Ce qui change, ce qui ne change pas ou la connaissance de ce qui précède

Tout comme Martin Lessard, j’ai été frappé cette semaine par l’excellent billet de Jacques-François Marchandise de la Fing, «Les Prénumériques». Il faut dire que je m’intéresse de près à tout ce qu’écrit Jacques-François puisque j’aurai le bonheur de travailler avec lui au FormaCamp rhônalpin de février prochain près de Lyon. Dans le contexte de cette semaine qui se termine, ce texte arrive à point:

«On est toujours le prénumérique de quelqu’un. Le petit frère habile, le collègue averti, l’expert sur la brèche, le vendeur condescendant, le concurrent compétitif, la grand-mère blogueuse, l’hôtelier branché ou le bricoleur passionné nous expliquent comment il faut s’y prendre : l’innovation étant devenue la norme, il ne s’agit pas d’être en retard et de freiner le changement. Les lycéens ne comprennent pas bien les pratiques des collégiens, les blogueurs peinent à se transformer en twitteurs, les pionniers du web ont commencé par rater la marche du web2 comme les informaticiens les plus pointus ont méprisé la micro-informatique à ses débuts.»

«Les temps changent», comme l’illustrent si bien les différentes versions de la vidéo de Jean-Marie Le Ray et Karl Fisch. Mais il y a des choses qui ne changent pas et, de façon à bien prendre la mesure de ce qu’est le progrès et la régression, la connaissance de ce qui précède est essentielle. Force est d’admettre que nous perdons parfois de vue les chemins par lesquelles nous traversons le temps.

Avant d’aller au lit hier soir, je lisais ce billet de Tristan Péloquin dans lequel il avoue en même temps, ne pas être «un gros fan de journalisme citoyen» et aimer beaucoup la photo suite au crash du vol 1549 de US Airways dans le fleuve Hudson diffusée par un simple citoyen sur le réseau social Twitter; «c’est la plus saisissante», écrit-il. C’est souvent comme ça que ça se passe… Un nouvel usage, un outil différent, une mode ou une connaissance accrue d’un phénomène nous frappe et sur le coup, on peut résister/se laisser tenter, mais ce qui restera au bout d’un certain temps, dépend beaucoup de notre expérience précédente, des résultats escomptés, de ce que «nous coûte» le fait de renoncer à ce qu’on délaisse et du «gain» qui en résulte. Une sorte de mélange entre les principes de la loi d’Homans et de la théorie du point de bascule, en quelque sorte…

D’ailleurs, Yann Leroux se sert lui aussi du «There is a plane on the Hudson» pour aborder la question du «mythe de l’Internet».

« »L’avion dans l’Hudson » est un mythe de l’Internet. Il dit la rapidité de la circulation de l’information. Il dit qu’il n’est pas un événement qui ne puisse être couvert, une place qui ne soit accessible. Il dit l’ubiquité et la simultanéité. Partout, l’oeil de l’appareil photographique d’un téléphone cellulaire peut enregistrer un événement et le partager avec les multitudes. On peut maintenant étendre la proposition de Barthes: « Chaque événement du monde peut passer d’une existence fermée, muette, à un état oral, ouvert à l’appropriation de la société ».»

Revenons à Marchandise et au lien que toute cette documentation me permet de faire avec la semaine que je viens de vivre. Mon rôle d’animateur de communautés (de pratiques, d’apprentissage, etc.) prend de plus en plus de place au quotidien. Cette semaine, à l’aide de BuddyPress, j’ai initié une vingtaine de mentors de la personne en affaires au beau monde du travail collaboratif et je les accompagne depuis ce temps, en ligne, dans leurs apprentissages du numérique. À terme, nous serons plus d’une centaine à cheminer dans cet environnement, par ce moyen, pour agir, partager des idées, de trouver des solutions à des problèmes ou réaliser des projets en se donnant de nouveaux moyens de le faire ENTRE les moments où nous sommes en présence les uns des autres. Je débuterai cette semaine le même processus avec le Conseil québécois des ressources humaines en culture (CQRHC). Je me dois de garder en tête ce qu’affirme Jacques-François Marchandise:

«Pour comprendre la plupart des domaines de notre monde, le numérique n’est souvent pas la bonne entrée, en tout cas il n’est jamais la seule.»

Je veux dire par là que l’enjeu du numérique n’est pas central dans la dynamique que je veux enrichir avec ces équipes de travail (comme avec les nombreuses autres que j’anime) qui ont déjà un grand historique de vie en tant que groupe (ou communauté). La connaissance de ce qui précède les changements que nous voulons introduire est d’une importance capitale pour que ce qui change apporte de la valeur… Ce n’est pas si certain!

Pour paraphraser Yann (et Barthes): «Chaque événement dans notre communauté peut passer d’une existence fermée, muette, à un état oral, ouvert à l’appropriation des membres». Avant de voir jusqu’où on agrandit le «cercle de nos amis», je crois qu’il est sage de constater les impacts du «mythe de l’Internet» sur chacun des individus tout «durablement prénumériques» que nous soyons, avec nos lenteurs/rapidités individuelles en attendant de voir les effets de bascule qui s’ensuivront, ou pas.

«Il n’y a pas lieu de s’en inquiéter, mais d’y prêter toute l’attention nécessaire.»

Bon… Je m’en vais voir du côté de la vidéo, maintenant…

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1 Commentaire
  1. […] de vivre cette époque des grands changements où l’on observe la venue de ces jeunes prénumériques (Marchandise 2009) qui seront eux-mêmes dépassés par d’autres? De voir circuler partout, […]

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