L’Office des professions a-t-il misé sur le mauvais porteur de ballon?

« Dans les circonstances, et misant sur la capacité du système d’éducation de se doter des mécanismes appropriés, l’Office ne juge pas opportun de recommander la création d’un Ordre professionnel des enseignants et des enseignantes. »

Je m’attendais à ce qu’un intervenant de mon réseau me fasse remarquer dans les prochains jours que le débat sur l’Ordre professionnel pour les enseignants avait été fait au début des années 2000. Je m’attendais aussi à ce qu’on évoque l’avis de l’Office des professions de décembre 2002 en guise d’éteignoir. De fait, ça aura pris quelques minutes pour qu’un commentaire au bas de mon billet d’hier aille dans ce sens…

Je publie donc aujourd’hui un document préparé par René Larouche (le même René Larouche dont je parlais hier) qui analyse la décision de l’époque de l’Office et démontre l’ampleur du travail qui avait été fait:

«L’Office des professions (OPQ) A DONC FAIT FRANCHIR UN TRÈS GRAND PAS à l’enseignement en reconnaissant que ce champ de pratique répond à tous les critères exigés pour être reconnue comme une véritable profession au Québec. En refusant de créer à la même époque un Ordre professionnel l’OPQ empêcha toutefois les enseignantes et les enseignantes, que certains/nes appellent « les travailleurs et les travailleuses qui exercent le métier d’enseignant et d’enseignante » de FRANCHIR UN DEUXIÈME GRAND PAS qui leur aurait permis d’accéder à « la ligue majeure des professions » et d’être … enfin… reconnus/es comme de véritables professionnels et professionnelles sur le plan légal et social»

Le document montre les critères d’analyse qui ont été utilisés au regard du Code des professions «pour déterminer si un Ordre professionnel doit être constitué ou non». Il rappelle la position de l’Office des professions du Québec «en ce qui concerne le statut professionnel de l’enseignement», qu’il juge «assimilable à une véritable profession au sens du Code des professions. (O.P.Q., 2002, p. 61.)». Enfin, il démontre qu’au Québec, «les enseignantes et les enseignants continuent donc d’être seulement considérées/s comme des semi-professionnelles et professionnels qui pratiquent une quasi-profession apparentée. Cet extrait d’un document du Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec (CPIQ, volume 20, no 2, mai 2002, p. 5) en est le reflet:

« Diverses recherches montrent clairement que l’enseignement est une véritable profession qui correspond à des critères de professionnalisme : la nature de l’acte d’enseigner, développé sous la forme d’un service rendu à un autre, la formation initiale universitaire, d’un niveau de complexité et de durée élevé. Cependant, en regard d’autres critères comme l’autonomie, les responsabilités, l’appartenance à un Ordre professionnel accréditant ses membres et réglementant leur conduite par un code d’éthique, l’enseignement n’est pas encore reconnu socialement comme une profession.»

L’Office des professions reconnait qu’au Québec il serait «avantageux» de créer un Ordre professionnel des enseignantes et des enseignants, mais à l’époque, elle a misé «sur la capacité du système d’éducation pour se doter des mécanismes appropriés». Force est d’admettre quelques années plus tard, que le pari était risqué… et qu’il n’a pas rapporté les fruits escomptés. Un dernier extrait du document:

«Bien que cette recommandation soit louable, l’analyse des principaux correctifs suggérés pour corriger certains aspects du diagnostic critique formulé durant les années 70 et 80, (voir l’encart), ainsi qu’au cours des années 90 jusqu’à ce jour (voir les chapitres 2 à 17) démontre que le système d’éducation du Québec est confronté à une incapacité chronique de se doter des mécanismes appropriés et que seule la présence d’un Ordre professionnel des enseignantes et des enseignants pourrait résoudre ce type de problématique ainsi que cette quadrature du cercle. »

Je reviendrai dans les prochains jours sur les avantages que pourraient procurer la création d’un Ordre professionnel dans la foulée des propositions en éducation de la Coalition pour l’avenir du Québec.

Je voulais simplement m’assurer par la publication de ce document de René Larouche qu’on ne puisse pas affirmer que ce débat n’avait plus lieu d’être sur la place publique…

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