Culture : battez-vous, mais ne vous faites pas mal!

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».

J’ai loué le film Les Monuments Men vendredi soir. Il pleuvait et j’avais manqué la sortie en février de l’oeuvre de George Clooney qui a converti un livre historique en un blockbuster de Hollywood. Si on doit faire « le tri entre faits et fiction » du long métrage, il n’en demeure pas moins que cette chronique historique est le reflet d’un important combat pour l’art, la culture et le patrimoine historique.

Au terme du visionnement, il m’est venu en tête l’invitation de la semaine dernière lancée au milieu culturel par la ministre de la Culture, Hélène David, à livrer combat devant la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise, à l’automne prochain.

Avant d’aller au lit, je suis retourné lire l’article du Devoir que j’avais vu passer jeudi et j’ai été surpris par le changement au titre qui avait été fait.

Le titre étant devenu « La ministre invite le milieu de la Culture à lutter contre les coupes de crédits d’impôt annoncées », j’ai trouvé une explication au remplacement, en fin de semaine, en écoutant la période de questions et réponses orales de vendredi à l’Assemblée nationale. À 25:26, en réponse à une question de la députée de Joliette, Véronique Hivon, la ministre de la Culture affirme « avoir été extrêmement surprise du titre ». On en déduit qu’après quelques représentations du cabinet de la ministre, on a voulu au Devoir atténuer la portée du vocable « battez-vous ». Malgré tout, il n’en demeure pas moins que les intervenants en culture sont interpellés via l’article et la réponse de la ministre en chambre. Ils sont invités à « venir présenter leurs préoccupations, leurs suggestion et leurs solutions »!

La réduction des crédits d’impôt de 20% appliquée à tous les programmes sans discernement fait mal en culture, tout particulièrement ceux qui touchent le doublage de films et la production cinématographique et télévisuelle. L’autre critique en culture (celle du 2e groupe d’opposition, la députée d’Iberville, Claire Samson) a été présidente de l’Association des productions de films et de télévision du Québec avant d’être élue et, citant l’Institut de la statistique du Québec, elle affirme qu’en 2012, « ces crédits d’impôt avaient coûté 90 millions au trésor public mais que les retombées économiques s’étaient élevées à 300 millions ».

« C’est comme si le président de St-Hubert BBQ annonçait à son conseil d’administration qu’ils ne feront plus de livraison pour économiser sur l’essence, sans [lui] dire toutefois combien de quarts et de poitrines ils ne vendront plus. » – Claire Samson (source)

Je me suis déjà prononcé sur la réduction des crédits d’impôts dans un de mes billets en suivie du budget Leitão, en particulier sur celui qui concerne la production multimédias et les affaires électroniques. Si je suis d’avis que ce crédit d’impôt spécifique profite surtout aux grandes entreprises multinationales, la part du lion allant à des entreprises, matures, qui n’ont plus besoin de cette aide, la distinction entre les crédits d’impôts qui donnent des résultats et les autres reste à faire.

Je crois sincère Mme David quand elle affirme que « les 110 millions, récurrents sur sept ans, accordés à la SODEC pour l’essor du secteur numérique » constituent un bon coup.

« La stratégie du numérique est capitale pour tout le monde, dont le milieu du livre, de la danse, du théâtre, de la musique, du musée, etc. Il faut mettre les industries culturelles à l’heure du XXIe siècle. Tout est en mouvement dans la mutation la plus importante de l’histoire de l’humanité. » – SODEC et CALQ (source)

N’empêche, le milieu culturel est sensible. Devant une personne « en autorité » qui n’est pas issue du milieu, les artistes attendent des signes tangibles avant de faire confiance. Ils s’attendent à être défendus par leur ministre. Peu importe le titre de l’article du Devoir, plusieurs semblent maintenant croire que la nouvelle titulaire en Culture s’est isolée, en cette fin de session parlementaire. Elle aura la chance de se reprendre cet automne puisqu’elle passera l’été dans les nombreux festivals, partout au Québec.

Avant que ne commence la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise, elle pourra dire qu’elle a été mal interprétée. Elle expliquera qu’elle a fait comme certains parents qui disent à leurs garçons parmi les plus turbulents, dépêchez-vous, mais ne courez pas. Battez-vous, mais ne vous faites pas mal!

L’idée étant que ce qu’elle a peut-être voulu dire, c’est simplement qu’elle veut bien que les artistes se chamaillent avec le gouvernement, mais qu’elle interviendra quand ça dépassera une certaine limite.

M’enfin.

C’est que je cherche une explication… et je ne l’ai pas trouvé dans Les Monuments Men.

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