Faire comme si de rien n’était?

Note : Une première version de ce billet a été publiée au Journal de Québec et au Journal de Montréal, puis sous forme de chronique dans les éditions papiers du Journal de Québec / Montréal.

Une éducatrice dans un établissement scolaire à Québec avait un squelette dans son placard. Dans un passé récent, elle a tourné des scènes pornographiques explicites, diffusées dans des productions vidéo facilement accessibles aujourd’hui par l’entremise d’internet. Une fois cette information connue, comment doit-on envisager la suite du parcours de cette­­ employée auprès des enfants?

Il faut d’abord prendre conscience que les Québécois ont un rapport plutôt tordu avec la pornographie. Abondamment consommée — en grande partie par des hommes —, elle est souvent­­ banalisée.

Il s’agit pourtant d’une activité commerciale où le sexe est omniprésent sans être le reflet d’une sexualité normale. On tente de ne pas juger ceux qui en vivent, d’autant que pour les femmes, on parle davantage d’exploitation­­ que de décisions libres et responsables.

On admet facilement que les valeurs­­ d’un milieu éducatif ne tolèrent­­ pas l’exploitation sexuelle.

Faudrait-il pour autant que le lien d’emploi entre l’école et l’employée soit rompu pour ne pas exposer les enfants à la réalité qui se cache derrière­­ le tabou?

Il est d’usage de devoir l’envisager.

Passer l’éponge ?
Il faut considérer plusieurs facteurs avant de pouvoir passer l’éponge. Permettre à l’employée de retrouver son travail dans une certaine sérénité exigera beaucoup de tact et de respect.

Est-ce que l’établissement scolaire connaissait tous les faits avant l’engagement de l’éducatrice?

Est-ce que l’employée assume son passé, est en mesure de témoigner du contexte dans lequel «la décision» de faire de la porno a été prise, et surtout, pense-t-elle pouvoir concilier les valeurs­­ de l’école avec cet élément de son passé qui sème un doute?

Si la femme a déjà vécu de l’exploitation, il ne faudrait pas qu’elle en soit la victime une autre fois. Il ne s’agit vraiment pas de juger de la conduite d’une femme dans ce dilemme. Il est plutôt question des responsabilités de l’établissement scolaire et de l’éducatrice.

Actuellement suspendue avec solde pour être en mesure de prendre du recul, l’éducatrice pourra s’entendre avec la direction et dans le meilleur des scénarios, une décision commune pourrait être communiquée. Sinon, la direction devra trancher.

Si l’établissement doit assumer ses responsabilités, l’employée en a aussi le devoir.

Plusieurs voies sont possibles. Les capacités d’éducatrice de l’employée peuvent encore exister, mais on ne pourra faire comme si rien ne s’était passé…

N.B. Voici d’autres articles et points de vue publiés au Journal récemment sur le même sujet (1, 2, 3, 4)

Mise à jour du 9 novembre 2015 : L’employée ne sera pas sanctionnée et pourra réintégrer ses fonctions.

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