Les messages de fin d’année scolaire du MEES

Les fins d’année scolaire sont toujours particulières quand comme moi on a été directeur d’école. J’ai beau avoir quitté la direction en juin 2005, je ressens encore l’intensité de la période des examens uniques, des bals de finissants et des décisions administratives en prévision de l’année qui vient. On peut quitter une fonction et constater plusieurs années après que la fonction ne nous quitte pas vraiment…

Ainsi, plusieurs nouvelles issues de ma revue de presse de l’actualité des derniers jours me commandent une analyse du message que notre ministre de l’Éducation au Québec envoie aux acteurs du réseau scolaire en général et aux dirigeants des commissions scolaires, en particulier.

C’est une bonne chose d’envoyer de l’argent directement aux écoles, sans passer par les commissions scolaires
Saluons d’abord le fait que les règles budgétaires 2017-2018 (aux commissions scolaires et aux établissements d’enseignement privés agréés aux fins de subventions) soient publiées en cette fin du mois de mai, ce qui représente en soi une bonne nouvelle pour tout administrateur scolaire soucieux de prendre des décisions éclairées et avisées dans les mois qui viennent.

Un communiqué et différents articles de presse (1, 2) évoquent l’ajout de nouvelles ressources (et un budget de 114 millions $) octroyées directement aux écoles. Grosso modo, le ministre poursuit l’objectif que de nouveaux enseignants, orthopédagogues ou éducateurs spécialisés soient embauchés directement par les établissements scolaires (sans passer par les commissions scolaires) pour améliorer les services éducatifs, particulièrement au préscolaire et à la première année du primaire. On vise aussi à donner un coup de pouce aux parents, aux élèves de la 2e à la 6e année du primaire et aux autres du secondaire.

La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) et les syndicats d’enseignants ont contesté la méthode d’attribution des sommes d’argent prévues dans les règles budgétaires. « Chaque école aura droit au même nombre de ressources, qu’elle soit grande ou petite » (source) et malgré la critique, le ministre a ainsi décidé d’avantager les petites écoles plutôt que les grandes qui bénéficient toujours du mode de répartition des budgets basé sur un financement par élève. On parlait pour 2016-2017 de 2,5% du budget des commissions scolaires attribués directement aux écoles l’an dernier et de 3% pour 2017-2018.

Il faut situer cette décision du ministre dans le contexte des difficultés éprouvées à appliquer certaines dispositions de la Loi 105 dont celles liées au droit de vote reconnu maintenant aux commissaires-parents (lire ce qui se passe à Saint-Hyacinthe en particulier) et celles reliées à la mise en oeuvre d’un comité de répartition de ressources (lire par exemple ce billet sur la situation à la CS Lester B. Pearson), par commission scolaire.

Le contexte des élections à la tête de la Fédération des commissions scolaires du Québec y est peut-être aussi pour quelque chose… (Ajout : Alain Fortier a été élu samedi à la présidence de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ).

Je pose la question : se pourrait-il que le ministre veuille se montrer plus ferme dans ses intentions de déplacer du pouvoir des commissions scolaires vers les milieux locaux parce que le peu de ces pouvoirs déplacés que contient la Loi 105 ne passent pas dans la gorge des dirigeants des commissions scolaires et des syndicats d’enseignants et qu’il veut envoyer un message clair ?

La question se pose selon moi, d’autant que ce mouvement de décentralisation est supporté par les parents d’élèves et la population en général.

Le pouvoir de directive du ministre de l’Éducation
Sur le sujet de l’évaluation des apprentissages des élèves, on a eu droit à une première de la part du ministre : une directive en bonne et due forme.

Après la publication du sondage réalisé auprès d’enseignants, plusieurs observateurs ont noté la difficulté à obtenir un portrait réel de la situation. Au point même où on a cru un instant que le ministre ne reconnaissait pas un problème réel.

La directive est claire : «Québec veut faire cesser les notes gonflées».

Si la Fédération des comités de parents (FCPQ) a rapidement exprimé sa satisfaction, plusieurs questions subsistent concernant les différentes approches préconisées par le ministère, les commissions scolaires, les écoles, les syndicats d’enseignants et les enseignants eux-mêmes sur cet important sujet.

Le sujet demeure émotif et un jour, il faudra peut-être réunir tout le monde autour d’un meilleur consensus. On s’entend assez bien sur l’idée que le traficotage des notes doit cesser, s’il existe. Mais ce serait un peu court de croire que tout est réglé, avec la diffusion de cette directive.

Dans une chronique radio que je faisais ce matin sur les ondes de BLVD 102,1 FM, on me demandait de commenter l’excellente initiative d’une enseignante du primaire. Quand l’enseignant(e) peut demeurer «l’entraîneur(e)» de l’élève jusqu’à la fin de l’année et qu’il (ou elle) n’a pas à devenir l’arbitre, c’est beaucoup plus facile pour l’élève (ou le parent) de s’y retrouver… La politique d’évaluation actuelle ne permet pas d’agir ainsi. On a des programmes axés sur une approche par compétence où l’évaluation est demeurée très traditionnelle et on mélange souvent du formatif (en cours d’un cycle d’apprentissage) avec du sommatif (à la fin d’un cycle d’apprentissage). Le rôle des examens uniques n’est pas toujours clair et de plus, le ministère lui-même n’est pas toujours très cohérent dans ce qu’il exige des élèves, des enseignants, des écoles et des commissions scolaires.

Bref, il faudra y revenir plus sérieusement dès l’automne 2017 pour que cesse l’augmentation des tensions sur la valeur des diplômes qui laisse souvent prêter flanc à du nivellement vers le bas, en ce qui a trait au rendement des élèves (ce qu’ils savent et comment ils sont capables d’agir avec ce qu’ils savent).

N.B. Sur le sujet des tensions entre les commissions scolaires et certains parents, je veux noter ici l’existence de deux documents d’intérêt: 1- Un avis juridique disponible sur le site de la CSDM, «Les devoirs et obligations des membres du conseil des commissaires» qui confirme le droit de parole d’un commissaire. Je cite un extrait en conclusion (p.12), «il jouit d’un droit de parole, il peut critiquer, commenter, débattre et exprimer sa dissidence avec la décision prise à la majorité des voix». 2- Une demande d’enquête expédiée hier au ministre de l’Éducation «concernant de possibles manquements, notamment au Code d’éthique et de déontologie des commissaires du Conseil des commissaires de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe», la même commission scolaire dont il est question dans l’article du Devoir cité plus haut et actuellement présidée par un des candidats à la succession de Josée Bouchard, dont il est question dans le billet du Huffington Post Québec, également cité plus haut, au sujet des élections à la FCSQ.

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