Désir de paix dans les écoles

«Parce que c’est par les écoles qu’on instruit, mais c’est aussi par les écoles qu’on endoctrine.»

Source, Franco Nuovo

Ce que je manque de rapporter ou de commenter, on me le suggère. Je ne me sens pas obligé de tout couvrir, mais j’apprécie les suggestions. Je tiens ce blogue/portfolio pour mon bénéfice personnel avant tout, en me disant que si ça peut me servir, ça peut être utile à d’autres aussi. Je crois également que les opinions différentes des miennes servent aussi la qualité de mon cheminement, n’en déplaise à ceux qui trouvent que suis trop tolérant avec certains commentateurs. Enfin (ça compense), d’autres m’expriment que je suis plus patient qu’eux et qu’en définitive, cela sert la cause de l’éducation. Il m’arrive d’être exaspéré, bien entendu, mais j’ai été entraîné à l’école du pensionnat et du primaire où mes coachs étaient de redoutables «debater». J’en ai vu d’autres, autrement dit…

Dans un billet fourre-tout que j’écrivais hier, on me suggérait d’ailleurs une piste que je ne manquerai pas de suivre plus tard en fin de semaine, celle de l’assouplissement temporaire des conditions d’entrée dans l’enseignement. Mais d’abord, je voudrais m’attarder à un sujet qui me titille depuis longtemps et que deux courriels ont ramené dans mes pensées «La place de la religion à l’école».


Un parent d’une ancienne élève me rapporte que l’opinion de Franco Nuovo exprime parfaitement son point de vue; il me demande ce que j’en pense. Je dois dire que je me sens plus proche de la position de Patrick Lagacé qui défendait dernièrement à «Il va y avoir du sport» le droit des sikhs à porter le kirpan. Je dis «plus proche», je ne dis pas que j’endosse ses arguments, mais je suis sensible au fait que «la croix, symbole catholique par excellence», est déjà dans tellement d’endroits; pourquoi ne pas interdire d’interdire comme le statue la récente décision de la Commission des droits de la personne dans l’affaire de l’École de technologie supérieure et de ses étudiants musulmans. D’ailleurs, tout comme Lagacé, j’endosse parfaitement l’éditorial du 23 mars de Josée Boileau «Heureux bémol» :

«Bref, vivre ensemble exige des concessions des deux côtés. (…) si la «majorité» doit prendre acte des nouvelles croyances qui l’entourent, elle n’a pas à satisfaire les plus intégristes.»

Je ne crois pas au «nivellement social des différences» comme le prône Nuovo. Aller au plus petit dénominateur social pour mieux vivre ensemble ne me dit rien qui vaille d’autant plus que je ne vois pas la pratique religieuse comme étant lié à de l’endoctrinement. Je ne nie pas l’intégrisme, mais annihiler le droit de pratique religieuse me semble justement plus proche de l’intégrisme que de l’équilibre. Le désir de paix et de tranquillité ne pourra jamais être complet dans l’ostracisme et le dogmatisme.

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1 Commentaire
  1. Photo du profil de laroc
    laroc 16 années Il y a

    Bonjour Mario,
    Je vois qu’on « se bouscule pas aux portes » pour commenter cet intéressant, très actuel, mais combien épineux sujet…
    Personnellement, je suis des plus ouvert à l’accueil multiculturel sous toutes ses formes. Je choisis le mot « accueil » plutôt qu’« intégration » considérant ce dernier plus tendancieux. Le terme intégration étant trop souvent associé à une symbiose complète de deux ou plusieurs cultures, ce qui à mon sens serait loin d’être souhaitable. À cet égard, la richesse culturelle n’est-elle pas bonifiée par la diversité?
    D’une part, nous n’avons pas à forcer l’assimilation de ces nouveaux concitoyens légalement acceptés chez nous. Ces nouveaux amis devraient pouvoir jouir des mêmes libertés et privilèges que tout autre citoyen originaire de notre pays.
    Dans la même mesure au plan juridique, il va sans dire qu’en choisissant notre terre d’accueil, ils ont conséquemment accepté, en toute bonne foi, nos lois. Concernant leur relation avec l’ensemble de leurs nouveaux voisins, ils devraient aussi (et je suis sous l’impression qu’ils le font majoritairement) de bon gré, veiller à ajuster minimalement, le cas échéant, leurs mœurs et coutumes de façon à ne pas choquer inutilement. À titre d’exemple, la poignée de main au Japon, quoique non interdite par la loi n’est pas socialement accepté. Donc, tout nouvel arrivant en terre japonaise devrait se faire un devoir de s’ajuster illico à cette réalité culturelle ancestrale du Japon. Si le Japon décidait d’accueillir favorablement ma demande d’immigration chez eux, la moindre des choses serait de ne pas imposer à ce peuple accueillant, des coutumes jugées offensantes par la majorité des habitants de ce pays.
    Il s’agit là de respect et de civisme élémentaire de la même façon que, à titre d’exemple, parmi les citoyens d’origine d’un pays, il ne viendrait à l’idée de personne de tondre sa pelouse à l’heure du souper un samedi soir de canicule, alors que ses voisins laissent leurs fenêtres ouvertes pour rafraîchir leurs demeures ou profitent simplement de leur cour arrière pour partager un repas en famille à l’extérieur… D’accord, d’accord, cette dernière remarque était un tantinet sarcastique… on ne choisit pas toujours ses voisins!
    Corollairement, un immigrant légalement reçu devrait être en mesure de recevoir tous les services disponibles à ses nouveaux concitoyens, et ce, avec le même respect et une qualité égale desdits services. Bref, l’expérience d’acclimatation du nouvel arrivant devrait théoriquement se faire relativement en douceur, d’autant plus qu’il se sera ou du moins aurait dû bien se renseigner préalablement à son arriver parmi nous, concernant les habitudes sociales des citoyens avec lesquels il projetait de cohabiter. Je réitère qu’à ma connaissance, ces nouveaux arrivants me semblent généralement vivre leur période d’acclimatation avec une relative aisance.
    Par contre, je ne suis pas d’avis que nous devions étendre et défrayer à l’aide des deniers publics, cette offre de services jusqu’à créer pour cet individu, tout aussi égal soit-il, des services adaptés à ses besoins culturels et religieux spécifiques que nous refusons par ailleurs à d’autres citoyens de cultures semblables ou différentes.
    Dans le cas particulier de l’École de technologie supérieure de Montréal, la création et l’aménagement d’un lieu multiconfessionnel réservé à la prière dans l’enceinte de l’université peuvent sembler justes et équitables en raison de la vocation multiconfessionnelle de ce lieu. Cette décision fait cependant fi d’une partie importante de la population étudiante pour qui la pratique religieuse est inexistante. Comment pourra-t-on ultérieurement justifier le refus des autres demandes d’ordre religieux pour la mobilisation des ressources et de l’espace physique réputés être disponible à l’ensemble d’une population, mais visant les activités d’un groupuscule d’individus.
    Je crois en effet que certains groupes très marginaux sont présentement affairés à tester devant les tribunaux et commissions diverses, nos belles et proverbiales valeurs d’ouverture, mais aussi notre inclination pour tout ce qui est « politically correct ».
    J’exprime honnêtement ne pas personnellement ressentir le besoin d’appartenance et d’encadrement de ma pensée et de mes actions par l’adhésion à une doctrine sectaire ou religieuse. J’avoue, éprouver même de sérieuses craintes au sujet de la pratique religieuse en général. Je me dis cependant que là comme ailleurs, toute généralisation peut-être des plus injuste et erronée lorsque l’on doit considérer l’unicité de chacun.
    D’autre part, historiquement, l’étude du cheminement religieux nous révèle des faits plutôt troublants et à tout le moins pas très probants concernant les bienfaits pour l’humanité des regroupements d’humains autour de thèmes religieux. Peut-être que le vieil adage « plus ça change et plus c’est pareil » ne s’applique pas à toutes les religions ou sectes. Ici encore, il nous faut demeurer respectueux face à la différence si l’on désire soi-même être respecté, et ce, non parce que c’est socialement acceptable, mais au nom de la liberté individuelle de croire et penser ce qui nous convient et quand cela nous convient.
    Donc, malgré mes réticences religieuses personnelles, je n’ai aucun problème avec le fait que des fidèles ou adeptes ressentant le besoin d’actualiser leurs vies spirituelles, donnent libre cours à leurs rituels, à l’occasion d’un élan de ferveur ou dans le cadre de pratiques obligatoires ou encouragées par leurs mentors.
    Force est de constater que la spiritualité rattachée à la pratique religieuse peut se vivre d’innombrables façons. Dans ce contexte de multiplicité des croyances (qu’il serait injuste de discriminer), il sera virtuellement impossible et humainement difficile d’accommoder tous les groupes qui feront une demande d’autorisation pour port d’un objet de culte ou de piété considéré par certains comme profane et méprisant, ou encore exigeront (et je crois que c’est déjà devant les tribunaux) l’exclusivité d’une partie d’un édifice publique afin de procéder à des rituels hygiéniques (ablutions, lavements des pieds ou autres procédures religieuses obligatoires à être inventés).
    Je suis d’accord avec Franco Nuovo lequel, dans son récent article, énonce sa désapprobation de la pratique religieuse à l’école. Trop de frustrations de parents, malheureusement plus radicaux, risquent de déteindre sur leur progéniture et ainsi engendrer de regrettables répercussions sur le climat de paix essentiel au foisonnement des idées et à l’apprentissage des étudiants. Les prophètes n’en exigent certainement pas tant de leurs fidèles! Les ténors de la foi ne nous expliquent-ils pas tous que les rituels religieux ne sont qu’accessoires et que la ferveur spirituelle se vit également de l’intérieur? Pourquoi ne pas profiter du confort du foyer familial ou de la commodité des églises, temples, mosquées ou tous autres lieux spécifiquement conçu à cette fin, pour exprimer cette ferveur, et arrivés à l’école, vivre sa spiritualité intérieurement, en harmonie avec tous?
    Sachant que cette complexe question très sensible ne pourra faire l’unanimité, on ne saurait trop y aller de prudence, en faisant tout pour de ne pas heurter inutilement; athées, agnostiques, membres de groupes religieux et sectaires, et tous les autres qui vivent une spiritualité individuelle ou familiale, tous ont droit à notre compréhension et notre tolérance. Tous doivent faire des compromis et emprunter des voies d’évitement permettant d’esquiver la confrontation.
    Là, réside peut-être, notre vrai « Salut ».

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