant cité dans l’article est un «bon kid», avantageusement connu dans nos réseaux de blogues et de gazouilleurs (Twitter) en éducation. Il anime un blogue qu’il m’arrive de citer (d’où est issue la photo de Daniel Leblanc à droite de chacun de mes billets, pris individuellement); le problème n’est pas là…

Cette semaine, j’ai bien vu que le journaliste et Félix avaient échangé par l’entremise de certaines contributions sur Twitter. Je sentais venir ces articles, compte tenu de ce que Félix a posté cette semaine. À partir du moment où un milieu scolaire se met en tête de restreindre l’accès à Internet, on sait qu’avec des jeunes adolescents, on s’expose à des problèmes. Aucun proxy ou système de protection n’étant parfait, les jeunes étant ce qu’ils sont… il est facile de déduire que tôt ou tard, on arrivera à démontrer la désuétude de cette approche et surtout, le climat de confrontation que ça peut entraîner.

Demain, on se retrouvera peut-être avec un jeune qui sera tenté de se glorifier parce qu’il «dénonce» une pratique qui n’a pas fait la preuve de son efficacité dans l’encadrement des usages des jeunes sur Internet à l’école. S’il résiste à la tentation de se gonfler d’orgueil, on risque que ce soit son milieu qui lui porte trop d’attention. Ça prendra beaucoup de maturité à notre jeune bénévole chez ZAP Québec pour garder la tête froide. Il en est capable…

De l’autre côté, on risque de faire passer les autorités en place pour des gens un peu dépassés par les événements. Rien de bien productif de ce côté de la médaille. Je sais ce que c’est que de gérer une école dans ce contexte où tous et chacun s’amusent à jouer aux «ti-jos connaissants». Quand un événement comme celui-là est médiatisé, la tentation est souvent de sauver sa peau et j’entends déjà les profs, la direction, les parents et les autres officiers de la C.S. s’obstiner sur ce qui serait bon, dans les circonstances; j’ai bien peur que le débat sur l’utilisation des TIC dans le contexte des apprentissages devienne bien secondaire par rapport aux émotions qui seront en cause sur les questions de sécurité, de morale, de violence et de sexualité. Déjà, dans l’article, on ne se gêne pas pour invoquer que video.google.com est bloqué, alors que deux sites pornographiques restent accessibles. Le jeune Félix passera peut-être pour un «king», un brin subversif, alors que ce que je connais de lui ne me porte pas à penser qu’il passe son temps sur des sites illicites. Félix veut apprendre avec les meilleurs outils possible, il me semble. En même temps, ce n’est peut-être pas la meilleure «des stratégies» que d’entrer en confrontation directe avec la direction de son école par la voie des médias sur cette question.

D’ailleurs, je ne lui prête pas d’intention. Possible qu’il ait été invité à répondre à des questions et possible aussi que ça lui faisait plaisir d’y répondre, convaincu que c’était pour faire bouger les choses dans le sens qu’il souhaitait…

Je nous invite à un maximum de prudence dans les commentaires qui suivront le traitement de «cette nouvelle». Je me suis déjà exprimé dans ce billet sur les pratiques de blocage de sites dans les écoles et je n’ai pas changé d’opinion:

«C’est plus dangereux de ne pas éduquer devant la présence de dangers potentiels que de mettre à l’Index et de risquer que les jeunes soient confrontés aux mêmes dangers (hors de l’école) sans les moyens d’y faire face.»

De l’autre côté, il se trouvera des gens pour invoquer qu’Internet contient le pire (même s’il peut aussi contenir «le meilleur») et que le comportement de celui qui interdit part des meilleures intentions. Je comprends cette position…

J’aimerais bien que cette nouvelle occasion de discuter de sécurité et d’apprentissage dans l’utilisation des TIC à l’école n’oppose pas «étudiants» et «autorités». Les gens de Rochebelle ont prouvé dans le dossier de la malbouffe qu’ils étaient responsables; je demeure confiant que la façon dont est présentée la situation dans le journal ne polarisera pas le débat sur ce qui devrait (ou pas) être accessible sur Internet entre les murs des écoles. J’imagine que de son côté, Félix va privilégier le dialogue et la collaboration avec la direction sans renier ses valeurs qui, pour un jeune de son âge, me paraissent déjà bien affirmées!

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6 Commentaires
  1. Félix GG 13 années Il y a

    Salut Mario 🙂
    Cette semaine, le truc du blocage de Cyberpresse, c’était évidemment une gaffe due au changement de pare-feu à l’école; j’ai posté ça en riant et je ne me doutais pas que ça partirait de même.
    J’ai bien aimé ma journée (une surprise qui l’a bien remplie!) mais, pour ton cinquième paragraphe, comme tu dis, je suis capable 😉 Don’t worry non-plus, tu as raison aussi à propos des sites 18+ que j’ai vérifié ce midi : je les ai vérifiés sans les visiter graphiquement et je n’ai aucunement l’habitude non-plus de m’y rendre, comme sur aucun autre site illicite (quoi que des fois en parcourant Wikipédia on tombe sur… hum! (blague wikipédienne, ne pas tenter de comprendre)).
    «Ce n’est peut-être pas la meilleure « des stratégies » que d’entrer en confrontation directe avec la direction de son école par la voie des médias sur cette question.» Bon, là-dessus c’est clair que même si j’ai rien dit de bad c’était pas une bonne solution pour faire de mon directeur un allié. Mais d’un autre côté ce n’est pas moi qui est allé chercher Taïeb Moalla pour qu’il écrive ça, c’est lui qui a eu l’idée et qui m’a remarqué. Et, encore une fois la vérité est sortie de tes doigts, j’ai eu du plaisir à montrer ce que je savais, mais pas tout! et ce dont je suis capable.
    Je crois important de finir mon commentaire ici par l’affirmation suivante : l’école secondaire De Rochebelle est la meilleure de toutes. C’est mon école et je l’adore. Ça grouille de projets, d’implication, d’idées, d’avenir, d’innovation… c’est facile à dire comme ça mais croyez-moi, c’est beaucoup plus qu’à beaucoup d’autres places. Les profs que j’ai eus depuis trois ans déjà ont tous été plus qu’à la hauteur et ça c’est sans parler des intervenants qui sont là pour nous et qui nous le montrent. C’est important pour moi de dire ça là car quand je parle de De Rochebelle sur mon blogue je ne fais qu’en parler en plus ou moins reproches : ça je pouvais dealer avec ça. Mais là ça se ramasse au JdQ et je ne veux pas que les gens voient Rochebelle d’une laide manière. Voilà!
    Ta note est, bref, très juste. Bon week-end!

  2. Photo du profil de Vincentemond
    Vincentemond 13 années Il y a

    Sachez aussi que PROTIC a aussi mis en place un dispositif pour bloquer l’envie de bloguer à certains élèves de secondaire 4… Ça s’appelle: briser l’esprit des élèves…
    J’en suis la preuve…
    Vincent Émond
    Dernier article: 19 novembre 2008

  3. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    Quand un journaliste vous rejoint pour vous poser des questions, c’est rarement pour garder les réponses pour soi. Si, en plus, le journaliste tient à avoir une photographie de vous, ce n’est pas pour la coller sur son frigo. Mettre cette série d’articles sur le dos du Taïeb Moalla est un peu facile: «ce n’est pas moi qui est allé chercher Taïeb Moalla pour qu’il écrive ça».
    Dans la même veine, quand Fèlix écrit: «je ne me doutais pas que ça partirait de même.», je souris quand je pense au fait qu’il s’est pourtant assuré de mettre du bois dans le foyer en répondant au journaliste.
    Je suis convaincu que Félix aurait pu choisir de ne pas répondre aux questions qu’on lui a posé. Cette façon de se victimiser est un peu facile. Quand on lance un débat de la sorte, il n’y a rien de mal à assumer ses convictions et ses actions. On dirait presqu’il s’excuse!
    Félix semble un kid sympathique animé de nobles idéaux. Qu’il s’assume! De plus, quand Félix a posté son billet, il devait savoir qu’il appartenait à la sphère publique.
    Par contre, le titre de son billet versait un peu dans le sensationnalisme, dans la provocation. De plus, il ne peut résister à se flatter l’égo en écrivant: «j’ai eu du plaisir à montrer ce que je savais, mais pas tout! et ce dont je suis capable.» Est-ce pertinent au débat?
    Sur le fond, je ne crois pas que Félix ait tort (vaut mieux éduquer que censurer parce que la censure est inapplicable et puérile), mais parfois tout est dans la manière. Disons que, pour moi, on a tous été jeunes et c’est tout. Mais pour d’autres, je ne suis pas sûr qu’ils aient apprécié cette façon de faire.
    Le risque avec les médias est qu’on ne sait jamais comment la nouvelle va sortir et que, même si on est animé des meilleures intentions du monde, on peut créer une formidable confrontation.
    À cet égard, je ne suis pas convaincu que ce genre d’action soit productive à court terme. Ça dépend de comment on gère les choses. Il y a parfois des intervenants qui prennent les choses très personnellement, surtout si on remet en question leur travail. Dans ce temps-là, ils on tendance à rester figés sur leurs positions pour ne pas perdre la face.
    À long terme, par contre, je suis partagé: de pareils coups d’éclat peuvent ouvrir les yeux à bien des gens.

  4. Photo du profil de FrancoisGuite
    FrancoisGuite 13 années Il y a

    Tu connais mieux que moi les sensibilités des administrateurs scolaires, Mario, et sans doute as-tu raison de craindre les contrecoups à cette mauvaise presse.
    Néanmoins, je suis plus enclin à penser comme Luc en fin de commentaire. Les choses ne changent généralement que sous l’effet d’une certaine pression. Malgré que les autorités vont probablement durcir le ton au début pour sauver la face, je pense que ce genre de nouvelle ne peut que peut porter fruit à long terme.
    Je conviens cependant que les gestes constructifs sont préférables. C’est beaucoup exiger d’une jeunesse exacerbée. Reconnaissons, par ailleurs, que les moyens bienséants ne peuvent rien devant de sourdes oreilles.

  5. Photo du profil de SylvainB
    SylvainB 13 années Il y a

    Ma réponse sera prête demain, vraisemblablement… Maintenant, FAUT que je retourne à mes corrections 🙁

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