L’économie du partage entre au FEQ

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».

Pour les deux prochaines semaines, ce blogue migre en mode Festival d’été de Québec (FEQ). Je couvre l’événement à titre de blogueur depuis quelques années (2010, 2011, 2012, 2013) et j’attends toujours avec bonheur ce moment d’effervescence dans la ville qui marque le vrai début de l’été à Québec. J’aurai amplement l’occasion de parler des artistes et de la musique dans les prochains jours, mais avant le premier grand spectacle de jeudi sur les plaines, je voulais dire quelques mots sur l’initiative de deux entrepreneurs de Québec qui testent une plateforme d’échanges de laissez-passer d’événements pour une première année au FEQ. L’entreprise Shareapass est née du modèle de l’économie du partage et elle tiendra ses activités de consigne pour la période du 3 au 13 juillet, dans un local du quartier Saint-Roch.

Le succès qu’a connu Shareapass à l’occasion de l’événement Web à Québec (WAQ) a motivé Jonathan Parent et Francis Bédard à se servir de l’événement majeur qu’est le FEQ comme d’un laboratoire pour améliorer le concept. C’est que le mouvement de la consommation collaborative (autre nom pour l’économie du partage) prend beaucoup d’ampleur au Québec, mais n’était pas présent dans l’événementiel.

Au Québec, on connaît déjà l’autopartage (Communauto), le vélopartage (Bixi), mais il existe aussi des initiatives du genre axées sur les vêtements ou sur l’éducation. Dans le contexte de Shareapass, il s’agit d’un site qui permet d’emprunter un droit d’entrée inutilisé pour un festival, un congrès ou un événement.

Cette vidéo qui invite à transformer nos « espaces, organisations et événements en pôles d’apprentissage par les pairs » décrit d’ailleurs assez bien le rationnel derrière l’idée de l’économie du partage, en général…

Le modèle E-180 sur son canal Viméo.

Selon Rachel Botsman (qui est en quelque sorte l’inspiration de ce courant économique émergent), la monnaie de cette nouvelle économie basée sur la collaboration est avant tout la confiance. C’est d’ailleurs ce que veut tester l’équipe de Shareapass tout au long du FEQ, car on doit permettre aux utilisateurs de ce genre de plateforme de pouvoir se doter d’une réputation avantageuse pour que chacun prenne confiance et vive une expérience d’utilisateur intéressante. À partir du moment où une personne se construit une bonne réputation, ce capital peut être utilisée pour obtenir de la coopération des autres, « même des personnes qu’on n’a jamais rencontrées » (c’est de Mark Pagel).

L’initiative des entrepreneurs derrière Shareapass fait jaser à Québec. Le Festival d’été est un gros joueur et occupe beaucoup d’espace médiatique. Comme la direction du FEQ ne reconnaît pas – pour parler franc, «n’endosse pas» (source) – l’initiative, on sent un genre de petit malaise. Mais il est bien possible que les médias eux-mêmes cherchent à alimenter une controverse qui, à la base, n’existe pas vraiment, si je me fie aux informations disponibles. La petite organisation a offert de partager avec le FEQ les revenus provenant des frais administratifs qu’elle perçoit sur les transactions, mais devant le fait qu’il n’y ait pas eu d’entente, elle va plutôt remettre la somme à l’organisme responsable de La grande journée des petits entrepreneurs, dont l’activité a connu beaucoup de succès la fin de semaine dernière.

D’un côté, il faut comprendre certaines réserves que pourrait avoir la direction du FEQ qui a beaucoup de chats à fouetter et dont la dernière chose à souhaiter est de gérer des clients de Shareapass qui pourraient être insatisfaits des services obtenus de la jeune entreprise.

De l’autre, les événements ont peut-être tout à gagner de mutualiser par l’économie de partage la charge que représente la vente de laisser-passer. Le FEQ ne vend pas tous ses laisser-passer depuis l’an dernier. Le modèle d’affaires du genre d’initiative qu’est Shareapass est centré sur l’usager et les organisations comme le FEQ prêtent souvent flanc à d’abord servir leurs intérêts. La plateforme vise en quelque sorte à rentabiliser chaque dollar payé pour un laisser-passer.

D’ailleurs, pas étonnant que ce soit dans la Ville de Québec que soit tenté pour une première fois dans le domaine événementiel ce type d’expérience puisqu’on sait qu’ici, il y a un fort pourcentage de citoyens ayant tendance à accorder de la valeur à l’efficience. Chaque soirée de Festival d’été où on ne se sert pas de son laisser-passer peut facilement être perçue comme étant du gaspillage et à l’inverse, s’en procurer un pour un nombre restreint de spectacles peut paraître une mauvaise affaire. Les organisateurs de Shareapass veulent cependant être très clair :

« Ce n’est pas un site de revente, mais bien un site de partage. Une offre de la dernière chance pour ceux qui n’auraient pas, de toute façon, acheté les billets au prix officiel. C’est une valeur ajoutée pour l’industrie événementielle. Le but n’est pas de lui nuire, bien au contraire. C’est une formule gagnante », précise Francis Bédard, cofondateur et responsable du développement du produit. » (source)

Je me suis demandé ce qu’il fallait surveiller du côté de Shareapass pendant la tenue du FEQ. Le nombre de transactions? La fiabilité du dispositif? L’évolution de la relation avec le FEQ?

Les entrepreneurs m’ont plutôt parlé de tout ce qu’ils découvriront qui pourrait être transférable pour une utilisation dans d’autres événements, même pour certains qui n’existent pas encore. Il faut savoir que la plateforme servira aussi à créer des événements à partir de la base de données des utilisateurs de Shareapass. On vise aussi à ce que la plateforme servent pour des événements de partout au Québec et d’ailleurs où la francophonie est présente dans le monde…

Semble-t-il qu’il faudra aussi regarder tout au long du FEQ du côté de petits ballons de plage qui pourraient se promener au gré du vent et des petites poussées de festivaliers, histoire de partagerdufun.com!

Certains affirment que l’économie du partage se situe « entre l’utopie et le big business ». L’initiative Shareapass redonne-t-elle du pouvoir aux festivaliers du FEQ? Est-ce qu’elle pourrait plutôt engendrer une grande désillusion?

On devrait être fixé au lendemain de la dernière soirée du FEQ qui se termine le 13 juillet prochain.

À suivre…

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