Sans hyperlien !

J’écris un peu moins pour moi. C’est ce que je constate en relisant mes derniers billets. Une petite dérive qui survient au moment où j’ai beaucoup discouru à propos des carnets, des cyberportfolios et du projet CARRIERE. J’ai beaucoup hyperlié aussi. Un texte sans lien; ça me ferait du bien…
Une question me titille : Qu’est-ce qui me dérange dans le fait que le nombre de visiteurs augmente ? Certes, que je me mette à penser aux réactions de ceux qui me lisent. Est-ce que cela change la perspective ? Pas vraiment, en autant que je puisse continuer à nommer ce qui émerge. De fait, ce qui m’a vraiment dérangé, est plutôt du côté de ce que je n’ai pas écrit. Voilà !
Ce n’était pas clair au début, mais je ne constate que très peu de modification dans le ton de ce que j’ai produit dernièrement. Et dire que j’ai cru un instant que l’abondance des hyperliens révélait mon inconfort des derniers jours devant l’augmentation du nombre de personnes qui « avouent me lire ». D’où l’idée d’aborder ce billet avec la résolution de ne pas hyperlier… pour voir ! Et ça marche… je suis forcé d’écrire, de creuser plus profond, de puiser là où le masque des liaisons m’emportait.
Souvent, la ressource liée, le document cité ou le carnet en référence devient l’élément déclencheur d’une intention d’écriture qui me fait construire du sens ajouté à ce que je pense ou à ce que je me surprends à penser. À ce moment, cela devient une révélation, une découverte. Un peu dans le sens de ce que Kahil Gibran écrit à propos de l’enseignement : « Personne ne peut vous apprendre quoi que ce soit qui ne repose déjà au fond d’un demi-sommeil dans l’aube de votre connaissance….» Fascinant.
Alors pourquoi cette idée d’un billet sans hyperlien ? Peut-être pour m’imposer à moi-même comme point de départ, comme élément déclencheur ? Peut-être parce qu’il y a un gros morceau à sortir… que le recours à l’hyperlien cache ?
J’y pense et j’en reparle. Ou plutôt, je l’écris !

10 Commentaires
  1. Clément Laberge 19 années Il y a

    « Personne ne peut vous apprendre quoi que ce soit qui ne repose déjà au fond d’un demi-sommeil dans l’aube de votre connaissance….»
    Ça me fait penser à un concept extraordinaire, une des clés fondamentale de toute ma conception de l’apprentissage: la zone proximale de développement.

  2. Photo du profil de Corinne
    Corinne 19 années Il y a

    Pour l’estime de soi
    …rien de mieux que l’autocritique constructive!
    Je ressens quelque fois la même sensation. Est-ce que j’écrirais les choses de la même manière si je n’étais pas lue ? Est-ce que je m’efforce à écrire quelque chose à tout prix parce que je sais que j’ai un certain nombre de visiteurs réguliers ?

  3. Ytsejamer 19 années Il y a

    Bloguesphère: la danse de l’abeille

    Billet intéressant de Mario tout de go… qui me fait réaliser que mes derniers billets sont beaucoup plus de l’ordre d’un bulletin de nouvelles. Or, il y a des endroits qui doivent être au moins 1000 fois mieux que mon…

  4. Photo du profil de Zenon
    Zenon 19 années Il y a

    Bonjour Mario
    Cette citation de Gibran évoque pour moi la théorie platonicienne de la connaissance : un processus de ressouvenir…
    À la prochaine
    Zénon

  5. Photo du profil de G.Bernard
    G.Bernard 19 années Il y a

    En réponse à une demande visant l’enseignement de la logique dans les écoles:
    « Imaginez une société qui apprend à ses enfants à distinguer les arguments des émotions et à évaluer les faits en fonction des preuves qui les appuient ! Les préjugés et l’entêtement à ne pas voir le point de vue de l’autre n’en seraient pas éliminés, mais nous serions plus à même de résister aux manipulateurs d’opinion, aux exploiteurs de superstitions et aux propagandistes. »
    Erna Paris, journaliste et auteure de Toronto.
    Écriteau à afficher dans chaque classe:
    « Le professeur peut avoir tort. Réfléchissez vous-même. »

  6. Mario Asselin 19 années Il y a

    Heureux commentaire Monsieur Bernard, en cette journée de « perturbation nationale ». Disons qu’à une certaine époque (celle où la parole du maître était incontestable), votre écriteau aurait été à la fois subversif, et essentiel. Aux jours d’aujourd’hui (ceux où la parole du guide est suspecte et superflue), il y aurait lieu d’apposer une banière comportant l’inscription «Le professeur peut avoir raison. Considérez cette hypothèse…».
    Je vous taquine… à peine; tellement on attend « dans le détour » le professeur qui ose s’avancer sur le terrain de la connaissance. Par contre, j’abonde dans votre sens au niveau de l’importance d’apprendre à échanger des points de vue divergents sans préjugé et/ou entêtement. La rectitude et/ou l’opposition systématique est une plaie qui nous condamne à la télé-réalité, au so-so-so- solidarité ou au débat des chefs !
    J’aimerais me « ressouvenir » davantage, trouver plus souvent « ma zone proximale de développement » ou m’exercer encore mieux à « l’autocritique constructive ». Me donner du temps pour réfléchir est probablement ce qui m’est arrivé de plus beau depuis que j’ai commencé cet exercice carnetier.
    Encore mieux, les réactions comme celles qui précèdent font en sorte que ce temps s’enrichi de façon organique en devenant plus que la somme de toutes ces minutes !
    Ajoutez à cela la piste de Stéphane, celle de Dolorès combiné au relais de Clément et vous obtenez un réseau de connaissances en construction !
    À suivre…

  7. Photo du profil de ÉricLemay
    ÉricLemay 19 années Il y a

    Mon âme exalte le Seigneur,
    exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur!
    Il s¹est penché sur son humble servante;
    désormais, tous les âges me diront bienheureuse.
    Le Puissant fit pour moi des merveilles;
    Saint est son nom!
    Son amour s¹étend d¹âge en âge
    sur ceux qui le craignent.
    Déployant la force de son bras,
    il disperse les superbes.
    Il renverse les puissants de leurs trônes,
    il élève les humbles.
    Il comble de biens les affamés,
    renvoie les riches les mains vides.
    Il relève Israël, son serviteur,
    il se souvient de son amour,
    De la promesse faite à nos pères,
    en faveur d¹Abraham et de sa race, à jamais.

  8. Photo du profil de StephaneAllaire(Ytsejamer)
    StephaneAllaire(Ytsejamer) 19 années Il y a

    «Le professeur peut avoir raison. Considérez cette hypothèse…» – Mario Asselin
    J’aime bien ce clin d’oeil! Parfois, je me demande si l’on n’est pas en train d’entrer dans une ère qui nous fera connaître le retour du balancier de ce que nous avons vécu avec le behaviorisme. Je veux dire, autant on a valorisé (et on valorise encore) le modèle de l’enseignant détenteur et transmetteur du savoir, autant il y a tout le courant constructiviste qui prend de plus en plus le plancher et qui donne lieu parfois à des interprétations un peu tordues. Par exemple, un enseignant qui n’intervient plus auprès des élèves lors du déroulement d’une activité sous prétexte qu’ils doivent se débrouiller seuls. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de voir des gens qui ont peur de voir disparaître les enseignants, comme nous en parle M. Bernard ici: http://carnets.ixmedia.com/mario/archives/003425.html

  9. Photo du profil de G.Bernard
    G.Bernard 19 années Il y a

    « Par exemple, un enseignant qui n’intervient plus auprès des élèves lors du déroulement d’une activité sous prétexte qu’ils doivent se débrouiller seuls. »
    Ce serait terrible, en effet.
    Mais je vois, dans les écoles, le contraire se produire chaque jour. Je vois des élèves qui n’interviennent plus auprès des enseignants et parents l’ors du déroulement d’activités.
    Par exemple, récemment, on m’a demandé mon bénévolat pour mettre sur pied le salon du livre d’une école. Arrivé sur place, je fut estomaqué de voir qu’aucun élève ne participait à l’activité. Parents et enseignants, nous avons eu un plaisir fou à déballer les centaines de boîtes remplises de livres que les éditeurs avaient envoyés. Un plaisir fou à faire toutes les décorations, placer par genre les livres sur les tables tout en les commentant.
    Pas un seul élève présent pour savourer ce moment privilégié avec le livre.
    Je n’ai rien dit, mais à l’intérieur de moi j’était furieux. Pas furieux contre ces gens autour de moi qui, généreusement, offraient bénévolement leur temps précieux, mais furieux de ne pouvoir partager ce moment avec les élèves.
    Et plus-tard, l’orsque nous en étions à mettre la finition sur notre oeuvre, un évènement m’a fait comprendre de quoi il sagissait ici.
    Deux enfants entrèrent dans la salle. Ils avaient faim et vennaient demander à leur mère, qui était occupée à mettre la dernière touche aux tables, de revenir à la maison pour faire le souper. Elle leur dit de prendre une chaise et de d’attendre qu’elle finisse son travail. Les enfants attendirent patiamment en nous regardant s’activer.
    Je voyait très bien, du coin de l’oeil, qu’un des deux enfants mourrait d’envie de participer, car il m’observait utiliser la brocheuse depuis un bon moment. C’est alors que ses yeux s’emplirent de bonheur l’orsqu’il entendit sa mère lui demander de quérir la brocheuse pour elle.
    Je lui tendit le merveilleux instrument en lui glissant; « tiens, fait du bon boulot ».
    Ouais! (répond t’il avec entrain).
    J’ai alors pensé que ce sera au moins ça de fait pas un élève.
    Eh bein non, malgré tous ses efforts pour convaincre sa mère de le laisser utiliser la brocheuse.
    J’observais la scène, cette mère qui profitait de chaque précieuses secondes qui lui restait pour savourer un rare moment qui lui était accordé pour se sentir utile à la collectivité. Ce moment unique où elle pouvait exprimer et transmettre son grand amour pour les livres.
    Il n’y avait pas de temps de penser aux élèves, elle le faisait pour elle et elle avait raison et tout le droit de le faire.
    Je pensais alors au blogue de Mario Asselin, à des réseaux élèves, parents, enseignants,…
    au pouvoir de communication et de trasmission de l’Internet.

  10. Photo du profil de G.Bernard
    G.Bernard 19 années Il y a

    Et encore, qu’est-ce que les cybercarnets si ce n’est pas du constructivisme?
    Ne sommes-nous pas devant des oeuvres en constante construction?
    Ne sont-ils pas les empreintes, les traces oh combien précieuses, des processus, cheminements, d’apprentissage de leurs auteurs?
    Quel est l’impact pédagogique sur un élève qui a devant lui un maître qui enseigne, comparativement à un maître devant lui qui apprend?

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