Les nouvelles technologies, ces outils diaboliques

Will Richardson se demande ce matin quelles sont les interventions les plus propices pour influencer un certain ton défaitiste rencontré dans sa pratique. Plusieurs commentaires insidieux d’enseignants et la lecture de cet article du «Time Business» le porte à analyser les résistances des enseignants face à l’utilisation des TIC en classe et au niveau de réelle participation à la vague du Web 2.0 quand on lit que 99% des visiteurs de ces genres de site sont plutôt passifs et agissent en consommateur alors qu’on voudrait qu’ils s’investissent dans la «conversation». Il n’est pas midi et près de 25 commentaires sont apparus chez «weblogg-ed».
Hier, c’était Martin Bérubé qui voulait pousser plus loin la réflexion sur la Culture de réseau qui tarde à émerger à des endroits où on pourrait penser que ce serait plus rapide. Au même moment que Will, François Guité affirme que «L’éducation n’appartient pas à l’école», mais qu’il faut s’inquiéter du relatif silence dans les écoles des enjeux «d’une nouvelle dynamique de l’apprentissage». D’ailleurs, ce dernier texte m’a conduit chez Michel Desbiens et Nathalie Chantal qu’il me tardait de pouvoir lire dans la blogosphère; bravo!
Ma réaction ce midi (et c’est ce pourquoi je voulais garder une trace de cette réflexion dans mon cyberportfolio) est concentrée en deux réflexes:

  • Lorsque le livre est apparu suite aux innovations de Gutenberg, il semble que les gens aient vite diabolisé la «nouvelle technologie» parce qu’elle isolerait davantage les individus et qu’elle changerait de façon négative le rapport aux savoirs. Imaginez: des gens qui s’échangent des connaissances autrement qu’en étant «face à face», entre humains. Pas possible. Je ne parle pas des mises à l’index… Je me dis qu’il faut accueillir ces réactions, mais qu’ils ne doivent pas nous paralyser dans les actions à poser.
  • Dans un milieu comme l’école ou la classe, dans lequel nous avons «appris» bien davantage à s’isoler, à se protéger, à retenir et à ravaler qu’à s’ouvrir, à s’affirmer, à se laisser aller et à verbaliser, il ne faut pas s’étonner que la logique «consommateur» prime sur celle plus «collaborateur». Comme le suggérait Gilles Jobin (source ici) «La difficulté dans l’expression « culture de réseau » n’est pas le réseau, mais bien la « culture ».» C’est à un changement de culture que nous nous attaquons… Parmi les responsabilités de notre adhésion à un réseau, il y a celles de contribuer, d’enrichir, de réagir et de nommer nos silences… La bonne réaction pourrait être d’apprendre à «donner sans recevoir en retour» (source ici); je ne crois pas qu’il faille construire cette culture de réseau en acceptant à terme que ça puisse se faire sans désirer (ou demander?, ou exiger? ) «un retour».

Je m’arrête ici ce midi… et j’attends un peu de retour, ici ou dans les quelques conversations précédemment citées…

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2 Commentaires
  1. Martin Bérubé 15 années Il y a

    Salut Mario,
    Belle réflexion.
    Je suis d’accord avec toi qu’en temps normal, il ne faut pas exiger un retour des participants dans l’émergence spontanée d’un réseau.
    Par contre, je me questionne beaucoup lorsque la culture de réseau est le lietmotiv même de ce réseau.
    Au RÉCIT, la Culture de réseau est enchassée dans le texte qui a donné naissance au réseau. Il me semble que l’on puisse exiger une plus grande participation; surtout de s’engager dans des débats de fond. Je me questionne à savoir si tous les membres du réseau du RÉCIT ont la même compréhension de ce que c’est que la culture de réseau.
    Selon moi, le modèle de l’enseignant qui intègre les TIC, qui enseigne avec l’ordinateur au lieu d’enseigner l’ordinateur est à inventé. Cette invention ne peut se faire « à la Édison »: Seul dans son laboratoire.
    Selon moi, le Web est un immense laboratoire où tout le monde apporte sa contribution. Moi, ce que je souhaite, c’est que tous les membres du réseau du RÉCIT contribuent à inventer ce nouveau modèle en réfléchissant collectivement. Selon moi, notre contribution se limite uniquement à produire du matériel didactique ou à expérimenter des applications pédagogiques des TIC. Nous devrions pousser plus loin notre réflexion et le faire sur le Web. Nous disposons maintenant des outils pour le faire et cette discussion ne doit surtout pas se faire à huis clos. Elle doit impliquer les premiers concernés: les enseignants!
    Mais, il faut prendre ce que j’écris avec un grain de sel; je ne fais que fabuler! ;o)

  2. Photo du profil de FrancoisGuite
    FrancoisGuite 15 années Il y a

    1 % d’une multitude, c’est déjà beaucoup. Je suis d’accord avec le commentaire de Harold Jarche sur le billet de Will Richardson :
    Did you think it would be easy? As Ghandi said, “First they ignore you, then they laugh at you, then they fight you, then you win.”
    Gilles a misé dans le mille en ciblant la culture. Que peut-on espérer d’une éducation qui a toujours privilégié l’individualisme et la compétition? Ce n’est que patiemment que l’on peut instaurer une culture de collaboration.

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