Plaidoyer pour une école publique autonome

Cette proposition s’inscrit dans la foulée du Forum sur la démocratie et la gouvernance des commissions scolaires qui vient de se terminer à Québec. Mme la ministre de l’Éducation affirme que le mode d’élection des commissaires va changer et qu’elle agira de façon à encourager une plus grande participation de la population aux élections scolaires. Elle ne va pas assez loin à mon goût pour donner de l’oxygène aux écoles publiques qui peinent à pouvoir réaliser leur mission qui consiste à rendre les meilleurs services éducatifs possible dans un contexte où un réseau parallèle possède lui, un bien meilleur cadre administratif pour se développer.

Le débat sur la gouvernance est très mal engagé. Il ne s’agit pas d’abolir les commissions scolaires ou de les maintenir; il s’agit de s’organiser pour rendre les meilleurs services possible. Ma proposition poursuit l’objectif de redonner le plus de pouvoirs aux gens près de l’action. Le but, ce sont les meilleurs services éducatifs dans les écoles; le moyen c’est de rendre les écoles publiques plus autonomes en débarrassant les leaders pédagogiques des contraintes administratives tout en permettant aux établissements de retrouver de la souplesse dans l’organisation scolaire. Voici les grandes lignes des changements que je propose de mettre en place sous le couvert d’un nouveau modèle de management


Plaidoyer pour une école publique autonome

  • Un palier mitoyen entre le «national» et le «local» est nécessaire pour que les services éducatifs soient organisés sur la base de l’évaluation individuelle des besoins et des capacités des élèves doués, réguliers, handicapés ou en difficulté et pour veiller à certaines disparités régionales pouvant exister. Je vois aussi une certaine utilité à un organisme de services qui participe à l’élaboration d’ententes-cadres et d’ententes spécifiques avec les différents ministères et organismes régionaux. Ce palier établit le calendrier scolaire. Enfin, certaines fonctions administratives (le contrôle des effectifs scolaires jeunes, adultes en formation générale et en formation professionnelle, le service de la paye et certains services au niveau de la GRH) peuvent avantageusement être offerts par ce palier qui doit surtout ressembler à une coop de services plutôt qu’à un organisme de pouvoir. Pour ces raisons, dans mon plan, il n’y a plus de direction régionale du MELS (D.R.) telle qu’elles existent actuellement et il n’y a plus de commission scolaire non plus. On pourra nommer ce palier régional (composé de treize unités, on sépare en deux «Capitale-Nationale» et «Chaudière-Appalaches») comme on voudra, mais on parlera ici d’organismes au service des écoles et non d’organismes en autorité face aux écoles.
  • Chaque unité régionale est présidée par une personne élue au suffrage universel et rémunérée pour accomplir sa tâche, assistée, en terme de gestion, d’un certain nombre de conseillers-parents en provenance des conseils d’établissement (C.E.) de chaque école. Le C.E. de chaque école est ainsi renforcé parce que c’est de là que le pouvoir part. Chaque conseiller sur un C.E. est élu par l’assemblée des membres de son groupe d’appartenance. Le président d’une unité régionale est élu au suffrage universel en même temps que les élections municipales parce que le municipal va intervenir dans la gestion des ressources matérielles des établissements scolaires. Il peut faire partie d’un parti politique ou d’une équipe là où il y en a… Je le répète, le renouvellement de la démocratie scolaire part de l’école. Le modèle actuel ne marche pas sur ce plan, parce que 93% des gens ne se sentent pas concernés. C’est au niveau des C.E. que l’oxygène viendra, à ce niveau.
  • Au niveau financement, la taxe scolaire s’en va aux municipalités. Le MELS garde ce qu’il dépensait pour les D.R. et bonifie les montants de base pour le financement «par tête de pipe» versé aux écoles. Ce sont les budgets d’école et de municipalité qui financent les unités régionales qui sont imputables auprès des écoles et des municipalités, pas du MELS.
  • Les municipalités en ville et les MRC en région organisent et gèrent les services de transport des élèves et établissent les plans triennaux de répartition et d’affectation des immeubles. Ils gèrent aussi le parc immobilier.
  • Les écoles délivrent les services éducatifs et deviennent des entités juridiques autonomes. Ils assurent l’organisation des services éducatifs le plus près possible du lieu de résidence des élèves. Le directeur ou la directrice est embauché(e) par le conseil d’établissement et c’est lui (elle) qui recrute et dirige le personnel nécessaire pour le fonctionnement de l’institution en concertation avec le C.E. Les milieux scolaires reçoivent le financement. Ils organisent les services de garde pour les enfants de l’éducation préscolaire et les élèves du primaire. Les établissements approuvent les budgets, le projet éducatif et les états financiers qui doivent être vérifiés par une firme externe selon un plan comptable établit par le MELS.
  • Les syndicats négocient les salaires avec le gouvernement, mais l’administration des conventions se fait au plan local avec des possibilités d’arbitrage au régional. Enfin, les écoles retrouvent la capacité de former des équipes-écoles stables. Les banques de ressources humaines sont «qualifiées» par le régional, mais ce sont les écoles qui «engagent». Les écoles peuvent faire des ententes pour le partage de certaines ressources (P.N.E. ou enseignants spécialistes, etc.), mais doivent les faire approuver par le régional.

J’en profite pour nommer clairement mon credo en éducation pour que ce soit très clair:

  • La jeunesse est belle et il faut l’encourager, cesser de la dénigrer. Dans toutes nos actions, nous devons contribuer à la valorisation des jeunes en les aidant à construire avec leurs forces et non en étant toujours centré sur leurs faiblesses comme c’est trop souvent le cas!
  • Le système d’éducation doit retrouver de l’autonomie et ça commence par les écoles!
  • Les profs doivent pouvoir être considérés comme des professionnels. Les ministres de l’Éducation et une bonne partie de la classe politique doivent cesser de les considérer comme de simples exécutants. Les récents événements portants sur la réforme et le français à l’école sont de beaux exemples de cette culture qui n’en finit plus d’exister en politique. Les politiciens ne sont pas là pour le micro management…
  • L’État doit décider du programme d’enseignement pas de la façon dont le programme doit être parcouru par les élèves. Le gouvernement s’occupe de la destination et l’équipe-école de l’itinéraire.

J’ai voulu ce texte le plus court possible. Il demande des précisions, certes, mais je souhaite soumettre ces idées à la discussion avant d’en préciser les impacts plus pointus. Je suis conscient que je demeure «en survol», mais je tenterai de préciser ma vision au contact des différents forums qui me permettront d’aller plus loin. J’ai évité de parler d’argent, volontairement. L’objectif de ces propositions ne visent pas à économiser, même si je crois que des ressources financières actuellement investies dans la bureaucratie migrent vers les services directs dans les perspectives que j’identifie. Je voudrais que ces propositions évoluent avec les réseaux que je fréquente et les communautés qui s’en empareront. J’évite sciemment de nommer des groupes qui ont des propositions convergentes, mais ces gens qui les composent sauront se reconnaître. De toute façon, c’est à titre d’individu que je m’exprime ici!

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7 Commentaires
  1. Jean Trudeau 14 années Il y a

    Wow! Cette proposition visionnaire pour une école publique plus autonome est complètement utopique par les temps qui courent, mais j’adhère sans restriction aux principes qui l’animent. Sauf quelques exceptions trop peu médiatisées, les école publiques québécoises actuelles sont des corps étrangers à et dans leur milieu : des chasses gardées étouffantes. Et il peut difficilement en être autrement puisque l’application au quotidien des innombrables programmes, règles et normes concoctés ailleurs mobilisent pratiquement toutes leurs énergies.

  2. Guy Vézina 14 années Il y a

    Belle réflexion en regard de ce forum tenu les 21-22 février! J’endosse entièrement ta vision sur une glus grande autonomie souhaitable pour l’école publique (comme cela existe pour l’école privée). Malheureusement, selon mon expérience dans le domaine du sport étudiant depuis plus de trois décennies, de trop nombreuses écoles publiques ne se prennent pas en mains et attendent tout de leur commission scolaire… à moins que cette situation ne perdure en raison d’un manque flagrant de ressources que la commission scolaire refuse de décentraliser à ses écoles.
    Beaucoup de choses ont changé depuis une décennie, mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour que l’école publique s’assume davantage!

  3. […] ma préférence pour des écoles de plus en plus autonomes, je suis de ceux qui croient que la Présidente Diane De Courcy a tout de même fait preuve de […]

  4. […] de ce matin de ne pas bloguer sur le contenu de ces articles. Je suis de ceux qui veulent des écoles publiques autonomes pour le Québec et ça ne passe pas par le maintien des commissions scolaires telles qu’elles existent […]

  5. […] sonder mon intérêt à participer, je me suis assurer qu’on connaissait mon penchant pour l’école autonome, la valorisation professionnelle des enseignants et ma position sur les difficultés liées à la […]

  6. […] scolaire » : agir pour diminuer la bureaucratie, mettre sur pied des écoles publiques autonomes, diminuer le taux de roulement du personnel dans les écoles, augmenter le sentiment […]

  7. […] l’école autonome. Je l’ai contacté pour en savoir plus, et il m’a référé à un ancien billet de son blogue, en plus de m’offrir de le rencontrer pour en […]

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