« On n’invente pas l’amour pour un homme politique »

Cette citation vient d’un article qui paraîtra demain au Devoir : « André Boisclair: un nouveau René Lévesque? » L’auteur, Simon Tremblay-Pepin, entretient des doutes sur la pertinence de « l’entreprise de marketing politique dans laquelle il s’est lancé [M. Boisclair] » cette semaine :

« En 1973, Pierre Bourgault écrivait à propos de cette relation [celle que les Québécois ont entretenue et entretiennent encore avec René Lévesque] qu’il s’agissait «d’une forme d’amour dont je n’ai jamais connu l’équivalent en politique québécoise. Et ce sont toujours les termes de l’amoureux éperdu ou dépité que chacun, adversaire ou allié, utilise pour décrire ses relations avec René Lévesque. On ne critique pas René Lévesque, on le démolit injustement. On ne loue pas René Lévesque, on l’accepte sans discussion, aveuglément, l’oeil en feu, comme aux premiers temps de la passion amoureuse». Y aurait-il, au Québec, un rapport passionnel à André Boisclair ? Les discussions s’enflamment-elles quand son nom est prononcé ? Attise-t-il les passions autant amoureuses que furieuses ? Porte-t-il avec lui un projet pour tout un peuple ? Écrit-on des chansons à son propos ? Est-il le symbole d’une libération à venir ? »

M. Tremblay-Pepin signe son texte en tant «qu’étudiant à la maîtrise en science politique à l’Université du Québec à Montréal ». Je ne sais pas si c’est le même qui a co-écrit ce texte dans une publication indépendantiste et fortement à gauche, mais force est d’admettre que l’analyse ne permet pas beaucoup d’équivoque : M. Boisclair prétend à un statut que d’aucuns ne sont pas prêts de lui accorder…

Il est amusant de constater qu’il y a un Simon Tremblay-Pépin qui agit en tant qu’attaché de presse de Manon Massé de Québec solidaire dans Sainte-Marie-Saint-Jacques (comme en témoigne ce document) et qu’il y en a un autre qui oeuvre au journal satirique Le Couac; à moins que nous soyons à chaque fois en présence du même homme?

Je ne prétends pas que l’opinion de M. Tremblay-Pépin soit dénuée de sens. Je m’étonne que cette charge vienne d’un militant de la gauche, de un, et d’un membre (ça reste à vérifier) d’une autre formation politique du même côte de l’échiquier politique que lui (tout en ne s’identifiant pas comme tel). On rencontre parfois dans les médias des analyses qui postulent que le PQ se fera doubler par sa gauche dans certains comtés; il semble que le moindre geste du chef du Parti Québécois sera scruté à la loupe par chacun de ses adversaires et que les détracteurs vont venir de tous les côtés, peut-être même de celui où on ne s’attend pas à des tactiques de ce genre…

Il n’y en aura pas de facile!

5 Commentaires
  1. Photo du profil de ClementLaberge
    ClementLaberge 16 années Il y a

    Hum… si je n’ai pas de problème avec le fait qu’un auteur du Couac ou de La Gauche publie sous le titre d’étudiant en sciences politiques à l’UQAM… il en va tout autrement s’il agit d’autre part comme attaché de presse.
    Dans l’hypothèse où il s’agit d’une seule et même personne, je formule deux hypothèses:
    1. l’auteur a délibérément « caché » une partie de son identité aux lecteurs de son texte pour éviter de devoir répondre de sa subjectivité. Ce serait de la couardise.
    2. l’auteur ne pouvait pas associer Québec Solidaire ou Manon Massé à son opinion, n’ayant pas d’autorisation nécessaire ou ne voulant pas mettre dans les mettre « inutilement » dans l’embarras. Ce serait une preuve d’incoérence personnelle: quand on accepte d’être attaché de presse, on accepte d’assumer la réserve (ou la transparence) qui accompagne le rôle.
    Dans les deux cas, j’y vois un manque de jugement.
    Quoi qu’il en soit, dans un cas comme celui-là, on peut même se demander si Le Devoir n’aurait pas lui-même dû lever l’ambiguité. Est-ce qu’en 2006 un journal ne devrait pas systématiquement « googler » le nom de quelqu’un qui soumet un texte pour publication?

  2. Photo du profil de AndreChartrand
    AndreChartrand 16 années Il y a

    « Quoi qu’il en soit, dans un cas comme celui-là, on peut même se demander si Le Devoir n’aurait pas lui-même dû lever l’ambiguité. »
    Ne serait-ce pas un peu excessif dans ce cas précis, Clément? Pour censurer un texte ou lui ajouter une information qui lui donne une toute autre portée, ne faut-il pas que la faute dont le texte est porteur soit beaucoup lourde?
    Enfin, je ne sais pas, mais cet appel à la censure ne me paraît pas justifié dans les circonstances.

  3. Photo du profil de ClementLaberge
    ClementLaberge 16 années Il y a

    Attention André!
    Je n’ai jamais fait d’appel à la censure. Loin de moi cette idée! Le texte est pertinent, il est bien écrit… pas de quoi le censurer.
    Par contre, lui ajouter une information qui lui donne une toute autre portée, comme tu dis, oui, tout à fait, pourquoi pas?
    Je maintiens que Le Devoir aurait pu googler le nom de l’auteur simplement pour communiquer si nécessaire avec lui et préciser son statut (ce qui a peut-être été fait, je n’en sais rien).
    Dans Le Monde, il y a presque tous les jours un encadré avec six, sept, voire huit « précisions et rectificatifs ». On y trouve des corrections sur l’orthographe de nom ou de prénom ou sur des statistiques, bien sûr, mais aussi des précisions de ce type concernant des auteurs ou des personnes citées — des infos qui sont sans doute signalées par les lecteurs. Y a-t-il des journaux québécois qui font la même chose?
    Évidemment, on peut aussi se dire que c’est le rôle des blogues de faire ce travail et que ce n’est pas le problème de la presse d’offrir ce type de travail d’approfondissement à ses lecteurs…
    Est-ce que ce ne serait pas plutôt un bel espace de collaboration entre les deux types de médias?

  4. Photo du profil de AndreChartrand
    AndreChartrand 16 années Il y a

    Tu as tout à fait raison, Clément, l’expression « appel à la censure » n’était pas appropriée.
    En ce qui concerne les « précisions et rectificatifs », je n’aurais pas de difficultés avec des rectificatifs d’orthographes, c’est mineur. Mais à partir du moment où des « précisions et rectificatifs » altère la portée du texte ou le place dans une perspective différente, là je suis réticent. Je ne saurais dire pourquoi exactement, mais cette idée ne me plaît pas du tout. Quand un quotidien décide de publier le texte d’un citoyen, il me semble préférable qu’il laisse ce genre de travail aux éditorialistes, aux lecteurs et aux blogueurs.
    Peut-être que je serais rassuré si je lisais Le Monde pour voir comment cette pratique se concrétise exactement. D’ailleurs, les lettres de citoyens publiées dans La Presse et Le Devoir sont souvent coupées. Cela ne m’a jamais vraiment dérangé. J’ai toujours pris pour acquis que ces deux quotidiens faisaient ce travail en ayant le souci de rester fidèle au sens général du texte original.
    À ma connaissance, les quotidiens québécois publient des rectificatifs, mais ils concernent les articles des ses journalistes. Personnellement, je n’ai jamais vu de rectificatifs ou des précisions qui concernaient un texte provenant d’un lecteur.

  5. Maude 16 années Il y a

    Manon Massé a fait un campagne en mai. Une campagne partielle et locale. Dans un parti qui vient d’être créé. Elle n’est pas une politicienne. Vous pensez vraiment qu’elle a encore un attaché de presse? Ne serait-il pas plutôt possible qu’elle ait eu une équipe seulement le temps de l’élection?
    Et de toute façon, ne sommes-nous pas tous plusieurs choses? Si il a écrit ce texte de manière personnelle, comme une analyse d’un étudiant en science po, qui a toute la liberté et l’indépendance de réfléchir hors de ces autres rôles, n’est-il pas juste qu’il signe comme tel? Ou aurait-il dû aussi nous dire ce qu’il fait de ces temps libre? Est-ce que son orientation sexuelle aurait aussi changé quelque chose? Et comment gagne-t-il sa vie? Est-ce qu’il aurait le droit de critiquer Boisclair si il était analyste en sondage? Et? Et? Et?
    C’est un texte d’un étudiant en science po. Il a aussi le droit de n’être que cela quand ça lui tente. Ce n’est pas à un journal à lui imposer ses rôles.
    Mais si ça vous scandalise, écrivez au Devoir. Faites publier une lettre.

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