L’indépendance du Québec : comment ils ont réussi à m’en enlever l’appétit !

Note : Ce billet a d’abord été publié sur le site du Voir, dans la section « Blogues ».

Les événements des derniers jours au Parti Québécois s’inscrivent dans la foulée de ceux qui ont précédé dans les officines des milieux souverainistes depuis quelque temps.

C’est ainsi que je m’explique comment le mouvement indépendantiste est parvenu à m’enlever le goût du pays pour le Québec. Le projet collectif de faire de notre nation un État souverain, à coup de chicanes, n’est plus.

On a réussi à me rendre cette idée d’un Québec indépendant complètement rebutante.

Imaginez le Québec dirigé par ces personnes, incapables de s’entendre sur la gouvernance de leur propre formation politique… Et je ne parle pas des débats sémantiques sur la multitude de démarches proposées qui mèneraient au projet de pays. Quel cirque !

Depuis quelques heures, j’apprends que Gilles Duceppe questionnerait des gens ayant quitté le P.Q. s’il arrivait que les prochains événements le portent à la barre du navire péquiste (source). Le SPQ-Libre appuie la venue de Duceppe et par l’entremise de Marc Laviolette, il cherche toutes les tribunes possibles pour précipiter la réalisation de ce scénario (source).

En parallèle, Bernard Drainville flairant cette possibilité et redoutant l’autoritarisme de l’ancien chef bloquiste entreprend des démarches via les médias qui pourraient faire en sorte que la « famille souverainiste » se partage la carte électorale (source). Les deux chefs Solidaires semblent dubitatifs; ça dépend si on écoute l’une ou l’autre. Sachant que Pauline Marois n’est pas très chaude devant cette perspective, Drainville force le débat sur l’alliance sachant que ce sujet saura suffisamment diviser tout le monde pour se faufiler comme alternative à la cheffe du Parti Québécois. Jean-Pierre Charbonneau via Twitter (1, 2) applaudi : il ne s’agirait pas « d’abord de sauver le PQ mais de sauver l’option de la souveraineté, notamment en sortant des sentiers battus. Une alliance électorale s’impose[rait] à cause du mode de scrutin qui divise le vote des gens qui s’entendent sur l’essentiel ».

Le caractère gras est de moi. Vous avez bien lu… l’essentiel !

C’est ici que le bât blesse vraiment, au-delà de ce nouvel épisode du vaudeville souverainiste. Pas besoin de s’entendre sur le projet de société porté par un Québec souverain, pourvu qu’on devienne un pays, c’est ce qui importerait. Un vote pour Québec Solidaire, pour Option Nationale ou pour le Parti Québécois (ou pour un autre des partis pouvant être rallié), ce serait un vote pour le même projet. Au diable les programmes de chacune des formations…

Il n’y a peut-être pas de projet… sait-on ?

Revenons à l’essentiel.

Le plus important ne peut pas être de sauver l’idée de la souveraineté. C’est un leurre.

Sans l’adhésion d’un grand nombre de citoyens, tout projet est voué à l’échec.

Et il me semble que les dernières années ont amplement démontré la capacité des leaders souverainistes à éloigner les gens de l’option.

En tous les cas, ils ont réussi avec moi.

Je ne m’identifie plus à la mouvance souverainiste depuis plusieurs mois parce qu’elle ne répond plus à un mouvement porté par un consensus ou si faible qu’il n’est plus possible de le sentir. On a beau me citer que l’opinion publique est encore « pour » à 45%, je parie que le vocable « souveraineté » veut maintenant dire n’importe quoi chez ces gens. J’en suis même rendu à me demander si ma représentation de ce qu’était un pays souverain en était une partagée.

Les 148 études « en vue de la remettre au goût du jour » n’y changeront rien pour moi : je n’ai plus d’appétit pour ce genre d’astuce.

En attendant, sans me réjouir de ce que je verrai de la suite des choses, je me questionnerai sur le degré d’ingéniosité avec lequel on sera capable de tuer encore davantage l’idée dans l’opinion d’un plus grand nombre chaque jour. Cette triste saga où on pourrait même en venir qu’à altérer toute fierté nationaliste m’inquiète.

Ce soir, je ne sais plus où cela va s’arrêter…

Mise à jour en soirée : À preuve que le geste de M. Drainville participe à la confusion, ces mots et maux sur le blogue d’Antoine Robitaille du Devoir : « Bédard remporte l’oscar de la condescendance ».

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