Michel Hébert avait raison

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

Des étudiants des cégeps et des universités manifestent contre l’austérité pendant que l’aide financière aux études atteint des plafonds records. Michel Hébert le rappelait récemment dans un billet où il écrivait que c’est plus de 705 millions $ qu’on prévoit octroyer aux étudiants pour l’exercice budgétaire 2015-2016 ! Il convient de revenir sur ces chiffres puisque certains ont douté de leur signification.

Dans son billet publié plus tôt cette semaine, le chef de bureau à l’Assemblée nationale pour le Journal de Montréal et le Journal de Québec a fouillé dans le budget de dépenses 2015-2016 du gouvernement et il a découvert que le budget Leitão accordait plus de 7% d’augmentation à l’aide financière pour les étudiants: «52,3 millions de plus que l’an dernier».

La réaction de plusieurs a été d’invoquer qu’une part importante de cette aide reviendrait éventuellement au gouvernement puisque ces sommes devaient nécessairement comprendre les prêts consentis aux étudiants. En sous-entendu… cet argument du chroniqueur Hébert n’est pas valable.

J’ai de mauvaises nouvelles pour les détracteurs de Michel Hébert. Il avait raison sur toute la ligne…

Le montant de 705 609,7 millions $ ne comprend pas les prêts aux étudiants. Cette jolie somme d’argent ne représente que des bourses (89%) et des intérêts (11%) déboursés par le gouvernement sur les prêts, en attendant que les études post-secondaires des étudiants soient complétées. J’écris « jolie somme » parce qu’on parle de montant d’argent supérieur à ce qui est consenti dans bien des ministères…

«C’est pourtant plus que les crédits versés en Culture (675 M$), plus que pour les Forêts, la Faune et les Parcs (450 M$), plus qu’en Environnement (150 M$), plus qu’en Économie (590 M$), etc.

Même s’il faut voir que l’aide financière sous forme de prêts a augmenté davantage que celle sous forme de bourses, depuis 2005-2006, les bourses ont plus que doublés au fil du temps passant de 303 millions $ (source) à 628 millions $.

L’aide financière aux étudiants du Québec est de haut niveau, parmi les plus élevées au Canada et devrait représenter une grande source de fierté pour tous les Québécois.

On doit se féliciter de chaque dollar investi dans cette aide qui contribue à une meilleure égalité des chances.

Le problème actuel soulevé avec brio dans le billet de Michel Hébert est que les étudiants qui manifestent contre l’austérité ne réalisent pas que le poste budgétaire qui les concerne le plus directement (l’aide financière aux études) est non-seulement en forte augmentation (lire la mise à jour en fin de billet), mais il atteint des sommes records.

Dans les dernières statistiques disponibles au MESRS, on chiffrait à 600 millions $ la somme des prêts accordés aux étudiants en 2012-2013. En postulant que le montant des prêts sera le même cette année, on arrive à une aide qui dépassera le 1 milliard 300 millions de dollars en 2015-2016.

Ce serait chouette que les étudiants puissent regarder ce côté de la médaille pendant certaines manifestations dans les rues ou à l’occasion de certains piquetages.

En ce jour de grande manifestation nationale, le moins qu’on pourrait faire si on ne remet pas l’itinéraire aux policiers chargés d’assurer la sécurité de tous, ce pourrait être de réfléchir à l’ampleur des moyens que notre société prend pour l’éducation de la jeunesse, dont le 9,3 milliards $ octroyés aux commissions scolaires en 2015-2016.

«À qui profite le bordel?», demandait Michel Hébert dans son billet.

Je me demande aussi à qui profite cette désinformation qui agit de manière à ce que le mot «austérité» soit ainsi devenu le cri de ralliement d’un groupe qui profite de l’augmentation parmi les plus élevées du budget de cette année?

Bon congrès de l’ASSÉ et Joyeuses Pâques à tous.

Mise à jour de fin de journée: La discussion sur l’augmentation du budget des dépenses dans l’aide financière s’est transportée sur la question des crédits d’impôt pour frais de scolarité qui ont fait l’objet d’une entente négociée avec la FEUQ en 2013, à l’occasion du Sommet sur l’enseignement supérieur de février. Jonathan Bouchard (l’actuel président de la FEUQ) et Martine Desjardins (celle qui a négocié l’entente et qui était présidente de la FEUQ) ont attiré mon attention sur le fait que le gouvernement de l’époque avait accepté une réduction du taux du crédit d’impôt non remboursable pour frais de scolarité de 20 % à 8 % en échange d’une amélioration de l’aide aux étudiants et de la réduction de l’endettement. La page 13 et suivante du document du chantier explique en détail les modalités. On peut lire à la page 15 que pour l’exercice budgétaire 2015-2016, l’effet prévu de la bonification était de 51 million $.

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