Fin de l’intégration sauvage?

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

Au Québec, non seulement nous accueillons beaucoup d’immigrants qui ne connaissent pas le français, mais nous ne les informons pas bien sur les valeurs communes qui nous caractérisent. Après, on se surprend que les néo-Québécois soient plus que les autres affligés par le chômage et l’isolement social.

La Coalition Avenir Québec (CAQ) vient de dévoiler plusieurs propositions qui visent à construire au Québec un modèle d’immigration plus durable. On pourra discuter dans les prochaines semaines de la valeur de ces propositions, mais admettons au moins qu’il devenait de plus en plus urgent d’agir au Québec pour mettre fin à l’intégration sauvage de nos nouveaux arrivants à laquelle on assiste depuis quelques années.

J’ai choisi de qualifier de «sauvage» notre «modèle actuel» parce que je considère qu’en matière d’intégration, l’improvisation et la désorganisation règnent en maître.

Quand on accueille des gens au Québec sans leur donner les moyens nécessaires pour bien s’intégrer, je crois qu’on n’agit pas de manière civilisée.

Quand nos politiques d’intégration engendrent trop de mal de vivre, d’incompréhension ou de frustrations, c’est qu’on a laissé trop de choses aller à la va-comme-je-te-pousse.

Au-delà du choc culturel normal quand on arrive d’ailleurs, il n’est pas souhaitable que les immigrants aient à faire face à autant de tensions comme c’est le cas actuellement au Québec.

On peut discourir sur les moyens à prendre pour diminuer ces tensions, on peut se concentrer sur ceux qui accueillent ou sur le profil de ceux qui arrivent, mais on ne peut se mettre la tête dans le sable.

Les chiffres avancés par la CAQ parlent d’eux-mêmes…

  • Entre 2011 et 2012, 78,7 % des immigrants admis au Québec n’ont pas été initiés aux valeurs inscrites dans la Charte des droits et libertés de la personne après leur arrivée, l’initiation n’étant pas obligatoire.
  • En 2013, seulement 53 % des immigrants admis ont participé aux cours offerts par le réseau de partenaires du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI).
  • Le taux de chômage est plus élevé chez les immigrants reçus dans les cinq dernières années (17,2 %), que chez ceux reçus il y a plus de cinq ans (10,1 %), ou ceux reçus il y a plus de dix ans (9,6 %).
  • Malgré des mesures mises en oeuvre par le gouvernement au cours de la dernière décennie, seulement 75 % des immigrants admis au Québec entre 2003 et 2012 y demeuraient toujours en 2014.
  • Seulement 4 432 des quelque 19 500 immigrants investisseurs admis pour la période de 2003 à 2012 étaient toujours présents au Québec en 2014 (22,8 %).

Et je ne parle pas de ce tous ces débats autour de la laïcité, des accomodements raisonnables ou de la façon de lutter contre le radicalisme religieux.

Je lisais ce matin ma collègue Lise Ravary qui, commentant les propositions de François Legault, affirmait avec raison «qu’on ne peut recevoir 50 000 immigrants par année, sans disposer d’une politique d’intégration cohérente, et espérer que le tout se déroule comme dans le meilleur des mondes».

Le moins qu’on puisse faire pour être cohérent est de s’assurer de pouvoir partager avec eux une langue commune et un minimum de valeurs. Les propositions de la CAQ vont en ce sens.

«Ce qui est injuste, c’est de laisser les nouveaux immigrants se dépêtrer tout seuls une fois arrivés. On ne peut faire le travail à leur place, mais la société d’accueil a aussi comme obligation de fournir la boîte à outils. Il faudrait aussi arrêter de couper dans la francisation à chaque changement de gouvernement. Le PQ a fait encore plus de dégâts que le PLQ à ce chapitre.»

Je ne sais pas si les annonces d’aujourd’hui répondent à toutes les questions posées cette fin de semaine par mon autre collègue Mathieu Bock-Côté, mais je suis certain d’une chose: se préoccuper des questions identitaires n’est pas qu’un positionnement politique. Il s’agit surtout de se montrer cohérent et honnête avec des gens qui posent un des gestes les plus importants qui soient dans une vie.

Il faut mettre fin à l’intégration sauvage qui ne sert personne.

Les propositions rendues publiques aujourd’hui doivent faire l’objet du plus de discussions possible pour qu’on puisse y parvenir.

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