Une bonne pensée pour les enseignants…

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

Nous en sommes à cette période de l’année où la fin des classes s’amène. Pour les grands du secondaire, c’est le bal des finissants et pour les petits de la maternelle, c’est le sentiment d’être enfin prêts à entrer dans «la grande école». Les élèves regardent vers l’avant, ravis et fiers de pouvoir passer à autre chose. Les élèves passent, mais les enseignants demeurent !

J’ai beau ne plus être directeur d’école depuis le printemps 2005 (merde, ça va faire dix ans!), la fin de l’année scolaire continue de venir me chercher, à chaque année. J’ai tellement vécu intensément la fin du mois de juin que je ne peux complètement me détacher des vives émotions qui m’ont habitées toutes ces années. La fatigue aidant, il n’y a pas de période où les enseignants sont plus vulnérables…

Que se soit au préscolaire, au primaire ou au secondaire, se détacher de ses élèves et apprendre à les «laisser aller» n’est pas une sinécure.

J’ai toujours été ému par les enseignantes et les enseignants, en fin d’année.

Cette année ne fait pas exception, d’autant que la période actuelle en éducation ajoute à la charge émotive du départ des élèves. Autant en France qu’au Québec, les enseignants sont confrontés à des défis particuliers qui annoncent une rentrée scolaire 2015 bien particulière.

Au Québec, les négociations avec le gouvernement sont propices à une augmentation des tensions au même moment où la gouvernance des commissions scolaires est sérieusement remise en question.

En France, la réforme du collège apporte avec elle cette polarisation stérile entre les pédagogues et les républicains. Au centre des débats, des conceptions différentes de ce qu’est «être un bon enseignant».

Quand on regarde partir les élèves, on n’a pas besoin de ces tracas qui ajoutent au sentiment d’épuisement.

Parmi tout ce qui circulent en témoignages, en relectures de pratique et en rapports d’étonnement, il y a ce matin du samedi 13 juin, un billet d’une enseignante française de 83 ans qui me touche beaucoup. Eveline Charmeux s’emploie à expliquer que les enfants ont encore beaucoup à apprendre des enseignants.

Ils ont plus que jamais la responsabilité de « transmettre ».

Il y a dans ce texte une belle démonstration de l’absurdité de certains débats et la sagesse qui permet de mettre l’emphase sur l’essentiel du rôle des enseignants.

La «route qui s’ouvre» pour permettre aux élèves «de transformer leurs croyances en savoirs» est le fruit d’un itinéraire que les enseignants proposent judicieusement.

En remerciant Eveline Charmeux pour son texte réconfortant, je voudrais aussi dire merci à tous ces «artisans de l’éducation» qui se sentent responsables tout autant que complices des apprentissages de nos enfants.

La profession est exigeante, je le sais.

J’aimerais pouvoir leur dire à chacun(e) de prendre le temps de voir dans le tumulte des activités de ces deux dernières semaines avant le repos, tout les progrès réalisés par ceux qu’ils ont réussi à apprivoiser.

Avant de se séparer de «leurs» petits ou grands, j’aimerais qu’ils puissent laisser le sourire et le bonheur des élèves les toucher.

Ils savent que plusieurs d’entre-eux ne viendront les remercier que dans quelques années.

Moi, je veux quand même tout de suite leur dire tout le bien que je pense de ce qu’ils font.

Une belle et bonne fin d’année scolaire à tous et toutes !

N.B. Un merci particulier à Philippe Watrelot (président à Cahiers Pédagogiques) sans qui je n’aurais pas vu passer le beau billet de Eveline Charmeux.

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1 Commentaire
  1. Photo du profil de Nathalie Ladouceur
    Nathalie Ladouceur 7 années Il y a

    M. Asselin, j’ai tellement apprécié votre billet. Étant moi-même enseignante, les fins d’années annoncent le début des vacances, le temps pour moi de recharger mes batteries. Par contre, cette période est aussi remplie d’émotion puisqu’il est difficile pour moi de me séparer de ses jeunes avec qui j’ai passé tellement de temps (en fait plus de temps qu’avec mes propres enfants). Cette année cependant la fin d’année vient avec un certain lot d’insécurité puisque nous sommes présentement en période de négociation, période où il est temps de faire valoir nos droits. Il est difficile de croire que nous devions justifier au gouvernement que nous en faisons déjà beaucoup. Contrairement à toutes les autres professions, l’enseignement en est une du don de soi, je dis depuis longtemps que si je faisais ce travail pour la paye seulement il y a longtemps que j’aurais démissionné. Par contre, le fait que nous serons encore dans ce mode de négociation en septembre amène certainement un certain lot d’inquiétude puisqu’il sera difficile pour nous de savoir jusqu’où on pourra s’impliquer auprès de nos élèves. Pour moi être enseignante ne se résume pas à transmettre du savoir, des liens se créent avec nos élèves et la plupart du temps nous réussissons à les créer lors d’activité parascolaire, en dehors des classes et c’est probablement la première place qui sera touchée par les négociations. Je vous remercie de ce petit mot de compassion envers notre superbe métier puisque les enseignants qui, comme moi, le font pour les bonnes raisons n’ont aucun problème à se lever le matin pour aller travailler puisque c’est loin d’être un supplice.

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