Les cyberportfolios d’Opossum : vers un véritable ePortfolio socialement construit

Voici l’article soumis aux participants du colloque ePortfolio Québec 2006 en cette matinée du 12 avril 2006. Sous l’hyperlien ci bas, veuillez retrouver tous les détails qui vous permettront d’apprécier notre solution visant à doter des apprenants d’un outil original et évolutif en guise de ePortfolio…
Mise à jour du 26 avril : Lire cet article de Martine Rioux de l’Infobourg qui découle de la présentation.


Historique
Depuis septembre 2003, la société Opossum développe un outil de portfolio électronique en compagnie de partenaires institutionnels et individuels qui forment une communauté de pratiques. Les liens qui se forment et le réseau qui se construit se raffermissent et s’élargissent de semaine en semaine. L’aventure des cyberporfolios d’Opossum a débuté avec une école primaire, l’Institut St-Joseph. Une classe «communauté d’apprentissage» multi-niveaux de quarante-trois élèves débutait un programme où chaque élève était muni d’un ordinateur portable. La direction était à la recherche d’un outil qui pouvait archiver les travaux et permettre une certaine analyse réflexive. Au départ. chaque élève a disposé d’un espace privé personnel, d’un espace public personnel en plus de pouvoir contribuer sur un espace public collectif. Tous ces outils Web étaient construits à partir de blogues aménagés en grappes et configurés pour favoriser le partage, l’analyse réflexive et l’émergence d’une communauté d’apprentissage, L’approche a fait ses preuves et l’année qui a suivi les quatre autres classes du Pavillon St-Louis de l’Institut ainsi que trois autres classes du Pavillon St-Vallier ont utilisé les cyberportfolios dans le contexte des activités pédagogiques.
Pendant ces deux années, l’outil était davantage un lieu de diffusion de contenu qu’un portfolio électronique en ce sens que la fonction d’archivage était davantage développée que celle de l’analyse réflexive. Par contre, beaucoup de conversations Web ont eu lieu par l’entremise des commentaires. Au terme de ces vingt-quatre mois d’expérimentation, les cyberportfolios ont vraiment pris leur envol par une restructuration complète de l’outil. Depuis août 2005, les cyberportfolios d’Opossum sont maintenant en déploiement dans sept milieux scolaires (primaire, secondaire, universitaire) et institutionnels (formation continue d’adultes). Ces ePortfolios intègrent l’utilisation des logiciels sociaux dans le contexte de ce qui est convenu de s’appeler le « Web 2.0 » ou « sémantique ».
Description
Les nouveaux mots-clés de cette version de l’outil sont devenus des verbes: “Je partage”, “Je réfléchis” et “Je côtoie” ! Il fallait créer trois zones distinctes pour chacune de ces fonctions.
Je partage
Dans cette section qui correspond à la colonne de gauche du cyberportfolio, l’auteur présente ses productions dans un contexte empreint d’un maximum d’authenticité. Les archives de cette catégorie permettent de se représenter le fruit du travail de l’apprenant. Cette colonne représente ni plus ni moins que le cybercarnet public de notre première version des cyberportfolios 1.0.
Je réfléchis
Cette colonne de droite de la page d’accueil permet à l’utilisateur de revenir sur ce qu’il fait pour nommer ses apprentissages. Il est prévu différentes stratégies pour l’accompagner dans ses réflexions ou pour aider un guide supportant l’apprenant. Le principe étant qu’on ne peut bien construire ses apprentissages qu’à partir de ce qu’on peut nommer. En construisant son texte réflexif, un usager des cyberportfolios se voit offrir des questions l’aidant à réfléchir, mais il peut aussi composer son billet sans accompagnement. Aussi, en cliquant sur la fonction “commentaire” un visiteur peut également se voir offrir des questions pour accompagner le “propriétaire” du cyberportfolio dans ses apprentissages, s’il y a lieu. Cette section du carnet Web est déterminante dans la fonction “portfolio” de l’outil puisqu’elle favorise la réflexion en échafaudant (le “scaffolding” de Vygotsky) et en aidant à construire les apprentissages de l’utilisateur du cyberportfolio.
Je côtoie
Sur la page d’accueil, on ne voit pas cette section accessible tout de même en cliquant sur “la boîte” portant cette mention. En y accédant, le visiteur visualise les nombreux liens que l’apprenant entretient avec des personnes, des idées et des ressources. Pour apprendre, le voisinage intellectuel et les réseaux auxquels on appartient sont de précieux alliés. Il importe pour celui qui construit son patrimoine d’apprentissage de faire l’inventaire de tout cela; en le communiquant, l’auteur fait de nouveaux liens et en fait faire au visiteur du moment.
Utilisation
Il devient intéressant d’observer comment l’utilisation de ces outils à des fins d’apprentissage contribue à développer une culture de réseau chez les apprenants autant que chez ceux qui font apprendre. L’outil s’est enrichi des demandes et des commentaires de chacun des utilisateurs. La mutualisation des pratiques, enrichie par les multiples conversations Web asynchrones et l’utilisation des logiciels sociaux de deuxième génération sur le Web (Flickr, del.icio.us, 43 Things, etc.), développent la motivation des personnes qui deviennent des producteurs de contenu à valeur ajoutée. Le ePortfolio devenant un lieu de convergence des multiples utilisations personnelles, il provoque des changements notables dans le processus d’apprentissage et dans le parcours de formation. Les apprenants ont ainsi l’occasion de laisser facilement des traces de leurs apprentissages, de les classer dans le temps et par mots-clés, de recevoir beaucoup de rétroactions de la communauté, de nommer leur représentation de ce qu’ils retirent de ce cheminement; par là, ils identifient leurs acquis, leurs défis et les moyens qu’ils mettront en œuvre pour poursuivre leur cheminement.
Livrer ses états d’âme sur Internet et y partager ses réalisations peut sembler étrange pour qui ne croit pas à la puissance des réseaux, mais la plupart des gens qui tentent cet exercice remarquent des effets bénéfiques qui méritent d’être étudiés davantage. Certes, l’usage des ePortfolios socialement construit est jeune, mais déjà des indices d’un développement professionnel plus affirmé peuvent être décrits. Dans un article publié au Café Pédagogique français, certaines de ces manifestations ont été évoquées : « En privilégiant l’usage des blogues [dans un contexte de eportfolio], plusieurs compétences développées par les enseignants rendent l’outil encore plus performant et agissent sur le climat de la classe. Ça se traduit souvent par :

  • La migration vers le paradigme de l’apprentissage.
  • L’émergence de plusieurs stratégies pour faire apprendre.
  • L’utilisation progressive de la différenciation pédagogique.
  • La meilleure connaissance des styles d’apprentissage des élèves
  • L’utilisation en classe de tâches plus contextualisées, qui comportent un problème à résoudre, pour lesquelles un processus est valorisé et un produit obtenu.»

Il convient aussi de nommer certains avantages reliés à l’écriture sur le Web. Dans le domaine sportif, les entraîneurs connaissent les effets positifs de se produire en public. Après avoir expliqué les principaux rudiments et les principales règles du jeu, on applaudit les enfants qui jouent devant une foule prête à pardonner toutes les erreurs… à condition qu’elles finissent par se corriger. En musique, les enseignants considèrent que les gammes sont essentielles, mais ils savent aussi qu’il faut faire jouer les jeunes apprenants devant un public alors même qu’ils débutent leurs apprentissages. Pourquoi en matière d’écriture (et de développement de compétences, oserions-nous dire) faudrait-il faire autrement et ne pas permettre que s’exerce aux sus et au vu de tous, une partie des apprentissages? Les utilisateurs doivent prendre la décision de rendre public leurs réflexions et leurs productions de façon libre et responsable, évidemment. Ils doivent pouvoir construire leur «patrimoine»en privé s’il le désire, mais force est d’admettre que les interactions peuvent agir comme de puissants leviers pour rendre les apprenants de fameux demandeurs de connaissances. La gestion a posteriori permet aux utilisateurs de pouvoir visualiser rapidement le résultat de leur publication et cela agit souvent comme un facteur de motivation, mais il devient important de s’assurer que ceux qui font apprendre puissent avoir accès rapidement aux mises à jour des espaces Web configurés en ePortfolios. La syndication de contenu devient donc un élément clé d’un système ouvert et organique de développement de compétences.
Culture de réseau
La syndication de contenu et la simplicité de l’action de publier sur le Web tout en intégrant les logiciels sociaux montrent qu’une solution de ePortfolio centré sur l’apprenant peut augmenter la motivation à apprendre, à faire apprendre, et ce de façon qualitative autant que quantitative. Sur chaque environnement personnel et collectif, il est constaté de semaine en semaine une augmentation de la production et des visites par l’effet du développement du réseau et de la communauté d’apprentissage. Certaines actions des formateurs et des leaders de la communauté doivent être mises de l’avant pour maintenir la vitalité et les bénéfices de l’utilisation des ePortfolios; les interventions à base de questionnement, celles commentant certains billets clés pour alimenter la conversation et d’autres, pour réguler et modérer s’avèrent les plus importantes. Il peut arriver que l’utilisation de courriels porte davantage, mais ce genre d’intervention plus privé reste marginal en comparaison des interventions publiques et complètement « transparentes ».
Le choix de l’outil-blogue (« blogiciel ») derrière un ePortfolio socialement construit n’est pas neutre; il est important qu’il permette aux utilisateurs de personnaliser leur ePortfolio et qu’il y soit facile de bloquer les SPAM. Celui derrière les cyberportfolios d’Opossum est « Movable Type ». De plus, l’utilisation des blogues aménagés en portfolios numériques doit prévoir la formulation de règles en matière de publication Web et de respect de la langue que se fixent l’apprenant, le groupe d’apprenants et la communauté dans son ensemble. Devenant de plus en plus actifs dans leurs apprentissages et fiers de la « vitrine » qu’ils offrent sur le Web, il a été observé que les utilisateurs des cyberportfolios d’Opossum modifient leurs comportements de formateur et d’apprenant dans le sens d’une identification grandissante de leurs besoins personnels. Ceci a tendance à créer une pression pour la mise en œuvre de stratégies pédagogiques à base de différenciation, chacun voulant que la dynamique de la classe colle davantage à ce qu’ils découvrent sur les différentes façons d’apprendre.
Il devient intéressant de constater que tous les utilisateurs, jeunes et moins jeunes, sont en mesure d’identifier des changements substantiels dans leurs façons personnelles d’apprendre par l’utilisation des ePortfolios. Parmi ceux identifiés plus souvent, il y a ceux qui concernent l’écriture et la lecture, ceux qui sont d’ordre social et d’autres qui touchent ce que nous appelons au Québec, « les compétences transversales ». Les utilisateurs des cyberportfolios socialement construits d’Opossum disent écrire beaucoup plus souvent et lire bien davantage qu’auparavant. Le fait d’écrire sur un ordinateur et de pouvoir se corriger simplement et proprement (par rapport à l’utilisation du papier) est un facteur. Aussi, les apprenants racontent qu’ils apprécient pouvoir diffuser facilement le résultat de leur travail, qu’ils aiment beaucoup l’idée de recevoir des « feed-back » (oraux et écrits) sur ce qu’ils décident de rendre public et qu’ils ne sont jamais interrompus dans l’expression de leurs idées et réflexions. Ils expérimentent parfois d’être allés trop vite, trop loin dans leur propos, mais avec le temps, les mécanismes de régulation (encadrement en classe et conversation Web) adoucissent ces inconvénients. Au départ, les gens qui fréquentent le ePortfolio d’un apprenant sont souvent membres de sa famille ou de son environnement d’apprentissage, mais rapidement, plusieurs visiteurs viennent à la suite de requêtes effectuées sur les moteurs de recherches puisque les blogues sont très facilement indexés par ceux-ci.
L’utilisation des cyberportfolios procure également de la motivation à produire du travail bien fait en faisant en sorte qu’il devient plus facile d’acquérir les connaissances nécessaires pour développer des compétences et accomplir un travail de qualité. Le fait de constater qu’une audience se développe (au départ restreinte, plutôt familiale et institutionnelle) fait en sorte que chaque apprenant prend conscience des stratégies personnelles qu’il doit mettre en œuvre pour apprendre et démontrer la maîtrise de ces apprentissages. Un gain en autonomie et en méthodologie est identifié. L’utilisation des logiciels sociaux tels les blogues (avec ou sans intégration des outils « socionomiques » (Flickr, del.icio.us, 43 Things, etc.)) favorise l’élargissement de la communauté restreinte du départ. Le repérage en provenance d’internautes qui partagent les mêmes préoccupations et la manifestation de cette présence par les courriels et les commentaires agissent comme autant de leviers qui encouragent l’utilisateur à persévérer. Un plus grand utilisateur de Flickr va prendre plus de photos, va partager plus d’images et de plus grandes qualités qui vont occasionner plus de réactions, créant ainsi « une spirale » de motivation. Un apprenant (ou un formateur) qui prend davantage soin dans son furetage de poster ses trouvailles sur del.cio.us, va davantage mutualiser et recevoir en retour ce qui crée un transfert en motivation à persévérer ou faire davantage. Hyperlier tout cela sur son eportfolio et c’est la communauté que se construit encore davantage…
Prospectives
Les résultats identifiés dans cet article ne sont probablement pas exclusifs à l’utilisation des cyberportfolios d’Opossum. Ils sont ceux observés au Centre d’Apprentissage du Haut-Madawaska, à l’Institut St-Joseph, à l’École Douville et à l’Académie Antoine-Manseau; le déploiement de l’outil au Collège Saint-Charles-Garnier, à l’École Nationale d’Administration Publique et au Centre Muséopédagogique du Musée de la Civilisation de Québec est prometteur, mais n’a pas atteint un stade d’avancement qui nous permet de tirer quelques conclusions que ce soient… Néanmoins, il y a lieu de croire que la multiplication d’utilisateurs saura produire une communauté encore plus nourricière ce qui contribuera à aménager un contexte encore plus favorable à des apprentissages de qualité tout au long de la vie.
Autre références
Downes, Stephen (2004) «Educational Blogging», dans EDUCAUSE Review, vol. 39, no. 5 (September/October 2004): 14–26.
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