Sérieux. Trop sérieux.

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section blogue.

Notre moral est imbibé depuis hier après-midi dans une ambiance d’une tristesse innommable. Nos émotions trempent dans tous les reportages larmoyants qui défilent à la télé et à la radio. Ça va faire bientôt 24 heures que nous baignons dans la morosité absolue. S’en est assez, il me semble…

Pour me recréer personnellement, je me suis tourné vers la dernière édition de Charlie Hebdo qui sort en kiosque aujourd’hui en France. Je me suis dit que le «journal satirique, laïque, politique et joyeux» avait beaucoup à m’offrir pour donner une nouvelle couleur à mes états d’âme.

La Une qui coiffe ce billet et cette édition du 30 mars décoiffe, justement.

Le chanteur belge Stromae y est caricaturé, un phylactère posant la même question que son plus grand succès musical: «Papa où t’es ?».

Des membres déchiquetés sont autour de la caricature offrant des réponses pour illustrer jusqu’à quel point la Belgique est déboussolée.

Cette forme d’art – la satire – tellement grossier que s’en est ridicule me rappelle que nous avons peut-être nous également perdu notre boussole.

Qu’on me comprenne bien, je ne fais aucun parallèle malveillant entre notre deuil suite à l’accident d’avion aux Îles et les inqualifiables actes de terrorisme en Belgique et ailleurs.

Si en Europe on est capable d’aller aussi loin pour se moquer des graves attentats de Bruxelles, je me dis cependant que peut-être il nous faudrait relativiser un peu mieux tout ce qui arrive depuis 24 heures.

J’écoutais Mario Dumont ce matin sur LCN qui présentait certains des bons moments du segment Caucus de son émission et il faut bien l’avouer… tous les extraits présentés offraient de quoi rire un bon coup.

Plus le drame est intense, plus il faut en rire pour passer au travers, j’imagine.

Et le rôle de la satire pourrait-il être mis à contribution ici, chez-nous ?

Nous ne sommes pas de cette culture au Québec, manifestement.

La bonne majorité des commentateurs au bas de cet article du Journal de Montréal posant la question de savoir si le Charlie Hebdo va trop loin semblent plutôt déconcertés. Seulement sept petits commentaires au Journal de Québec, au moment d’écrire ce billet.

Soit l’indifférence, soit l’incompréhension… à quelques exceptions près.

Nous qui faisons bien vivre l’humour au Québec n’avons pas vraiment fait de place à ce type de provocation quand la tension l’exigerait peut-être.

D’ailleurs, les humoristes semblent bien silencieux ces dernières heures. Certaines caricatures portent en elles un peu de comique, mais rien pour provoquer ou sortir des sentiers battus.

J’ai pu trouver la trace d’une chronique du chanteur Renaud (1, 2) qui porte sur les mêmes évènements à Bruxelles. Elle m’a davantage rejoint que la Une puisque j’y ai trouvé de l’espoir et de la solidarité.

Charlie Hebdo n’est pas que cynisme… bien sûr.

Je ne juge pas.

Je me demande simplement si nous ne serions pas un peu trop lourd dans ces circonstances où nous sommes tous en ligne pour ajouter un peu plus encore à notre immense peine ?

Une chandelle et des fleurs pour tout le monde.

Le «style Lapierre» était pourtant loin du recto-tono et du monochrome.

Sérieux, nous sommes trop sérieux.

Ou ce sont nos cousins qui ne le sont pas assez ?

Ajout: Au Figaro… La famille de Stromae, choquée : «Charlie Hebdo savait-il pour son père?»

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