Les hauts et les bas de 2015

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».

La page n’est pas encore complètement tournée sur l’année 2015… mais c’est tout comme. Les douze derniers mois ont constitué une véritable montagne russe qui nous ont parfois donnés des haut-le-cœur, mais aussi, heureusement, beaucoup de plaisir !

En montée…
Le commerce électronique aura connu cette année une nette progression, ce qui annonce probablement une tendance lourde pour les prochaines années.

« Une personne sur quatre va faire un achat en ligne dans la période des fêtes », selon Léopold Turgeon du Conseil québécois du commerce de détail.

Même s’il reste beaucoup à faire pour rattraper notre retard sur les États-Unis qui possèdent une bien meilleure offre en ligne, les commerçants semblent avoir compris l’importance de mieux rejoindre les consommateurs qui eux, ne boudent pas leur plaisir de magasiner et d’acheter par l’entremise d’Internet.

Renseignements complémentaires… « Le commerce en ligne au Québec : passer du retard à la croissance ».

En descente…
Dans cette catégorie, on aurait pu penser à beaucoup d’évènements comme le Carnaval de Québec ou à certaines « institutions » comme les Alouettes de Montréal, mais j’ai choisi le service de la livraison du courrier à domicile.

Postes Canada a annoncé cette année un plan qui vise à mettre un terme à la livraison du courrier à domicile auprès de milliers de Québécois. Il ne semble pas d’ailleurs que ce soit le gouvernement libéral nouvellement élu qui va modifier la tendance, selon ce qu’on a appris en octobre.

On ne reviendra pas en arrière… tout au plus Justin Trudeau pourrait freiner la tendance en 2016 !

Il faudra bien apprendre un jour à vivre sans la livraison du courrier à domicile.

Un synonyme de victoire
Il faut mentionner celle de Pierre Karl Péladeau devenu chef du Parti québécois en mai, mais le mot victoire prend vraiment tout son sens avec les performances du skieur acrobatique Mikaël Kingsbury.

Celui qui cumule quatre Globes de cristal a établi un nouveau record en enregistrant cette année une 29e victoire en Coupe du monde de bosses.

Une mention honorable doit aussi être accordée aux Blue Jays de Toronto qui ont permis à plusieurs amateurs de baseball canadiens de renouer avec leur sport de belle façon en septembre et en octobre. L’élimination des Rangers du Texas au premier tour des séries d’après-saison et le spectaculaire circuit de trois points de Jose Bautista demeure un des puissants symboles de victoire de cette année 2015.

Le plus gros flop politique
Le séjour de Mario Beaulieu à la tête du Bloc compte parmi les plus éphémère et inefficace qu’il soit.

Lorsqu’il cède son poste le 10 juin 2015 à Gilles Duceppe à peine un an après avoir été élu, il consacre son incapacité à inspirer les Québécois. La rupture qu’il incarne avec la volonté passée de défendre les intérêts du Québec à Ottawa plutôt que les seuls intérêts de l’indépendance du Québec laissera des traces.

Néanmoins, il termine l’année 2015 député fédéral de la circonscription de La Pointe-de-l’Île, preuve qu’il n’est pas dépourvu pour autant de sens politique…

La promesse brisée la plus vite oubliée
Le 20 avril 2015, par l’adoption sous un bâillon de la loi 28, le gouvernement Couillard adopte la modulation des tarifs en garderie. On va ainsi chercher 193 millions de dollars dans les poches des parents par des augmentation de tarifs pour les services de garde qui varient maintenant entre 7,30 $ et 20 $ par jour.

Le gouvernement libéral avait pris l’engagement ferme en campagne électorale que s’il était élu, il se limiterait à indexer ces tarifs au taux d’inflation. Ce faisant, il promettait aussi de renverser la décision du gouvernement Marois qui prévoyait les hausser de 2 $ par jour.

Qui choisit prend pire…

On en a beaucoup trop discuté…
Le cas David Desjardins vient rapidement à l’esprit, d’autant que l’action se déroule en décembre.

De journaliste pigiste à vice-président et fondateur de l’agence La Flèche (production de stratégies et de matériel pour des campagnes de marketing de contenu), il n’y a pas de quoi faire une si longue histoire. L’ampleur de la couverture de son départ en tant que chroniqueur du Devoir et le nombre d’analyses du non-renouvellement de sa carte de presse de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) en dit long sur les tensions pouvant exister dans les médias.

On aurait pu mentionner sous cette rubrique les nombreuses manchettes sur le financement public de la Société CBC/Radio- Canada, les longs papiers sur la radio parlée de Québec qui continue de déranger ou tout le tapage qu’a entraîné l’annonce du quotidien La Presse qui cessera d’être imprimée dans quelques jours (à l’exception de l’édition du samedi).

Un des sujets derrière ces écrans de fumée demeure la recherche d’un nouveau modèle d’affaires pour les médias d’information… et pour les journalistes !

Même le fait de constater que les jeunes (15-24 ans) s’informent différemment (par la télévision, par Internet et par les journaux gratuits) n’est que le symptôme du phénomène plus profond, bien décrit par Robert Maltais en 2013 : « L’affaiblissement de l’éthique du 4e pouvoir ».

Ce, dans un contexte où la confiance envers les médias traditionnels est parmi les plus importantes au Québec !

Peut-être s’intéressera-t-on davantage aux vrais sujets plutôt qu’aux « show de boucane » en 2016 ?

La commotion cérébrale la plus médiatisée…
Parlant des controverses bizarres survenues en 2015, il y a celle de la chute d’Eugenie Bouchard.

De fait, il est question de deux chutes concernant la Québécoise: celle de son classement du « top 10 » au 49e rang, mais aussi celle survenue dans un vestiaire des installations de Flushing Meadows pendant les Internationaux des États-Unis.

Le grave traumatisme que représente une commotion cérébrale a souvent fait l’actualité en 2015. Dans une relative anonymat le 15 décembre dernier, le ministre de l’Éducation François Blais a même lancé un « plan d’action visant à prévenir et gérer ce type de blessures » (source).

Je souhaite le retour en force de la joueuse de tennis pour 2016.

Il faudra néanmoins un jour s’intéresser pour de vrai à ce fléau qui afflige de manière importante la vie des sportifs, des jeunes en particulier. Quand les maux suite aux commotions sont mal gérées, les séquelles de ce traumatisme s’avèrent épouvantables.

On devra trouver en 2016 le moyen de faire passer davantage d’informations pertinentes sur le sujet.

Le départ dont on se souviendra longtemps…
Celui de Stéphane Bédard me semble très important. Pas tellement parce qu’il reviendra dans l’actualité au moins pour l’élection partielle qu’il provoquera, mais surtout pour le lourd symbole qu’il représente.

Ce départ porte en lui-même tout le potentiel pour constituer le parti pris sur ce qui devait être fait en terme de ménage au Parti québécois. Pourquoi Stéphane Bédard devait-il se tasser plutôt que Bernard Drainville, par exemple ? Il me semble que la question se pose…

Pourquoi récompenser à ce point un adversaire en déroute qui s’est retiré avant la fin d’une course gagnée d’avance ?

Pourquoi Bernard Drainville ferait-il davantage partie de la solution qu’un officier réputé de l’Aile parlementaire du parti comme Stéphane Bédard qui a préféré la neutralité ?

Je suis de ceux qui pensent qu’on va beaucoup échanger en 2016 sur la valeur du départ en 2015 de cet important joueur au PQ qui était loin d’avoir terminé son service.

Le mot beaucoup trop souvent entendu
À chaque fois que « attentat » sera employé, je me réfèrerai à cette année 2015, la pire des années, il me semble.

Non seulement pour le nombre de fois où il a résonné dans l’actualité, mais aussi pour toute la charge émotive qu’il a générée à sa suite.

« Attentat » est probablement – et malheureusement – le mot de l’année 2015.

Et on n’a pas de quoi en être très fier, sur cette planète !

Des enfants qui ont fait la manchette
Je retiens un prénom, « Cédrika » et un nom, « Aylan Kurdi ».

Il y aurait tant à dire.

Cédrika Provencher est disparue le 31 juillet 2007, mais c’est en 2015 que nous en avons été certains. Toute l’histoire de ce drame n’est pas encore écrite, il reste un coupable à trouver.

Le petit garçon de trois ans mort sur une plage turque retrouvé le 2 septembre a non seulement ému le monde entier, il a donné le caractère à cette effroyable crise des réfugiés. Là encore, toute l’histoire n’a pas été écrite. Pour ce qui est des coupables…

Quand je vous disais que l’année 2015 avait été une montagne russe, ces épisodes nous portent au plus haut degré du vertige. Le sort de ces enfants doit nous parler fort pour la suite des événements en 2016…

Enfin, l’unanimité retrouvée
Le décès de Jacques Parizeau le 1er juin 2015 a permis à tous de reconnaître la contribution de celui qui a été un des grands bâtisseurs du Québec moderne.

Il a passé sa vie à poursuivre son rêve dans l’adversité et pourtant, il semble bien qu’on pourra unanimement reconnaître avec les années que bien peu de Québécois auront autant donné.

L’une des grandes entrevues diffusée ces dernières années demeure celle de Monsieur accordée au journaliste Michel Lacombe. C’est ce que sa rediffusion en 2015 a révélée.

« Économiste, haut fonctionnaire, professeur, ministre des Finances, premier ministre du Québec, Jacques Parizeau résume sa vie ainsi : l’enseignement et l’organisation de l’État ».

Ma personnalité de l’année 2015
Mon collègue Claude Villeneuve a choisi de donner « son vote » au pays de nos cousins et de nos cousines. C’est mérité.

Déformation professionnelle oblige, j’ai plutôt porté mon attention vers une personnalité en éducation, et surtout, vers une initiative qui me semble très porteuse dans un pays qui en a grandement besoin.

Nesmy Manigat, le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle en Haïti est ma personnalité de l’année 2015 !

En décembre, il a lancé « l’Année Gouverneur de la Rosée » qui vise à encourager la lecture et aussi rendre hommage à Jacques Roumain qui a écrit le chef-d’œuvre du même nom, « le livre de la solidarité, de l’amour et de la vie traduit dans plus d’une vingtaine de langues ».

Parmi d’autres initiatives, il faut aussi noter le Pacte national pour une éducation de qualité, qui comprend sept engagements qui visent à rassembler « la communauté éducative, les partis politiques et les secteurs organisés de la société civile ».

La lecture, la rencontre avec les grands classiques et l’idée de rassembler ses forces vives, c’est souvent par là que tout projet de société commence…

J’avoue ne pas être un spécialiste des questions de politiques intérieures en Haïti. Malgré tout, il me semble que nous devons saluer comme il se doit cette grande idée que l’investissement en éducation débute par cet encouragement à lire. C’est la meilleure nouvelle que nous puissions recevoir d’Haïti.

Et s’il y avait quelques leçons pour nous au Québec dans ces annonces ministérielles haïtiennes ?

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