Ce qui est bon pour le projet de société ne semble pas l’être en éducation

Je viens d’entendre François Bayrou qui a saisi l’occasion de la conférence LeWeb3 pour témoigner de l’importance des blogueurs et de la blogosphère pour sa campagne présidentielle. Il y a peu (pour ne pas dire «aucun») de politiciens au Québec et au Canada qui pourraient parler de l’importance des logiciels libres et des wikis, de la capacité de partager du savoir de manière à mener des recherches et de produire de l’activité économique sur autre chose que la seule logique marchande… François Bayrou l’a fait. C’est tout à son honneur. Son allocution s’est avérée être un plaidoyer pour construire du sens par le coopératif.
Ça s’est gâté quand il a parlé d’éducation. L’entendant parler comme il l’a fait, je me suis dit qu’il fallait saisir l’occasion de nommer comment ces bons principes peuvent servir en éducation. Quelle fut ma déception de constater qu’après une question posée (je me suis permis cette question), M. Bayrou ait exprimé que la technologie n’était pas prête et que l’enseignement devait se passer entre humains exclusivement, si j’ai bien compris… Il considère que le projet Internet est crucial dans l’histoire des hommes. Il affirme que ce déploiement d’Internet et de la prise de parole citoyenne est un moment important pour l’humanité et le développement de l’économie passe par cette logique fondée sur le partage, la connaissance et liberté. Mais en éducation, le moins possible si j’ai bien compris!?!
Par l’Internet, les citoyens cessent de recevoir béatement et deviennent acteurs dans la sphère de la vie citoyenne. Il aime bien la notion de «cinquième pouvoir» développée par Thierry Crouset. Mais l’ex enseignant en lui croit normal que si peu d’espace est fait en éducation à ces moyens de construire alors qu’il place Internet au centre de son projet politique.
Heureusement, de nombreuses personnes sont venues me dire que cette réponse de M. Bayrou (ex ministre de l’Éducation entre 1993 et 1997) les avait un peu déçues (dont Xavier qui a compris que je voulais parler d’usages et non de technologie et Jean-François). En ce sens, M. Bayrou est représentatif des politiciens qui croient que l’enjeu est technologique alors qu’il se situe au niveau de nos rapports aux savoirs…
N.B. Je tiens à souligner que cette présence de M. Bayrou constitue un fait inusité puisqu’il est de notoriété publique que l’organisateur de la conférence appuie la campagne de Nicolas Sarcozy. Ce qui a fait dire à M. Bayrou à la suite d’une traduction en anglais d’une de ses répliques que : «la traduction peut facilement devenir de la trahison»… Cela a été dit avec humour et les deux «personnages» ont vraiment bien joué le jeu, Loic allant jusqu’à s’excuser publiquement pour avoir publié une information erronée à propos d’un geste posé par M. Bayrou…

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