Quand le maire de Montréal entre en scène

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

Denis Coderre est en croisade depuis un bon bout de temps contre Poste-Canada. Il avait mainte fois promis qu’il ferait «de la livraison du courrier à domicile un enjeu électoral prioritaire». Il est passé à l’action aujourd’hui…

Se servant du prétexte que des dalles de béton aient été installées par Postes Canada au parc de L’Anse-à-l’Orme dans l’arrondissement de Pierrefonds contre l’avis de la Ville, le maire de Montréal a convoqué un point de presse pour signifier qu’il procèderait lui-même à l’enlèvement. «Ni l’arrondissement ni la Ville n’ont été consultés pour obtenir la permission d’y installer ces boîtes» (source).

La décision de Poste-Canada de cesser la distribution du courrier à domicile et d’installer des boîtes postales communautaires déplaît souverainement au maire. Le prétexte de la protection d’un parc éco-nature a permis aujourd’hui à l’ex-politicien fédéral d’interpeller les différentes formations politiques en pleine campagne électorale. Rapidement, le chef du Bloc et un député du NPD ont donné leur appui au premier magistrat.

On peut facilement calculer que le geste surprise de Denis Coderre a aujourd’hui « volé la vedette » aux tribulations entourant le témoignage de Nigel Wright, contre-interrogé avec insistance au même moment par l’avocat de Mike Duffy.

Ce n’est pas Stephen Harper qui va se plaindre de l’ombre que la grosse perceuse du maire va poser sur l’affaire Duffy…

Les images de la pelle mécanique et de Denis Coderre perçant lui-même «à la drille» une des dalles de béton vont probablement faire le tour du Canada.

L’effet recherché sur la société d’État passe par l’intervention des politiciens qui font campagne. Il serait étonnant que le chef Conservateur s’immisce dans le conflit, mais les autres chefs ne manqueront pas de sympathiser avec la cause du maire puisque le territoire de l’Île de Montréal est fortement disputé par les trois autres partis fédéraux.

Denis Coderre sait que sa cote de popularité est assez bonne par les temps qui courent.

Sur le fond du problème, Poste-Canada aurait avantage à se garder une petite gêne d’ici le 19 octobre, le maire de Montréal ne manquera aucune occasion de répéter son coup d’éclat d’aujourd’hui. Le message de Denis Coderre est «respectez-nous» et il prendra tous les moyens à sa disposition pour saisir le momentum de l’actuel campagne !

Espérons cependant que les citoyens de Montréal ne décident pas de se «faire justice» eux-mêmes avec les boîtes postales communautaires qui seraient jugées aussi sévèrement par les citoyens qu’elles l’ont été par leur maire cet après-midi.

Certains diront que M. Coderre se comporte en leader aujourd’hui et qu’il a choisi la bonne méthode pour réagir face à « l’arrogance » de Poste-Canada.

Ce qui m’intéressera davantage dans les prochaines heures est la réaction des politiciens dans le ton choisi pour manifester un appui au coup de force du maire de Montréal. Partout au Canada, il y a des maires, des lobbys et des citoyens qui voient apparaître dans leur environnement des installations (des pipelines, par exemple) qui ne font pas leur affaire. En cautionnant avec emphase le geste du maire de Montréal, certaines formations politiques vont peut-être se retrouver avec d’autres manifestations de colère moins faciles à entériner, ailleurs au Canada…

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