Virginie, Watatatow et tous les autres : Un monde à part!

Pendant que de petits coquins (qui se reconnaîtront) tentent par courriel de me « piquer » pour mon manque de régularité sur ce blogue, je reçois quelques demandes inusitées :

« Je suis journaliste et je suis tombé par hasard sur votre site, car je recherche des professionnels de l’éducation qui auraient des commentaires à faire sur les émissions de télé qui se déroulent dans le milieu scolaire, comme Virginie. Et en plein été, ce n’est pas facile à trouver! Auriez-vous des commentaires ( que vous aimiez ou non ces émissions)? Une ligne à l’eau… Merci! Et bravo pour votre site! »

La tentation est forte d’ignorer cette invitation à commenter puisque que par définition, un téléroman est là pour divertir; je doute que l’opinion du « professionnel que je suis » (et celles des autres qui passent par ici de temps à autre) ait sa place pour juger de la valeur de l’exercice que se livrent les équipes de Virginie, de Watatatow et d’Un monde à part. D’un point de vue éducatif, je peux risquer certains commentaires, mais d’un point de vue divertissement, mon opinion vaut bien celle d’un autre téléspectateur. Il doit bien y en avoir de nombreux à aimer ce qu’ils voient puisque ces séries sont parmi les plus longues à avoir tenu l’antenne…

L’école et les jeunes intéressent l’amateur de télé, assurément!

La vie à l’école Sainte-Jeanne-d’Arc (l’école secondaire où se situe principalement l’action dans Virginie) ressemble-t-elle à la vie dans une école secondaire lambda? Non, vous diront la grande majorité des intervenants du monde scolaire. Il y a bien un fond de ressemblance, mais l’auteur serait probablement d’accord pour dire qu’elle condense tout ce qui pourrait arriver à des personnages gravitant dans une école et qui pourrait captiver le téléspectateur sans se soucier de savoir si c’est réaliste. L’exercice de fabrication d’un téléroman n’en est pas un de réalité et a beaucoup plus à voir avec la vente d’un produit… En ce sens, la question à laquelle j’aurais le goût de répondre est bien plus : les téléromans du genre de Virginie projettent-ils une image du réseau scolaire qu’il me plaît de recevoir comme téléspectateur à la recherche d’un divertissement?

J’écoute régulièrement les trois émissions citées précédemment depuis plusieurs années. Sur Watatatow, j’ai été rapidement impressionné par le fait qu’on y traite de sujets comme le sida, l’homosexualité et le suicide chez les jeunes. Chapeau! J’ai toujours cru que le silence entourant ces sujets n’était pas sain et que la télévision pouvait amorcer certaines discussions dans les salons. Même sentiment à l’écoute des péripéties de l’école de théâtre de Karine dans la suite du Monde de Charlotte où les situations marginales et parfois invraisemblables qui tenaient lieu de scénario débouchaient immanquablement sur des discussions en famille chez nous, à la maison.

Pour ce qui est de Virginie, je dis souvent à ceux qui me demandent pourquoi j’ai du plaisir à écouter l’émission que ça me rappelle tout ce qui a de plus tordu dans ma vie de directeur que je revois avec un certain recul. La vraie vie dépasse toujours la fiction et ce condensé de ce qu’il y a de plus inusité pouvant arriver dans le monde scolaire ne peut survenir dans une seule école, à une seule enseignante (Virginie). Néanmoins, l’incongruité des événements qui atterrissent dans la vie des personnages de Virginie n’est pas représentative de ce que rencontre l’enseignant type au Québec. En réalité, la vraie Virginie enseigne beaucoup plus et se trouve moins souvent dans des quêtes de pouvoir, de séduction ou devant des drames aussi déchirant. Des Lacailles, il doit bien en exister, mais le stéréotype du prof casse-pieds qui fait usage d’autant d’allusions malveillantes reste une minorité, pas la norme! Ça ne me désole pas pour autant de regarder ces caricatures de profs qui sont vendeuses et je ne reprocherai pas à Mme Larouche de les utiliser à satiété; sauf que ça ne contribue pas à valoriser l’image du réseau scolaire qui souffre d’une image déphasée à plusieurs égards. Le fonctionnaire véreux, le syndicaliste magouilleur, la religieuse pédante et l’animateur de pastorale exalté… c’est un peu facile. Par contre, je dois dire que le directeur isolé et submergé, le tenancier de casse-croûte « gros bon sens » et les élèves du cheminement attachants, je dois dire que c’est plus proche d’un reflet fidèle de mon vécu. Je ne parlerai pas des allusions privé/public totalement clichées…

Je ne sais pas si le journaliste qui m’a contacté sera à l’aise avec le fait que j’ai blogué mes réflexions plutôt que de lui retourner tout ça par courriel, mais une chose est sûre, la discussion peut enrichir ces propos qui ne se veulent que des opinions du vendredi soir…

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