Cinq raisons pour lesquelles Bombardier demeurera dans l’actualité

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

Au-delà du fait que François Legault et Pierre Karl Péladeau voudront prolonger le plaisir des deux dernières semaines, il y a de bonnes raisons pour que Bombardier reste dans l’actualité pour encore un bon bout de temps…

Avec ses 74 000 emplois dans le monde (24 340 au Canada), ses 600 fournisseurs au Québec et ses 18,2 milliards $ de revenus, on a déjà de bonnes raisons de s’intéresser à l’entreprise sous le contrôle de la famille Bombardier-Beaudoin (sources : 1, 2).

Ajoutons à cela, un investissement de 2 milliards $ du bas de laine des Québécois (Caisse de dépôt et placement du Québec) dans la division transport de Bombardier et le milliard $ injecté par le gouvernement du Québec dans la société en commandite créée pour développer et commercialiser les appareils de la C Series, et vous obtenez quelques motifs valables de s’intéresser à Bombardier.

Mais il y a beaucoup plus encore…

L’effet Daniel Johnson
Le double rôle de l’ex-premier ministre auprès de Philippe Couillard et chez Bombardier constitue à lui seul un argument pour que les stratèges péquistes et caquistes ramènent l’implication de Daniel Johnson à l’avant-plan de l’actualité, de temps à autres.

N’en déplaise à Philippe Couillard, les oppositions vont taper sur le clou tant que Daniel Johnson continuera d’être pressenti pour agir à titre de président du conseil d’administration de la nouvelle filiale de Bombardier chargée de chapeauter le programme des nouveaux avions de la CSeries. Encore davantage si les deux gouvernements prennent le contrôle de ce C.A.

Dès le moment où il avait présidé en avril 2014 le comité de transition du nouveau gouvernement de Philippe Couillard, l’engagement de Daniel Johnson avait suscité l’intérêt.

Parions que la réplique du premier ministre Couillard qui a utilisé l’expression «à la limite du délire» cette semaine ne fermera pas le dossier de l’apparence de conflit d’intérêts pour bien longtemps.

Les ex-employés d’Aveos ne lâcheront pas le morceau
On a vue cette semaine que la lettre d’intention d’Air Canada d’acheter à Bombardier jusqu’à 75 avions du modèle CS300 de la C Series avait eu des répercussions directes sur le litige entre les anciens travailleurs d’Aveos et Air Canada.

En abandonnant sa poursuite contre Air Canada, le gouvernement prête flanc à avoir abandonné les anciens travailleurs d’Aveos. Jean Poirier (ancien représentant syndical des employés) et les oppositions ont fait front commun cette semaine et il est permis de croire avec le passage du chef de la CAQ et de Jean Poirier à l’émission Tout le monde en parle qu’on essayera de garder le focus le plus longtemps possible sur ce volet de la transaction entre Bombardier et Air Canada : où se fera l’entretien des avions de la C Series ?

La création d’un éventuel centre d’excellence en entretien d’aéronefs par Air Canada au Québec ne semble pas satisfaire les oppositions et les anciens travailleurs d’Aveos. Dans ce contexte, il ne faut pas se surprendre que François Legault en fasse l’une de ses trois conditions pour que l’entente avec Bombardier devienne acceptable à ses yeux.

On en réentendra sûrement parler… d’autant que le gouvernement et les ex-employés d’Aveos avaient obtenu deux jugements qui leurs étaient favorables, dont un en Cour d’appel.

Bombardier a besoin de l’appui des Québécois et la santé économique du Québec passe par Bombardier
Quand j’ai lu hier que Bombardier demandait « aux politiciens et aux Québécois en général de faire preuve de solidarité », je me suis tout de suite dit que c’était la recette parfaite pour que le dossier de Bombardier reste dans l’actualité.

Un de mes collègues sur ce blogue a réagi comme plusieurs réagiront probablement: « Si ton entreprise est fragile au point d’être menacée par le débat public, elle a peut-être des problèmes pas mal plus gros que les questions de l’opposition ?»

Le sujet est tout sauf banal.

Tout le monde s’entend sur l’importance de Bombardier au Québec. Maintenant que les Québécois ont le sentiment que l’entreprise leur appartient un peu, il ne se gêneront pas pour commenter la situation.

Les dirigeants de Bombardier sont mieux de s’habituer. En demandant l’aide des gouvernements et de la Caisse de dépôt, ils ont aussi fait de leur entreprise un beau sujet de discussion. En obtenant cette aide, ils ont à ce point augmenté le sentiment d’appartenance des Québécois à Bombardier que ses bons coups comme ses mauvais seront maintenant commentés en temps réel jusque dans les lignes ouvertes !

Le gouvernement Trudeau, partenaire de Bombardier
Le journaliste Gérald Fillion a parlé du « grand jeu de Bombardier », le jour où plusieurs annonces ont été faites.

En réalité, l’entreprise manque de liquidités pour poursuivre le développement et la mise en marché de ses avions de la C Series et elle n’a pas beaucoup d’autres choix que celui de se tourner vers l’aide du fédéral.

C’est dans ces circonstances qu’est intervenu le Conseil du Patronat cette semaine : « C’est maintenant au gouvernement fédéral de faire le prochain pas. Les investissements dans ce fleuron sont aussi nécessaires qu’ils l’étaient en 2009 quand un plan de sauvetage de 13,7 milliards $ avait été mis en place par les deux ordres de gouvernement pour sortir GM et Chrysler de la faillite ».

Le débat fait actuellement rage au Canada anglais et d’ici à ce que Justin Trudeau se commette, les spéculations vont aller bon train et continuer de faire les manchettes. Déjà, on est assez bien servi…

Les commandes d’appareils de la C Series sont-elles fermes où archifermes ?
On a déjà eu droit cette semaine aux doutes quant à la commande de Republic Airways Holding.

Plus tôt mardi dernier, on apprenait que la compagnie aérienne United Airlines n’achètera pas ses futurs avions pour sa flotte régionale chez Bombardier, mais plutôt chez Boeing.

Chaque fois qu’il sera question d’une commande ou d’un refus, Bombardier reviendra dans l’actualité.

Espérons pour nous tous qu’il y aura plus souvent de bonnes que de mauvaises nouvelles !

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