Combien vaut le travail de celui qui rapporte, commente ou analyse l’information?

«Ce qui fixe sa valeur économique objective, en fin de compte, c’est le revenu que ce texte permet de générer.»

Les responsables d’une offre d’emploi (c’est le lien de la cache de Google, puisque l’original semble avoir disparu) de coordonateur(trice) de rédaction pour Québec89, «un site-laboratoire de journalisme Web» dans le style de son cousin français Rue89, ont provoqué un tollé sur le blogue du magazine Trente, une publication de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Le rédacteur en chef adjoint Patrick Déry y a vu l’illustration «de la valeur que l’entreprise [Branchez-Vous alias BV! Media] accorde à la production d’information». Le Co-Président & CEO à l’édition Patrick Pierra est intervenu à au moins deux reprises (1, 2) pour préciser le contexte de cette offre de «collaboration» et c’est d’ailleurs un extrait de sa réponse sur le blogue de Renard Léveillé qui chapeaute ce billet.

Un copain qui commentait mon récent billet (Média: reconstruire sa relation avec sa communauté) affirmait avec raison que la multiplication des producteurs de contenu informatif avait en partie changer l’équation:

«Le Web, et surtout le Web 2.0, s’est traduit par une brèche phénoménale où s’est engouffré des millions de nouveaux joueurs, multipliants les sources, augmentant la quantité et obligatoirement la qualité (c’est mathématique)… sans possibilité de « contrôler »le « qui », le « quand », le « combien ».»

De fait, le produit du travail des journalistes génère de moins en moins de revenus d’autant plus que les publicitaires qui procuraient ces revenus ont maintenant plusieurs «endroits» pour s’investir. La question du «combien ça vaut» ne se pose donc plus de la même façon et toutes les critiques des journalistes sont à la fois légitimes et injustes. Comparer le niveau de responsabilité et les compétences requises des scribes pour bien accomplir leur travail est avantageuse si on regarde du côté des commis de la SAQ ou des croupiers du Casino qui gagnent bien souvent davantage que les journalistes à la pige pour un travail pas mal moins exigeant. À regarder le problème de cet angle, on se range facilement derrière les professionnels de l’information.

C’est au moment d’évaluer le nouveau modèle d’affaires que les plaintes des journalistes paraissent les plus futiles. Les médias sont plus souvent qu’autrement des entreprises privées et faire ses frais présente un défi de tous les jours dans ce nouveau contexte où la publicité se cherche un nouveau terrain de jeu pour enjoliver la réalité. Pendant qu’on cherche désespérément ce nouveau graal qui pourrait bien faire vivre tous les professionnels qui rapportent fidèlement les faits ou les commentent par leurs analyses sophistiquées, on se cherche. Blâmer les patrons qui tentent de fixer des salaires trop bas pendant cette période est une option, mais il faut voir qu’en même temps, le nombre de ceux qui font aller le clavier va en augmentant. On manque cruellement d’infirmières, mais on ne peut pas vraiment dire qu’il y a pénurie de journalistes…

Ça me fait penser que depuis quelques jours sur Twitter l’annonce de la venue «d’un nouveau quotidien francophone» fait gazouiller bon nombre de journalistes. Il semble y avoir beaucoup d’électricité dans l’air actuellement et je comprends chacun d’y aller de son appel à tous. De Stéphane Baillargeon qui formule des doutes sur l’entente historique et exclusive pour les pigistes signée avec Gesca, à Nathalie Collard qui se demande si on ne serait pas en train d’assister au début de la fin de la gratuité… il y a de tout.

La grande majorité des membres de la FPJQ et de l’AJIQ «respire par le nez» (expression populaire dans le domaine syndical ces jours-ci), le temps que la situation se régularise. J’espère que la période d’incertitudes et de réorganisation salariale sera courte. Mais pendant ce temps, il faut le dire, les éditos du type de ceux de Patrick Déry mettent une pression inutile sur ceux qui tentent des expériences. Peut-on vraiment douter de la valeur du travail des journalistes?

Tout à coup on réaliserait que la nouvelle valeur viendrait des liens entre le travail du journaliste et la communauté…

«Ce qui fixera sa valeur économique objective, en fin de compte, ce sera peut-être l’importance de la contribution du journaliste aux liens entretenus avec sa communauté.»

Mise à jour du 31 mars 2010: Patrick Pierra annonce la fin des activités de Québec89. Dommage.

Mise à jour du 1er avril 2010: Laurent Gloaguen (Embruns) explique doucement pourquoi le mot «dommage» convient parfaitement dans les circonstances.

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4 Commentaires
  1. Photo du profil de Bruno Boutot
    Bruno Boutot 12 années Il y a

    Que de bonnes nouvelles!
    Le désarroi du milieu est soudainement beaucoup plus intéressant que son arrogance récente.
    On va peut-être finir par prendre au sérieux Jeff Jarvis, Jay Rosen, Clay Shirky, Steve Buttry et par se demander quelles sont ces solutions nouvelles qui émergent.
    Noter que je ne suis pas sûr que « payer les journalistes suivant ce qu’ils rapportent » soit forcément une bonne idée.
    Le vrai travail vers les nouveaux modèles d’affaires est avant tout un travail d’éditeur. (Where is the money?) Mais tant que les éditeurs n’y sont pas, ce n’est pas mauvais que ce territoire soit exploré par leurs journalistes.
    Merci Mario. Ton éclairage final sur les liens avec la communauté montre ta connaissance intime des forces propres au Web. C’est une vision finalement optimiste et porteuse d’espoir.

  2. Photo du profil de CecileGladel
    CecileGladel 12 années Il y a

    La majorité des membres de l’AJIQ, des journalistes indépendants sous-payés n’ont pas le temps de respirer par le nez, ils doivent se trouver des contrats, car ils doivent payer leur loyer et vivre simplement…. Ils se diversifient, mais plusieurs doivent faire autre chose que du journalisme pour vivre. La situation est vraiment grave, car même les pigistes les plus solides en arrachent…….

  3. Photo du profil de dianemassicotte
    dianemassicotte 12 années Il y a

    Je pense que les patrons ont toujours eu le beau rôle et en ont profité grassement, particulièrement sur le dos des pigistes.
    La valeur d’un texte parfois n’a pas de prix… Et quand on doit la fixer, c’est trop souvent à rabais.
    Ceci dit, je crois oui que la qualité du lectorat est un facteur déterminant, tributaire de la pertinence des informations et du lien de proximité ainsi créé.

  4. Photo du profil de webcure
    webcure 12 années Il y a

    combien sa vaut le travail de journaliste? sa dépend mais chez BV $10/h c’est pas si pire avec la job qu’y font
    une exemple de ce matin au hasard
    Sony expulse Linux de sa console de jeux PlayStation 3
    http://techno.branchez-vous.com/actualite/2010/03/console_playstation_3_sony_linux_expulse.html
    par Aude Boivin Filion
    Sony profite de la fin de la trêve hivernale pour expulser Linux de sa Playstation 3
    http://www.silicon.fr/fr/news/2010/03/29/sony_profite_de_la_fin_de_la_treve_hivernale_pour_expulser_linux_de_sa_playstation_3
    par Christophe Lagane
    BV:
    « Bien que la mise à jour 3.21 soit attendue jeudi prochain, ce n’est pas un poisson d’avril. »
    silicon.fr:
    « La version 3.21 du firmware est attendue pour le 1er avril. Et ce n’est visiblement pas un poisson. »
    BV:
    « L’entreprise nippone affirme que cette dernière est optionnelle, mais les utilisateurs qui refuseront de la télécharger devront se passer d’un certain nombre de fonctionnalités requérant cette mise à jour, telles que l’accès en ligne pour jouer ou le clavardage. Aussi, le lecteur Blu-Ray et la lecture des vidéos enregistrées sur un serveur Internet se feront désactiver. »
    silicon.fr:
    « Certes, la mise à niveau reste optionnelle. Mais Sony prévient que sans celle-ci, l’utilisateur perdra un certain nombre de fonctionnalités. A commencer par l’accès au réseau pour jouer en ligne ou dialoguer. Le lecteur Blu-ray sera également désactivé ainsi que la lecture de vidéos stockées sur un serveur Internet. »
    BV:
    « Évidemment, si l’utilisateur n’accepte pas la mise à jour 3.21 de la PS3, il ne pourra pas mettre la main sur les nouvelles fonctionnalités qui seront publiées après le 1er avril. Le plus important à savoir est certainement ceci: si un système d’exploitation alternatif est installé sur la PS3 et que l’usager désire effectuer la mise à jour, il devra sauvegarder ses données au préalable faute de quoi elles seront effacées. »
    silicon.fr:
    « Et bien sûr, toutes les nouvelles fonctionnalités resteront invisibles sans la version 3.21 de l’OS. Quant aux utilisateurs qui avaient installé un OS alternatif et qui effectueront la mise à jour, ils devront entreprendre une sauvegarde de leurs données sans quoi elles seront perdues. »
    BV:
    « La fermeture graduelle de la PS3 aux systèmes d’exploitation (OS) alternatifs s’expliquerait par la volonté de Sony à renforcer la sécurité de la console. «La désactivation de la fonction ‘Autre OS’ nous permettra de continuer à offrir la vaste gamme de contenus de jeu et de divertissements de Sony Computer Entertainment et ses partenaires sur un système plus sûr», explique Sony. »
    silicon.fr:
    « Sony justifie cette initiative en expliquant vouloir renforcer la sécurité de l’utilisation de la PS3. « La désactivation de la fonction ‘Autre OS’ nous permettra de continuer à offrir le vaste gamme de contenus de jeu et de divertissements de SCE [Sony Computer Entertainment] et ses partenaires sur un système plus sûr », avance l’entreprise nippone. »
    BV:
    « Linux est le premier à subir le contrecoup de cette initiative. Ce système permet de transformer la console de Sony en petit ordinateur, même si les usagers n’ont pas accès à toutes les ressources de l’OS open source. »
    silicon.fr:
    « Au final, c’est Linux qui va pâtir de la nouvelle mesure. L’OS libre permettait ainsi de transformer une PS3 en véritable ordinateur même si l’ensemble des ressources du système n’étaient pas accessible. »
    BV donne sony en lien mais la vrai source c
    par Christophe Lagane
    BV:
    « Bien que la mise à jour 3.21 soit attendue jeudi prochain, ce n’est pas un poisson d’avril. »
    silicon.fr:
    « La version 3.21 du firmware est attendue pour le 1er avril. Et ce n’est visiblement pas un poisson. »
    BV:
    « L’entreprise nippone affirme que cette dernière est optionnelle, mais les utilisateurs qui refuseront de la télécharger devront se passer d’un certain nombre de fonctionnalités requérant cette mise à jour, telles que l’accès en ligne pour jouer ou le clavardage. Aussi, le lecteur Blu-Ray et la lecture des vidéos enregistrées sur un serveur Internet se feront désactiver. »
    silicon.fr:
    « Certes, la mise à niveau reste optionnelle. Mais Sony prévient que sans celle-ci, l’utilisateur perdra un certain nombre de fonctionnalités. A commencer par l’accès au réseau pour jouer en ligne ou dialoguer. Le lecteur Blu-ray sera également désactivé ainsi que la lecture de vidéos stockées sur un serveur Internet. »
    BV:
    « Évidemment, si l’utilisateur n’accepte pas la mise à jour 3.21 de la PS3, il ne pourra pas mettre la main sur les nouvelles fonctionnalités qui seront publiées après le 1er avril. Le plus important à savoir est certainement ceci: si un système d’exploitation alternatif est installé sur la PS3 et que l’usager désire effectuer la mise à jour, il devra sauvegarder ses données au préalable faute de quoi elles seront effacées. »
    silicon.fr:
    « Et bien sûr, toutes les nouvelles fonctionnalités resteront invisibles sans la version 3.21 de l’OS. Quant aux utilisateurs qui avaient installé un OS alternatif et qui effectueront la mise à jour, ils devront entreprendre une sauvegarde de leurs données sans quoi elles seront perdues. »
    BV:
    « La fermeture graduelle de la PS3 aux systèmes d’exploitation (OS) alternatifs s’expliquerait par la volonté de Sony à renforcer la sécurité de la console. «La désactivation de la fonction ‘Autre OS’ nous permettra de continuer à offrir la vaste gamme de contenus de jeu et de divertissements de Sony Computer Entertainment et ses partenaires sur un système plus sûr», explique Sony. »
    silicon.fr:
    « Sony justifie cette initiative en expliquant vouloir renforcer la sécurité de l’utilisation de la PS3. « La désactivation de la fonction ‘Autre OS’ nous permettra de continuer à offrir le vaste gamme de contenus de jeu et de divertissements de SCE [Sony Computer Entertainment] et ses partenaires sur un système plus sûr », avance l’entreprise nippone. »
    BV:
    « Linux est le premier à subir le contrecoup de cette initiative. Ce système permet de transformer la console de Sony en petit ordinateur, même si les usagers n’ont pas accès à toutes les ressources de l’OS open source. »
    silicon.fr:
    « Au final, c’est Linux qui va pâtir de la nouvelle mesure. L’OS libre permettait ainsi de transformer une PS3 en véritable ordinateur même si l’ensemble des ressources du système n’étaient pas accessible. »
    BV donne sony en lien mais la vrai source c<est silicon.fr… non????

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