Un plan numérique pour s’affirmer !

Notre démarche qui permet de réactiver un processus qui pourrait permettre l’émergence d’un Plan numérique pour le Québec me plaît assez. L’idée qu’un groupe de « citoyens du numérique » se soit spontanément formé avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement pour rédiger un « rapport d’étonnement », en amont d’une vraie démarche de planification stratégique me semble cohérente.

La charge de construire un Plan numérique appartient au gouvernement. Les membres du groupe ne souhaitent pas prendre la place des officiers du gouvernement qui doivent porter ce nouveau flambeau du numérique, levier porteur au niveau culturel, économique et politique d’un projet de société. À titre de membre de ce groupe, ce sont les défis « de société » et ceux liés à « la gouvernance » qui m’interpellent le plus !

Chacun d’entre nous au groupe de réflexion doit continuer de se montrer étonné du peu de cas fait de l’absence du numérique dans les enjeux de société de notre passé récent et de notre présent au Québec. Depuis 1995, Internet grand public s’est déployé chez nous avec le « Plan Marois », « Villages branchés », puis « Brancher les familles sur Internet ». Les jeunes nés avec l’omniprésence du Web ont maintenant 17 ans et moins. Ces jeunes génèrent beaucoup de contenu et leur rapport avec le savoir est différent de tous les adultes qui les encadrent à la maison, à l’école et au travail. Ces jeunes s’affirment et envahissent déjà l’espace public et ce n’est pas tout de s’adapter; il faut capitaliser en fonction de l’arrivée sur le marché du travail de cette jeunesse pour qui publier et diffuser est dans le prolongement du geste d’écrire, de jouer de la musique, de photographier ou de filmer. La génération C (Communiquer, Créer, Collaborer) vit dans l’abondance quand on regarde le volume des données, des informations et des connaissances qui circulent. Mais tout ce contenu qui les entoure pose problème sans grille de lecture appropriée, en même temps qu’il constitue une formidable opportunité, ne serait-ce que pour se « recréer ».

J’aime à répéter une de mes maximes préférées : « Le passage d’une société de la connaissance à une société des connaissants se fera au moment où les écoles cesseront d’ériger des murs et donneront toute la place aux fenêtres ». J’aurais pu écrire « les collèges » ou « les universités » aussi. Nos maisons d’enseignement doivent devenir des maisons d’apprentissage et pour ce faire, elle doivent tenir compte du fait que les jeunes évoluent de plus en plus en réseaux et que le connectivisme domine dans leur façon d’apprendre. Devant cela, les enseignants doivent agir de manière à briser l’isolement dans lequel ils souffrent – ou se complaisent – en tentant, souvent, de réinventer l’eau chaude, chacun de leur côté, porte fermée, dans leurs classes.

Les objets technologiques tels les ordinateurs, qu’ils soient des tablettes, des téléphones multi-fonctions ou des portables ne peuvent créer d’eux-mêmes des affordances – les capacités d’un objet à suggérer sa propre utilisation – qui produiront l’apprentissage. Le virage numérique à prendre en éducation ne repose pas sur des enjeux technologiques, mais bien davantage sur des approches pédagogiques renouvelées, sur un vivre ensemble réaffirmé et sur nos capacités à mieux collaborer pour s’influencer, dans la foulée des missions de l’école québécoise : instruire, socialiser et qualifier.

Un plan numérique représente pour moi une stratégie pour s’affirmer !

En éducation, ça signifie se donner les moyens de nos ambitions.

Le numérique forme et l’éducation se transforme au rythme avec lequel nous nous approprions le travail en réseaux. Un des défis de ce Plan numérique est de nous motiver à mieux comprendre comment apprend le cerveau de ces jeunes à former et se gouverner en conséquence !

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2 Commentaires
  1. Photo du profil de Stéphane Allaire
    Stéphane Allaire 10 années Il y a

    Tout comme toi, je suis impatient de voir un « plan numérique » pour le Québec. Puisqu’il ne s’agit pas essentiellement d’enjeux technologiques, je me demande s’il serait souhaitable d’utiliser un autre épithète. Numérique traduit le moyen davantage que le phénomène à mon avis. Ce qui est en jeu plus fondamentalement, n’est-ce pas une dynamique de participation/transformation sociale élargie? Comment la caractériser plus simplement, tout en mettant davantage en valeur la dimension sociale qui ne transparait pas de prime abord dans le concept de « numérique »?

    Par ailleurs, la prochaine fois qu’on se voit, il faut parler d’affordances 😉

  2. Photo du profil de Jean-François Néron
    Jean-François Néron 10 années Il y a

    Dépendant du statut exécutoire dont il sera doté, le Plan numérique contribuera à baliser non seulement la gestion du parc technologique (si on considère le numérique au sens large et ses applications et usages connexes) mais aussi la gestion de l’industrie qui en tire profit. S’il est accompagné d’un organisme administrativement (et politiquement) souverain – mon jupon d’économie sociale dépasse ici – il saura se dresser devant cette ample pieuvre que le fait la Commission des normes du travail devant les abus du travail.

    Le plan numérique peut également adopter des propriétés wikipédiesques et permettre à la population de s’approprier la connaissance numérique et de participer à son essor.

    On crée ici un organisme vivant, un outil ou un cahier de normes. J’observe depuis 2008 une passion à doter le Québec du Plan sans toutefois ressentir l’évidence d’un mouvement concerté. Tant de génies et de bienveillants qui souhaitent bâtir cette merveille, tout en se snobant les uns les autres.

    Concertons-nous et le Plan naîtra.

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