Au sujet de l’audace de François Legault

N.B. Réaction à un article du rédacteur en chef du Voir Simon Jodoin, « François Legault en 140 caractères ».

Salut Simon,

On ne s’est jamais retrouvés toi et moi au même moment à la même place, mais on se connaît par l’intermédiaire du Voir où j’ai tenu pignon sur Web avant de me porter candidat pour la Coalition. On se tutoie au téléphone et sur Twitter, je vais conserver ce mode ici, même si ça peut prêter flanc à une certaine familiarité qui pourrait être perçue comme étant déplacée. Tu es rédacteur en chef d’un média et je suis candidat dans un parti politique… M’enfin. Les gens savent que tu n’es « pas achetable » et de plus, tu as interrompu ma démarche de blogueur au Voir parce que tu ne voulais pas de « ma cassette » de candidat. Alors, j’ose.

J’ai lu ton billet et bien sûr, j’ai quelques récriminations à te faire.

J’ai d’abord tiqué sur cette « idéologie de la médiasocialisation » que tu définissais en avril dernier dans un autre billet comme étant « la transformation des relations publiques afin de leur donner l’apparence de la confession intime ». Dans un court échange via Twitter, tu me disais que ce texte « traite d’une autre facette de la médiasocialisation », mais ne voulant pas que des malotrus puissent croire que tu irais jusqu’à sous-entendre que nous ne sommes pas conscients – nous les politiciens* – d’être en public sur les médias sociaux, je voulais que ce soit clair : Twitter est un lieu public non propice à des conversations intimes. Tu as sûrement remarqué que François Legault n’a pas vraiment le ton des confessions intimes dans ses gazouillis.

Ça veut pas dire qu’un chef d’un des trois grands partis au Québec n’a pas avantage à se doter de son propre canal médiatique pour s’exprimer, avec ses propres mots et si j’ai malheureusement utilisé le pétard mouillé du « politique autrement », je voulais surtout faire allusion au fait de se doter « d’un autre » moyen d’expression pour permettre de communiquer.

Une manière de plus pour communiquer. Une addition. Un « autrement », mais sans négliger les façons de faire généralement reconnues.

Je maintiens – dans l’esprit des zélotes numériques les plus motivés – qu’il y a un avantage pour un chef de parti à avoir les mains sur le clavier et les yeux sur le téléphone multifonction de temps à autre. C’est un endroit où François Legault peut lire le type de questions que lui adressent des internautes indécis et aussi un lieu pour pressentir les arguments de ses détracteurs. Ce, sans les filtres et en temps réel. Enfin, on en a eu la preuve presque tous les jours depuis que François Legault s’y est mis, il bénéficie de plus d’attention des grands médias qui semblent beaucoup apprécier le suivre dans les sujets – parfois polémiques – dont il discute. Aujourd’hui par exemple, certains tweets de mon chef font la nouvelle à La Presse sur le sujet des incohérences du parti québécois dans le dossier du financement des universités.

Je ne sais pas si ce comportement des grands médias est du grand journalisme et ce n’est pas à moi de juger. J’écris simplement que depuis que François Legault s’exprime en 140 caractères, il dicte davantage l’agenda et peut davantage parler du programme du parti. Est-ce que ça pourrait en plus « humaniser » un brin les communications de notre leader auprès d’une portion de l’électorat qui n’est pas reconnue pour participer en masse au vote ? Est-ce que par le phénomène du viral cela pourrait aussi contribuer à mieux faire connaître son message, ses prises de position et améliorer sa capacité à s’affirmer ? J’en fais l’hypothèse… mais je reconnais que ce n’est pas une science exacte. C’est un pari, disons.

Mon chef a de l’audace, je le crois.

En étant le premier à tweeter parmi les chefs des grands partis, il accepte d’aller s’exprimer dans un agora où le contrôle du message est très difficile. Il prend le risque calculé que plusieurs de ses réparties s’éloignent de la fameuse cassette décriée par tant de journalistes. Il ose s’exprimer sans qu’à chaque fois un conseiller vienne moduler la teneur de ses propos. Il court une chance, peut-être, d’être reconnu comme un chef faisant la preuve qu’il n’est la marionnette de personne. Qu’il pense ce qu’il dit et qu’il dit ce qu’il pense. Il suffit d’avoir été consultant auprès de différentes formations politiques et avoir entendu les membres de la garde rapprochée des chefs « se méfier » de cette forme de communication sans filtre, pour être convaincu qu’il y a de l’audace pour un politicien qui aspire à devenir premier ministre à y oeuvrer.

Essaye Simon… Questionne quelques apparatchiks, si tu veux.

Je terminerai cette trop brève réaction en admettant que nous ayons besoin de poésie et d’originalité en communication politique, je te rejoins là-dessus. Ta figure de style inspirée de l’ananas ne m’a pas plu, mais je reconnais que tu as souvent le sens de la formule pour tes jugements de valeur.

Un vrai p’tit Mario Dumont 😉

* Première fois que j’écris « politiciens » en m’incluant. On me permettra de me prendre pour ce que j’essaie de devenir.

N.B. Ah oui… J’oubliais. J’aurais aimé qu’avec la citation en début de billet, tu renvoies au texte original par un hyperlien. Tu sais comment nous, les exaltés du 2.0, nous aimons les liens entrants. Surtout, il me semblait que c’était dans les règles de l’art de donner la source quand on utilise une citation pour permettre au lecteur voulant en savoir davantage de se référer au texte complet et au contexte précis. Je n’ai pas été cité hors contexte. J’ai été cité sans renvoi au texte d’où provient l’extrait.

Mise à jour du 24 juillet : Jérôme Lussier répond de manière beaucoup plus explicite que je ne l’ai fait au reproche adressé à François Legault de manquer de poésie : « Portrait de François Legault en héros épique ».

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