Félix, « le vouleur » de fierté

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».

Je sors à peine du spectacle Félix, je me souviens. Daniel Boucher me permettra de lui emprunter son mot inventé, « le vouleur », pour caractériser le sentiment qui m’habite. Tant de fierté s’est montré sur scène ce soir, à cause de Félix Leclerc…

À commencer par ses mots, si bien mis en scène par les interventions de Yves Jacques, après un départ un brin hésitant, il faut le dire.

J’ai encore en tête la foule autour de moi, entonnant Le petit bonheur, chanté par Félix lui-même, au rythme de la pétarade de feux d’artifice, sur fond de pluie. Que demander de mieux pour clore cette belle soirée…

On dira de ce spectacle qu’il fut inégal. Peut-être.

C’est parce que les grands moments d’émotion ont porté ombrage à quelques passages moins spectaculaires.

Entendre raconter par Yves Duteil comment lui est venue l’inspiration de La langue de chez nous, suite à une longue conversation avec Félix était déjà pas mal, mais se fermer les yeux et imaginer comment ça devait être de chanter ce qu’il avait retenu du combat de Félix, seul devant lui pendant que pleurait celui qu’il a affectueusement appelé « mon père spirituel »… Ouf ! Un grand coup de fierté d’outre-mer…

Un témoignage aussi prenant que celui de Catherine Major nous racontant que sa grand-mère lui a un jour montré le texte de Notre sentier sur des feuilles écrites à la main par l’amoureux Félix qui lui avait offert à elle, ce poème. Je connaissais l’histoire, je l’avais lue. Mais de l’entendre dans la gorge serrée de la belle Catherine, c’était beau.

Il fallait aussi assister à cette étonnante prestation de Joseph Rouleau, sur Le tour de l’île. Je ne suis pas le seul à avoir beaucoup aimé. Rien de commun pourtant avec la livraison très juste et très léchée d’un chanteur ténor classique à laquelle on aurait peut-être pu s’attendre. Au contraire. La fierté d’interpréter l’oeuvre phare d’un géant était à son paroxysme, et on a très bien senti jusqu’à quel point l’homme de 85 ans s’est mis en danger. Bravo!

Parmi les autres moments très forts, la douceur de Karim Ouellet sur un Moi mes souliers chanté sur le bout des pieds, l’audace de Groovy Aardvark et de Marc Vaillancourt dans leur interprétation de L’alouette en colère qui défrisait, l’originalité et le rythme de Radio Radio dans Sors-moi Donc Albert qui étonnait et enfin, l’énergie débordante de Marie-Josée Lord dans L’hymne au printemps qui rentrait comme une tonne de briques.

Oui, il a plu pendant presque tout le spectacle. Mais le spectacle m’a beaucoup plu.

Félix voulait très fort pour son peuple, se sentant parfois très seul sur son île. Ce soir, il aurait été fier d’avoir été revisité avec autant d’originalité et de profondeur.

Et il ne sera plus jamais seul.

N.B. Le spectacle sera diffusé le dimanche 7 septembre à 20 h sur ICI Radio-Canada Télé, et plus tard à l’automne sur ICI ARTV. La Liste des chansons du spectacle et ses interprètes, par ici

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