Preuve qu’il y aura toujours quelqu’un pour se plaindre d’une bonne initiative

«Croyez-vous vraiment qu’un seul livre qui traînera tout l’été chez un élève lui donnera davantage le goût de lire ?», demande-t-il, s’interrogeant sur le nombre de livres qui seront peut-être perdus, à grands frais, au terme de cette opération, alors que les rayons des bibliothèques scolaires sont dégarnis ou mal remplis.»

Il s’agit d’un parent qui a écrit une lettre à Diane De Courcy, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) en réaction à l’annonce du projet « Lire en été ».

L’être humain n’est pas toujours facile à décoder…

L’initiative hors du commun de cette C.S. qui « donnera simultanément 77 000 livres à tous les enfants de ses écoles pour encourager le plaisir de lire et regarnir ses bibliothèques scolaires » justement, est critiquée dans cet article du Devoir par « l’Association des libraires du Québec ». Je ne conteste pas le droit de quelqu’un de critiquer, mais quand on écrit à la rubrique « Mission », sur son site Web « Inciter et aider les membres à promouvoir le livre et la lecture auprès de leurs clientèles », il me semble qu’on essaye de faire preuve d’un peu plus de nuance et de cohérence…

J’ai entendu Raymond Cloutier ce soir faire l’éloge de cette stratégie à son émission de radio et je suis surpris, sommes toutes, que les médias n’aient pas donné écho davantage à cette bonne nouvelle! S’ils n’aiment pas parler des trucs positifs d’une commission scolaire qui a eu son lot de «mauvais articles » dans le passé, ils auraient pu au moins traiter la question sous l’angle de l’inconséquence de cette association de commerçants qui devrait ajouter à la suite de leur plaidoyer pour le livre « à condition qu’on les achète dans NOS librairies.»

Bravo aux responsables de ce bon coup qui sauront oublier rapidement les « pisse-vinaigre » en pensant aux enfants en train de lire cet été…

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10 Commentaires
  1. Gilles G. Jobin 16 années Il y a

    Je ne suis pas abonné au Devoir et j’ai donc seulement lu le chapo :
    « Ils regrettent que l’enveloppe d’un million de dollars de nouveaux livres destinés aux élèves n’ait pas été mieux répartie entre les librairies québécoises. »
    Cette seule petite phrase indique sans doute bien l’esprit de l’article : « Je pense à mon gain immédiat, et non pas aux élèves. »
    Je suis un amoureux de la lecture et je crois que la libération intellectuelle passe par ce moyen. Qu’une cs ait la brillante idée de laisser partir les élèves avec un livre pour l’été, je ne peux que saluer la chose.
    Quant aux libraires, s’ils ne comprennent pas qu’un élève qui apprend à aimer la lecture est un futur client, ils devraient changer de métier. Je n’aime pas les libraires qui n’aiment pas voir un enfant avec un livre…

  2. Gilles G. Jobin 16 années Il y a

    «Croyez-vous vraiment qu’un seul livre qui traînera tout l’été chez un élève lui donnera davantage le goût de lire ?», demande-t-il, s’interrogeant sur le nombre de livres qui seront peut-être perdus, à grands frais, au terme de cette opération, alors que les rayons des bibliothèques scolaires sont dégarnis ou mal remplis.»
    Sorry, mais j’ai oublié de commenter le texte ci-dessus. À mon avis, ce parent ne connaît rien au plaisir de la lecture. Car s’il était vraiment un lecteur, il saurait qu’un livre, un seul livre, peut à tout jamais donner ce goût de lire qui durera toute la vie.
    Par ailleurs, il est en effet probable que certains livres se perdront. Mais un livre, se perd-il jamais? Sans doute préfèrerait-il que ces livres restent bien sagement sur les étagères, toujours bien ordonnés, sans que personne ne les touchent. Ainsi, les bibliothèques resteraient garnies…

  3. Photo du profil de philo
    philo 16 années Il y a

    Bonsoir,
    Je suis libraire de profession, technicienne en documentation de formation et je veux vous dire, M. Jobin, que votre interprétation de la lettre des libraires est erronée. Il ne faut pas passer par l’élève pour défendre cette lettre. Oui les libraires savent que les élèves des écoles primaires, secondaires et autres sont de futurs clients. L’idée de donner un livre à un élève pour l’été est un geste magnanime. Là où le bat blesse est le fait que ces livres ne seront achetés que dans trois librairies alors qu’il en existe des dizaines sur l’île de Montréal. Chacune de ces librairies a une clientèle jeunesse particulière.Chaque libraire connaît sa clientèle de jeunes lecteurs et sait ce qu’il faut pour les accrocher.
    Je fais des expositions dans les écoles de l’île de Montréal et dans le secteur de la Commission scolaire des Affluents. Est-ce que je peux vous dire que chaque école a une clientèle unique, avec des goûts qui leur sont propres. La clientèle d’une école privilégiera les livres documentaires alors qu’une autre sera plus portée vers les romans, tout âge confondu.
    En répartissant l’achat des 77 000 livres entre les librairies de l’île de Montréal plutôt qu’en se limitant à trois librairies, on se serait assuré de fournir des livres plus pertinents à la clientèle des écoles de leur quartier.
    La loi 51 dit qu’il faut s’approvisionner DANS AU MOINS TROIS librairies. Le trois est un minimum et il n’y a pas de maximum indiqué.
    La CSDM aurait pu choisir une librairie dans chacun des quartiers qui l’abrite. Les élèves seraient assurés d’avoir des livres correspondant à leurs goûts et le libraire du quartier y trouverait, en deuxième lieux, son compte.
    Cessons de se faire du profit sur le dos des élèves. Ceux-ci n’ont pas à subir les affres d’une iniquité politique.

  4. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 16 années Il y a

    Mon billet pourrait s’intituler: «Preuve qu’il y a toujours quelqu’un pour parler sans …».
    Tout d’abord, dans un premier billet, voilà que M. Jobin ne lit que le chapeau d’un article paru dans Le Devoir et ne se gêne pas pour le commenter en prêtant des intentions malveillantes aux librairie: elles ne pensent qu’à leur «gain immédiat et pas aux élèves.»
    Il convient de préciser que les libraires n’ont pas condamner l’idée que la CSDM distribue des livres aux élèves durant l’été. Ils en ont condamné les modalités d’application, point à la ligne. C’est mal connaître ce domaine que de les critiquer ainsi. Plusieurs librairies ne doivent leur survie qu’aux achats des écoles et des commissions scolaires. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le MELS oblige ces dernières à acheter leurs livres et manuels auprès d’une librairie agrée et fixe même le nombre minimum de librairies avec lesquelles elles doivent faire affaire. En ne privilégiant que trois d’entre elles à la grandeur de l’ile de Montréal (on ne parle pas d’une petite commande), on peut se demander si la décision de la CSDM n’est pas teintée de favoritisme.
    Pour ma part, M. Jobin saute bien vite à certaines conclusions et adopte des attitudes pontifiantes à l’égard de ceux qui sont loin d’être des «vendeurs de livres». On dirait presque le schtroumpf grognon!
    Dans un second billet, voilà que M. Jobin sévit encore et estime qu’ un parent qui ne partage pas ses vues quant au projet de la CSDM ne connaît rien à la lecture et refuse que les livres quittent leur rayon des bibliothèques scolaires. Eh bien, on peut se demander ce qu’il connaît en matière de lecture, ce M. Jobin.
    Oui, parfois, un livre seul peut susciter des passions. Le roman Narcisse et Goldmund de Herman Hess a changé mon regard sur la vie. Mais un roman suscitera davantage d’engouement s’il est accompagné d’un parent, d’un ami, d’un modèle, d’un accompagnateur. La pensée de M. Jobin et de la CSDM relève de la magie et du romantisme étriqué. Tout le monde convient aisément que des condoms seuls dans une école ne suffisent pas à ce que les élèves comprennent l’importance des relations sexuelles protégées. Il en va de même pour les livres.
    Je suis enseignant de français depuis 14 ans. J’ai initié certains de mes élèves à la lecture en lisant avec eux, devant eux, en prêtant ou donnant mes livres, en répondant à leurs questions. Je ne crois pas que j’aurais eu le même impact si je m’étais bêtement contenter de leur fournir un livre pour l’été, encore plus si j’ignorais leurs gouts.
    À la question «Mais un livre, se perd-il jamais?», la réponse est: oui! Il se perd quand on n’en prend pas soin et qu’il se détériore, quand on le fout à la poubelle… L’amour du livre ne vient pas automatiquement, comme ça, chez un élève. Et un livre perdu, c’est un livre qui ne sera plus jamais lu par un autre enfant qui aurait eu envie de le feuilleter.
    Enfin, la question à se poser quant à cet aspect du projet de la CSDM est, je crois, si le ratio livres lus vs livres perdus sera intéressant. C’est peut-être une mentalité comptable, mais je dois avouer que je commence à être exaspéré de ces doux rêveurs idéologues qui jugent à tort et travers les gens sans prendre le soin de bien s’informer et dont les opinions dépassent à peine le stade du «je suis… j’ai… je crois que… je ne peux… je n’aime pas… à mon avis».
    Sur ce, bonne nuit à tous!

  5. Gilles G. Jobin 16 années Il y a

    Effectivement je n’avais lu que le chapeau. Depuis, on m’a gentiment envoyé l’article.
    J’ai sans doute erré en extrapolant aux enfants, car effectivement, Madame Francine, il n’est pas question des enfants ici, mais seulement d’argent.
    M. Papineau, je considère qu’un parent qui ne désire pas que ses enfants partent avec un livre pour l’été est un parent qui n’aime pas lire ou, en tout cas, n’a pas de plaisir à lire. Ce n’est pas son affaire de jouer au gérant d’estrade en supposant que que la CS n’a pas réfléchi au problème du retour. Il devrait jouer son rôle de parent et stimuler son jeune à lire avec plaisir.
    Par ailleurs, j’espère que les enseignants en profiteront pour parler « lecture » dans leurs cours, comme vous le faites dans votre cours de français. Si ce projet est, comme vous le dites, bêtement appliqué, alors je suis d’accord que l’impact sera plutôt faible.
    L’amour du livre? Qui sait comment l’amour se développe? J’ai d’ailleurs raconté, sur mon site, comment cet éveil s’est produit chez moi. Une aventure somme toute banale (plusieurs m’ont écrit pour me signaler pareille expérience chez eux) mais qui m’a marqué pour la vie.

  6. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 16 années Il y a

    Petit article du devoir à lire:
    «Celui qui défendait le projet Lire en été lors de son dévoilement la semaine dernière se retourne maintenant contre l’institution qui l’a mis sur pied. Michel Tremblay, porte-parole du projet d’achat et de distribution massifs de livres de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), demande à cette dernière de modifier sa politique d’acquisition.»
    http://www.ledevoir.com/2006/06/06/110955.html
    À la suite de sa prise de position, dans quelle catégorie placer Michel Tremblay?

  7. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 16 années Il y a

    Je suis assez surpris de la position que prend Michel Tremblay. En retournant sa chemise comme il le fait, il sème le doute sur le modus operandi soit, mais il porte aussi atteinte à l’objectif de la mesure même s’il dit être encore « en faveur du principe, du contenu de tout cela …». L’auteur de l’article rapporte que M. Tremblay n’a pas « rappelé Le Devoir avant la fin de la journée » et un intervenant mentionne « qu’il a eu après des informations qu’il n’avait pas eues avant ». J’imagine que la solidarité avec les libraires froissés s’avérait plus importante que les explications qu’a dû lui donner la CSDM.
    Mon point était que cette belle initiative me semblait commander un appui sans réserve. Gilles a bien résumé mon sentiment par rapport au parent cité plus haut, mais j’avoue que je commence à me demander si tout était assez bien attaché pour aller de l’avant comme ça c’est fait.
    Vous avez bien fait M. Papineau de soumettre cet article à notre discussion, car le retournement de Michel Tremblay n’est pas rien dans cette histoire qui prend de drôles de proportions. J’ai hâte de lire Le Devoir de tout à l’heure pour savoir s’il y aura un suivi.

  8. Gilles G. Jobin 16 années Il y a

    « À la suite de sa prise de position, dans quelle catégorie placer Michel Tremblay? »
    Dans la catégorie des écrivains exceptionnels, mais d’un homme « comme tout l’monde », i.e. influençable par des pressions capitalistes.

  9. Photo du profil de MarcSt-Pierre
    MarcSt-Pierre 16 années Il y a

    Bonjour !
    N’eut été du million en jeu, est-ce qu’on aurait fait une histoire avec ça ? Un livre pour chaque enfant, ce n’est pourtant pas la mer à boire. C’est juste qu’ici, les nombres en jeu donnent un caractère de démesure à cette initiative. Un milllion à la CSDM pour un livre par enfant,avec 74000 élèves au secteur des jeunes, c’est comme 30 000$ à la commission scolaire Pierre-Neveu, pour le même résultat. Est-ce qu’on ferait une nouvelle avec ça ?
    Chez nous, chaque automne depuis deux ans, le personnel des bibliothèques municipales se déplace dans les écoles défavorisées du centre-ville pour abonner les enfants et leurs familles. Cette campagne a connu chaque fois un succès important. Grâce à un code particulier accolé à chacun de ces nouveaux abonnées, il nous est possible de les suivre et de compiler des statistiques, et elles sont impressionnantes . C’est une initiative qui ne coûte pas trop cher et qui est porteuse de résultats. Si je calculais le nombre d’emprunts générés par cette seule action pour les élèves de ces sept écoles primaires (environ 2,200 emprunts pour 2000 élèves…) et que je le projetais sur le nombre d’élèves touchés par la mesure de la CSDM, c’est comme si les élèves du secteur des jeunes de Montréal avaient reçu chacun 1,1 livre, soit un total de 81 400 livres… Et on ne parle pas d’élèves qui REÇOIVENT, mais bien d’élèves qui se déplacent pour ALLER CHERCHER un livre… Et là, je ne parle pas des volumes qui se rendent à la maison via la bibliothèque scolaire.
    Excusez-moi, mais y’a des jours comme ça où je m’énerve un peu plus. Si MIchel Tremblay a un peu de temps pour ça, je l’invite à St-Jérôme. On n’est jamais trop à faire la promotion de la lecture, particulièrement dans les milieux défavorisés où c’est un outil d’émancipation et d’inclusion sociale. Mais je n’ai pas de leçon à lui faire là-dessus, compte-tenu de son parcours personnel. Il peut largement en témoigner.

  10. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 16 années Il y a

    Décidément numéro deux.
    Quand M. Jobin ne veut pas dire qu’il aurait dû simplement se mettre un pied dans la bouche avant de parler, il ne connaît qu’une technique: l’attaque.
    Le projet de la CSDM est en soi une bonne idée. C’est sa conception qui est discutable. Au Québec, à tort ou à raison, le gouvernement s’est donné des lois pour s’assurer que les libraires ne soient plus dépendantes des décideurs politiques des commissions scolaires. On ne voulait plus revenir au temps de Duplessis…
    Or, c’est bien cet aspect des choses que M. Jobin ne semble pas saisir: il faut éviter le favoristisme ou l’apparence de favoritisme dans l’attribution de contrats publics en éducation. Oui, les librairires crient pour des raisons monétaires. Cela invalide-t-il pour autant leur point de vue? Je ne crois pas. De dire de Michel Tremblay qu’il est influençable par les capitalistes est encore une entourloupette intellectuelle ridicule. M. Tremblay est surtout conscient de l’importance des petites librairies et de leur rôle dans l’épanouissement de la culture au Québec.
    J’ose espérer que M. Jobin n’utilisera pas la même porte de sortie pour nous expliquer pourquoi Brigitte Haentjens, metteure en scène, Yvon Lachance, de la librairie Olivieri (un institution culturelle à Montréal), Stanley Péan, président de l’Union des écrivaines et écrivains québécois, et Normand Provençal, président de l’Association des libraires du Québec, ont signé une lettre exprimant leur désaccord quant à la façon de faire de la CSDM.

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