Poëti a choisi les taxis. Qui défend la nouvelle économie ?

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

La journée de consultation sur l’industrie du transport par taxi à Montréal se tient demain au Palais des congrès de Montréal. Le ministre des Transports Robert Poëti a choisi son camp : il appuie l’industrie du taxi envers et contre tout. Bien hâte de voir qui pourra intervenir pour défendre les intérêts de ceux qui ont besoin d’un service de chauffeur pour se transporter à Montréal…

Interdire UberX ne règlera pas tous les problèmes de l’industrie, quoi qu’en pense Dory Saliba le président de Taxi Hochelaga et président du Comité provincial de concertation et développement de l’industrie du taxi (CPCDIT).

On connaît le combat que mène les chauffeurs de taxi partout dans le monde pour maintenir leur monopole, le cas de la France étant probablement le plus médiatisé des dernières semaines. Mais si Uber (ou Uberx, UberPOP, etc.) a pris beaucoup de force à travers le monde, d’autres services émergent dont «RideWith», un nouveau service du géant Google lancé en Israël cette semaine.

Le ministre Poëti a besoin de se lever de bonne heure s’il veut continuer de contrôler, réglementer, taxer et surtout vendre des permis comme ça fonctionne en ce moment dans cette industrie qui a très mal vieilli.

On dit que Uber serait présent dans 57 pays et serait interdit dans 14 de ceux-ci, du moins, partiellement (source).

Le «pair-à-pair» bouleverse l’industrie du taxi comme il a bouleversé celles du disque, du cinéma ou des médias. «Il y a désormais plus de voitures opérant pour Uber dans les rues de New York que de taxis jaunes» (source).

On a essayé d’interdire Napster, on a même gagné un procès contre Napster et pendant ce temps, le nouveau modèle d’affaires s’est manifesté et tous ceux qui ont mis leurs billes dans l’approche légale ont perdu au change. Essayer de rendre coupable les gens de télécharger de la musique n’a pas servi le Québec dans sa tentative de s’adapter à la montée du pair-à-pair et de l’économie collaborative.

Dans la capitale avec l’arrivée du Festival d’été, c’est l’offre de logements locatifs à faibles prix qui «explose dans la région de Québec sur le site internet Airbnb» (source).

Il faudra bien s’adapter un jour.

Le chroniqueur François Cardinal a jeté un pavé dans la mare ce matin en écrivant que «Le problème du taxi… c’est le taxi». La publication du texte était bien synchronisée avec «le sommet du taxi» qui début demain.

Je vois évidemment passer plusieurs commentaires sur les médias sociaux et je suis toujours surpris de l’intensité de la guerre larvée que se livre les différents protagonistes.

Ce soir, Patrick Lagacé voulait savoir ce que Dory Saliba avait réellement dit quand on rapporte qu’il a traité tous les intervenants des consultations Véhicules en libre service électrique à Montréal «de criminels».

L’industrie du taxi tire sur tout ce qui bouge, confortable de l’appui du ministre qui ne s’est pas gardé beaucoup de marge de manoeuvre.

Prêt semble-t-il à accepter la demande des membres de l’industrie du taxi qui «réclament maintenant la suspension pure et simple du permis de conduire des conducteurs pris à faire du transport illégal», il doit passer à une autre étape puisque «l’efficacité des saisies de véhicules d’Uber est présentement évaluée».

Parions qu’on en rigolera un coup dans quelques années quand aura compris tout le temps qu’on a perdu à éviter de s’adapter.

Dory Saliba semble avoir toutes les réponses : «on va montrer qu’on peut faire mieux qu’Uber» (source).

J’ai bien peur pour lui qu’on ait franchi le point de non retour. Les usagers qui ont commencé à penser autrement ne reviendront pas en arrière et il faudra que les politiciens qui font les lois s’adaptent un jour à la montée en puissance de la technologie qui a «bouleversé les façons de faire et de distribuer les biens et les produits» (source).

Comme l’a bien écrit Pierre Duhamel sur son blogue, «Le succès d’Uber est d’abord l’échec des réseaux de taxi existants».

Bien hâte de voir ce qui sortira de la rencontre de demain. J’aimerais beaucoup qu’on cherche à favoriser l’innovation plutôt qu’à protéger les vieux acquis.

Ayant déjà donné son appui entier à l’industrie du taxi, je ne vois pas comment le ministre des Transports pourrait faire autre chose que gagner du temps en privilégiant l’approche coercitive contre ceux qui fonctionnement autrement que dans le cadre étroit de l’industrie du taxi.

Pourtant, il y aurait tellement à faire pour que tout le monde y trouve son compte, à commencer par ceux qui consomment ces services de transport.

Il faudra attendre un prochain sommet pour ce qui est de discuter de ce qu’il y a à faire pour favoriser l’émergence de la nouvelle économie…

Ajout : Un éditorial du Globe and Mail se positionne, «Yes to Uber. No to taxi cartels».

Mise à jour de fin de consultations : Réaction du PQ et celle de la CAQ.

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