«Enseigner, c’est l’art du possible»

vivre_ecole.jpgJ’ai réalisé à la fin de ma lecture du livre «VIVRE L’ÉCOLE comme on aide le pin blanc» (aux éditions Anne Sigier) que Stéphane Boulé enseignait le français dans une école secondaire où lui et moi avions été étudiants. Je suis bien content de ne m’en être rendu compte qu’en fin de course parce que je me serais dit que le préjugé favorable que j’entretenais tout au long de ma lecture pouvait être lié à ce détail. En effet, tout comme Louis Cornellier du Devoir et Didier Fessou du Soleil, je ressens le besoin de vous inciter à lire cet essai de cent trente-deux pages qui se lisent d’un trait.
L’auteur s’adresse directement aux adolescents dans un langage accessible, sans complaisance ni enfantillage. «Ce petit cours d’école», lui a été motivé par le désir de fabriquer un vaccin contre les dangers de l’institution qui «déresponsabilise» trop souvent. Il utilise judicieusement une analogie avec le pin blanc pour démontrer que l’absence des grands feux cycliques l’empêche de se régénérer et de prendre sa place dans un environnement où «par souci de t’aider et de te faire réussir, les adultes autour de toi éloignent et éradiquent tout ce qui leur paraît mauvais et nuisible, ou seulement difficile (…) [et] détruira peut-être aussi, sans le savoir, ce qu’il y a de plus utile pour ton développement.»
La pertinence de son propos vient en droite ligne avec ma perception du rôle de l’école, des apprentissages, des enseignants, des élèves et des grands problèmes scolaires, à peu de choses près :

«L’école est un peu comme ces petites roues d’appoint qu’on pose à l’arrière des vélos des enfants. Ces roues sont temporaires, on doit un jour les retirer pour permettre à l’enfant de constater qu’il est vraiment capable d’aller à vélo par lui-même. Et si on peut compter sur l’adulte pour la poussée initiale, il faut en même temps que le petit cycliste se mette à pédaler pour ne pas perdre l’équilibre. On ne peut prétendre faire du vélo si on ne pédale pas, si on a constamment besoin de quelqu’un qui pousse et qui maintient l’équilibre.»

J’aime bien sa vision des responsabilités de l’enseignant :

  • Préparer et donner des cours tout en respectant les programmes d’études, dans le sens de préparer des activités d’apprentissage variées
  • Intervenir auprès des élèves pour les soutenir, les encourager et assurer leur bien-être à l’école en leur témoignant, notamment, du respect
  • Évaluer les apprentissages des élèves en tâchant de savoir si oui ou non, il a appris
  • Responsabiliser ses élèves en ne faisant jamais pour eux ce qu’ils peuvent et doivent faire eux-mêmes
  • Communiquer régulièrement avec les parents de ses élèves
  • Faire respecter les règles de vie de l’école
  • Prendre en charge son propre perfectionnement

Il m’est venu deux petites réserves sur sa difficulté à vouloir tenir compte des différentes façons d’apprendre des étudiants et sur le type de réaction à avoir devant le décrochage scolaire. Bien que je comprenne ses arguments (qui se tiennent), j’estime que le temps (il enseigne depuis douze ans) pourrait lui faire voir les choses autrement une fois rendu dans la quarantaine…

Ce livre me plaît parce qu’il nomme les efforts que doivent faire les étudiants pour apprendre tout en décryptant les mensonges qui peuvent exister au quotidien dans l’école, en étant trop centré sur l’affectif et le plaisir :

«Apprendre, c’est agir. Et agir exige toujours des efforts, une certaine dépense d’énergie. Que l’on s’amuse ou non, que l’on éprouve du plaisir ou non, les efforts à fournir pour apprendre sont toujours les mêmes. La seule différence, c’est que, dans le cas où l’on s’amuse, on se rend moins compte de l’énergie qu’on déploie, comme si le plaisir atténuait la conscience de l’effort.»

Ce livre ne parle pas de renouveau pédagogique et c’est très bien ainsi. Personnellement, j’y retrouve les éléments essentiels même si en disant cela, je lui associe «une valeur» que je n’ai pas pris le temps de vérifier auprès de l’auteur. De fait, je crois qu’il serait bien possible à un sceptique envers la réforme de s’y retrouver tout autant. C’est peut-être ici le plus grand mérite de ce livre…

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2 Commentaires
  1. André Chartrand 16 années Il y a

    « …je ressens le besoin de vous inciter à lire cet essai de cent trente-deux pages qui se lisent d’un trait. »
    C’est un très bon billet, Mario. Il atteint sa cible en ce qui me concerne.
    Ce qui m’attire, entre autre, c’est que, selon ce que je comprends de ton billet, ce livre réfléchit sur l’école en dehors des paramètres maintenant convenus de la Réforme. Et ça, j’en ressens bien le besoin, même si la Réforme nécessitera encore beaucoup de travail dans son opérationalisation.

  2. Sophie Descoteaux 16 années Il y a

    En tant qu’enseignante de physique au collégial, je suis rassurée de voir qu’il existe encore des gens qui disent qu’apprendre ne peut être toujours facile.
    Et ce discours-là est effectivement pertinent peu importe le modèle d’éducation en vogue.
    Mais souvent, j’ai l’impression que la responsabilisation des jeunes passe davantage par ce qui se passe à la maison que par ce qu’on fait à l’école. Je ne veux pas minimiser le rôle très important de l’école à ce chapitre, mais il me semble que les valeurs familiales et la présence de modèles dans l’environnement familier des jeunes peut faire la différence.
    L’auteur du livre en parle-t-il?

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