Le complexe Kennedy

Sur la page de présentation des conférenciers du Congrès 2009 de la commission des jeunes de l’ADQ, on dit de Réjean Breton qu’il est «un antisyndicaliste notoire». Il a été à la hauteur de sa réputation ce matin devant les jeunes adéquistes et trois des candidats à la chefferie. Adoptant un ton mi-moqueur, mi-condescendant, il a prédit que «Le modèle québécois (s’il existe), celui sur lequel est assis le syndicalisme au Québec, va bientôt disparaître sous ses pieds».
Je ne m’étendrai pas longtemps sur la teneur du discours de M. Breton n’ayant pas l’habitude d’intégrer dans ma ligne éditoriale ici, le mépris envers «les syndicaleux» (c’est comme cela qu’il nomme ceux qui oeuvrent dans les syndicats au Québec et qui « cherchent à cacher la compétence », selon lui, « pour ne pas qu’on la trouve »»). Je veux quand même garder la trace d’un «concept» qu’il s’est employé à développer en début d’intervention, «Le complexe Kennedy». En gros, ce serait l’idée que «les gosses de riches se sentiraient coupables, par défaut; conséquence, ils se lancent en politique et donnent l’argent des autres pour se déculpabiliser.»
Au dîner qui a suivi, j’ai eu l’occasion de prendre le lunch avec des jeunes participants au congrès et le candidat Gilles Taillon était à notre table. C’était intéressant d’entendre M. Taillon raconter qu’à l’époque où il était Président du CPQ, il aimait bien participer à des débats où M. Breton était invité. «J’avais l’air d’un gars qui pouvait presque plaire à Françoise David à côté du personnage Breton». Entre autres, M. Breton croit dur comme fer qu’au Québec, nous sommes actuellement en situation de «monopole» en éducation, malgré la présence du réseau privé (bon, une partie des établissements privés sont «semi-publics», je l’admets). Quand je lui ai fait remarquer qu’il y a une certaine concurrence en éducation, je n’ai pas eu grand succès.
Pour revenir à M. Taillon, je trouve intéressant le fait qu’il ne tente pas de placer le débat uniquement dans la perspective «droite vs gauche». Une anecdote sur le sujet… Il était question dans notre jasette au dîner de l’accès au crédit qui était perçu par les jeunes autour de la table comme étant beaucoup trop «facile» par le biais des cartes de crédit, notamment. Les jeunes se montraient scandalisés de recevoir automatiquement des extensions de leur limite de crédit, sans l’avoir demandé, par les institutions financières. Même si c’est possible de la refuser, les jeunes demandaient à M. Taillon ce qu’un gouvernement adéquiste sous sa direction pourrait faire sur ce sujet. Sa réaction était que légiférer sur l’accès aux cartes de crédit n’était pas la meilleure des approches. Pour lui, récupérer le pouvoir du gouvernement fédéral de légiférer sur les taux des cartes était beaucoup plus efficace. Quand je lui ai fait remarquer qu’il m’avait semblé que c’était dans le programme du NPD au Fédéral (à moins que je ne me trompe), il m’a tout de suite dit… «Tant mieux, ça reste une bonne idée! Je vais travailler à faire cheminer toutes les bonnes idées qu’elles soient identifiées à la gauche ou pas».
Comme quoi on se trompe quand on identifie que tous les membres de l’ADQ adoptent nécessairement que des mesures à droite de l’échiquier politique…
N.B. Parlant de M. Taillon, devant le fait que quelques participants au colloque étaient aussi jeunes qu’âgés de 16 ans, un de ses lieutenants, Jean-François Gosselin, disait tout haut «Qu’est-ce que je faisais à seize ans?» Je vous passe les explication de chacun, mais à cette âge, Gilles Taillon était batteur dans un groupe de musique, «Les Excentriques», si j’ai bien entendu… «Avant qu’ils deviennent populaires», a-t-il ajouté!
Mise à jour du 24 août: Le journaliste Ian Bussières a transformé «mon scoop» en un bel article dans le Soleil. Merci à lui d’avoir mentionné «sa source» et bravo d’avoir poursuivi «l’enquête»!
Mise à jour du 24 août: Plus sérieusement, Gilles Taillon a dévoilé sa plateforme aujourd’hui…

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1 Commentaire
  1. Photo du profil de JonathanBoyer
    JonathanBoyer 13 années Il y a

    À mes yeux, choisir les « bonnes idées » entraînent inévitablement une incohérence du discours et l’incohérence se fonde souvent sur un manque de logique.
    Monsieur Breton a peut-être une position radicale, par contre on ne pourra rarement le prendre en défaut de se contredire sur ses positions. Alors que ce n’est pas tout à fait le cas pour M. Taillon.

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