Qui défend l’éducation dans ce gouvernement ?

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

Une autre semaine… d’autres mauvaises nouvelles en éducation au Québec. Vous dites que j’oublie les « investissements » annoncés par le ministre des finances cette semaine à l’occasion de la mise à jour économique ? Chaque dollar réinvesti dans les services directs aux enfants en difficulté compte, vous avez raison. Mais soyons sérieux… si l’éducation constituait une priorité dans ce Conseil des ministres libéral, il n’y aurait pas autant de mauvaises décisions prises encore cette semaine contre l’intérêt des élèves et des étudiants.

Il y a une telle répétition de mesures nuisibles au bon fonctionnement des institutions scolaires, semaine après semaine, qu’il faut maintenant se demander s’il arrive au ministre Blais d’intervenir auprès de ses collègues du gouvernement pour défendre l’éducation. Peut-être le fait-il, mais on ne peut que déplorer qu’il n’obtienne aussi peu de résultats.

Dans son article de ce matin, Michel Girard du Journal explique clairement pourquoi le 20 M$ consenti cette semaine est de la poudre aux yeux… Entre la prévision de dépenses en 2014-15 de 16,96 milliards $ et les dépenses réelles de 16,79 milliards $, l’écart de 170 M$ aurait pu être réinjecté, si l’éducation était jugée prioritaire.

Ce n’est pas le cas.

Pour cette année 2015-16, on ne parle plus d’une faible croissance des dépenses, il y a carrément diminution de l’enveloppe budgétaire (faible, seulement de 17 M$, mais c’est une diminution), « comme quoi, les dépenses en éducation progressent actuellement… à reculons! »

« Le gouvernement libéral affirme que la « réussite scolaire » est une « priorité en éducation ». Il va dorénavant investir 80 millions par année à cette fin. Si la « réussite scolaire » était vraiment prioritaire, pourquoi les libéraux ont-ils précédemment coupé des centaines de millions dans les services directs aux élèves en difficultés ? »

L’abolition des élections partielles reportée
On apprenait dernièrement que le gouvernement avait déposé un projet de Loi pour bloquer d’éventuelles partielles scolaires, mais il ne sera même pas capable de le faire adopter à temps pour qu’il épargne aux contribuables l’inutile scrutin du 13 décembre prochain.

« Le ministre de l’Éducation François Blais ne croit pas « être capable » de faire adopter son projet de loi visant à empêcher la tenue d’élections partielles dans les commissions scolaires d’ici les fêtes, nous a confirmé son attachée de presse Julie White. »

Même le correctif au manque de planification dans la réforme de la gouvernance scolaire manque cruellement de planification. Plus on avance, plus on recule…

Inutile bras de fer avec l’Université Laval
Les nouvelles ne sont pas meilleures dans le dossier de l’alma mater du ministre de l’Éducation. Dans un communiqué, la Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université (CADEUL) parle d’un « guerre d’ego » entre le ministre Blais et l’Université Laval pour qualifier la décision de couper 1,4 M$ dans le budget de l’institution parce que certaines décisions du conseil d’administration n’ont pas été préalablement approuvées en haut-lieu au au MEESR.

« Nous avons critiqué le choix de l’administration de l’Université Laval par le passé, a expliqué Thierry Bouchard-Vincent, président de la CADEUL. Par contre, nous considérons qu’il est hautement ridicule que le ministre Blais punisse la communauté universitaire lavalloise pour les décisions du CA de l’Université. »

Ce conflit promet de durer puisque le président sortant du conseil d’administration John Porter promet de « contester vigoureusement » la décision de François Blais.

Comme si le ministre n’avait pas promis moins de temps perdu dans la bureaucratie…

La vérificatrice générale et l’informatique au ministère de l’Éducation
Parmi les autres mauvaises nouvelles que la semaine a offert au monde de l’éducation, il y a la publication du rapport dévastateur de Guylaine Leclerc qui n’est pas tendre envers la façon dont certains contrats en informatique sont octroyés…

« Au ministère de l’Éducation, un consultant privé, à deux reprises, a « rédigé l’appel d’offres pour ensuite être embauché par la firme qui a obtenu le contrat ». La VG qualifie « d’inadmissible »… »

On comprendra que cette mauvaise pratique n’est probablement pas acceptée par le ministre lui-même, ni par le Conseil des ministres; on se doit du moins de le présumer.

Reste que l’imputabilité est au coeur de ce qui est décrit comme mauvais fonctionnement et comme l’explique Antoine Robitaille ce matin dans Le Devoir, trois ans après que les manquements aient été décrits dans le précédent rapport du VG, « toutes ces pratiques sont encore courantes ».

« Que faudra-t-il faire pour que la gestion des contrats informatiques s’améliore ? Mme Leclerc estime qu’il n’est peut-être pas utile d’ajouter des règles aux nombreuses qui existent déjà. Si l’on commençait à les respecter, « ce serait déjà fort intéressant », a-t-elle ironisé. Mais encore ? Sans doute — comme elle l’a aussi ajouté — qu’il faudra retrouver, dans les hautes sphères de l’État, le sens du mot « imputabilité ». C’est d’ailleurs ce que propose M. Caire. Il soulignait vendredi que l’actuelle Loi sur l’imputabilité des sous-ministres et des dirigeants d’organismes publics comporte dix articles, dont huit abrogés et « deux qui ne veulent rien dire ». On pourrait, comme le suggère le député, commencer par la refaire. »

Combien d’argent le ministère de l’Éducation dépense-t-il en trop dans l’informatique depuis toutes ces années où des mauvaises pratiques de gestion y sévissent ?

Je suis désolé de devoir écrire que les petits investissements annoncés en éducation cette semaine ne nous empêchent pas de se demander qui défend l’éducation dans ce gouvernement ?

Tags:
0 Commentaires

Laisser une réponse

Contactez-moi

Je tenterai de vous répondre le plus rapidement possible...

En cours d’envoi

Si les propos, opinions et prises de position de ce site peuvent coïncider avec ce que privilégie le parti pour lequel je milite, je certifie en être le seul éditeur. - ©2022 Thème KLEO

Vous connecter avec vos identifiants

ou    

Vous avez oublié vos informations ?

Create Account

Aller à la barre d’outils