Un engagement dans les usages du représentant de Microsoft Tunisie

On ne fait pas des affaires de la même façon en Tunisie. Le représentant de Microsoft Tunisie est au centre de l’animation de ce colloque. Il est au service des organisateurs pour les questions techniques et il s’implique dans les questions des usages qui sont faits du matériel (logiciels et autres) ce qui serait impensable chez nous, il me semble. Il est là aussi pour animer. Hier, au début de ma conférence, il y avait un retour de son très incommodant qui m’a permis d’illustrer que parfois, il est préférable de ne pas utiliser la technologie; ma voix de surveillant de dortoir m’a bien servi… Sidi Ali a tenté de me refiler un autre micro et nous avons reparlé de cette anecdote au terme de mon allocution. Je lui expliquais que j’étais presque content que ce soit arrivé parce que la situation m’a permis d’illustrer une des idées fortes que je voulais «passer» : la technologie doit devenir transparente et elle doit répondre à des besoins. Quand ça devient plus compliqué de passer par la technologie pour répondre à un besoin et qu’en plus, le résultat n’est pas meilleur, il faut la laisser de côté. Sidi Ali était très à l’aise avec cette idée et il ne s’est pas gêné pour reprendre ce message à d’autres moments du colloque.
Le partenariat entre Microsoft et le ministère de l’Éducation de la Tunisie fait en sorte que le représentant de l’entreprise n’est pas perçu uniquement comme étant centré sur sa mission de vente; il devient une personne qui favorise des usages productifs qui veulent favoriser la réussite scolaire. Personne n’est dupe dans la salle et chacun sait qu’en bout de ligne, Microsoft trouve son compte dans l’échange. Mais chacun des paliers profite également de l’expertise d’une personne qui travaille à faciliter les choses sans qu’il soit question des équipements Microsoft dans toutes les situations. Je me suis senti à l’aise de présenter mes idées à l’aide de mon Mac, par exemple. J’ai été recruté par Microsoft France (disons-le) et j’ai traité dans mes interventions des limites de l’approche de Microsoft sur la question des blogues par exemple. Je n’ai senti aucun malaise…
Dans ce colloque, il est question de bien d’autres entreprises que Microsoft. On y parle de logiciel libre, de Apple, de HP et de logiciels différents, les uns des autres. Il y a toujours des questions et des réponses lors des présentations… Parfois, on lance des fleurs, parfois on fronce les sourcils. Et les questions remettent en cause le ministère à l’occasion. Je n’ai rien vu de particulier si je compare à ce qui se passe au Québec en matière de libre circulation de l’information et d’échange de point de vue divergent. Une chose est sûre, il y a une façon de faire des affaires et de se rendre au service des autres ici qui n’est pas commune à celle que nous rencontrons chez nous trop souvent…
Sidi Ali qui était prof d’université avant d’être directeur chez Microsoft Tunisie me dit qu’il s’en donne une mission de représenter Microsoft de cette façon. Il dit ressentir aucune pression de ses patrons à pousser plus fort sur les ventes et aller contre la culture du pays. Il me racontait qu’à des étudiants rencontrés récemment, il abordait la question du piratage des logiciels avec un autre angle. Il leur racontait qu’il était sensible à l’idée que peut-être sa compagnie ne faisait pas assez d’efforts pour rendre accessible ses produits sur le marché et que cette pression est un incitateur qu’il veut prendre en compte. Pendant l’embargo en Libye, il ne pouvait pas faire grand-chose pour le piratage des produits Microsoft, mais maintenant que le marché est ouvert, il n’a pas une approche de rendre coupable les gens; il travaille à faire valoir son point, doucement.
Les gens qui vont me lire me trouveront bien naïf de tenir ce genre de discours, mais c’est ce qui m’a habité ce matin du 15 décembre assis en bordure de mer Méditéranéenne… Je n’ai pas rencontré que des gens habiles sur le plan social depuis mon arrivée ici et je ne vous dis pas que Sidi Ali ne sait pas se montrer plus ferme devant des participants moins de bonne foi, disons. Mais j’ai reconnu chez ce représentant de Microsoft la même force tranquille que chez celle de Thierry qui représente la même entreprise pour la France. Claude Lutggens me semble aussi fait de la même fibre dans sa façon de représenter HP en Europe. Pourquoi forcer les choses si à moyen et long terme, on a confiance dans son produit. Mieux vaut laisser les gens «libres» de regarder les alternatives, mieux définir ses usages, travailler sur le produit pour qu’il réponde le mieux possible aux besoins et continuer de proposer doucement son offre. J’aime bien cette façon de faire.
Pendant mon séjour ici en tout cas, il y a eu bien des blagues sur une entreprise et une autre, mais j’ai senti de la coopétition en tout temps… C’est rafraîchissant!

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