La France dans tout ses états

Je viens d’écrire un billet qui ne me quitte pas depuis quelques heures. J’ai relu le texte de Philippe Meirieu sur son bloc-notes. Avec un titre comme «Peut-on tomber plus bas?» et avec celui du premier sujet du plus récent Expresso du Café Pédagogique, «L’école capitule ?», il me faut vraiment prendre la mesure des enjeux en cause. Et dire que Clément part vers ce tumulte en fin de semaine pour un bon bout de temps; j’aimerais bien pouvoir connaître sa perspective de tout cela.
Selon M. Meirieu, il faudrait que les pédagogues occupent un peu mieux certains espaces :

«Les «pédagogues» n’ont pas été assez «politiques» : ils n’ont pas suffisamment su dire ce qui les animait et quelles étaient leurs valeurs… Au point que des hommes et des femmes loyaux et de bonne foi ont pu se laisser convaincre par des discours simplistes et populistes sur la baisse du niveau et la restauration de l’autorité. »

Ce point de vue me parle beaucoup parce que nous avons ici également nos difficultés à «jouer le jeu» de la politique. Je me surprends toujours de la facilité avec laquelle les pires inepties peuvent franchir les barrières de plusieurs chefs de pupitre. En tout cas, beaucoup plus facilement que les complexités du monde d’aujourd’hui en éducation que nous avons peine à clarifier. Le peuple veut ça simple et les médias qui doivent vendre ont choisi de faire simple. Les pédagogues ont peut-être simplement péché à négliger cet aspect des choses? M. Meirieu en remet :

«… j’ai la profonde conviction que, sans le rouleau compresseur médiatique de ces derniers mois, sans le consensus antipédagogique de la presse bien-pensante (du Nouvel Observateur à Valeurs actuelles , du Point à Télérama , du Figaro à Marianne, de France 2 à M6 et à France Culture …), le ministre n’aurait jamais osé prendre les positions qu’il a prises. Le discours antipédagogique a fini par s’imposer comme la norme, c’est « ce qu’il faut penser » et il en convainc chacun d’autant plus aisément qu’il se présente comme «marginal» et même «persécuté» : «On nous empêche de parler… Les pédagogues s’imposent partout dans l’Éducation nationale, ils font régner un véritable terrorisme… Le bon sens, la vraie liberté, c’est nous!» Vieille ficelle rhétorique, vielle théorie du complot qui consiste à donner un pouvoir immense à son adversaire pour mieux l’abattre! »

C’est un discours qui me rappelle quelque chose…

Pour un article nuancé d’Emmanuel Davidenkoff, il y a dix charges antipédagogues de France 2 (du site de « Sauvons les lettres »); pour un interview plus critique de Marie-Andrée Chouinard, il y a dix papiers plantés de La Presse (du site de « Stoppons la réforme! »). Nous devrons prendre note que laisser l’espace médiatique et politique occupé par ceux qui ont tout à gagner à faire croire qu’accorder de l’importance à la pédagogie c’est sacrifier les contenus disciplinaires, c’est courir de grands dangers…

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