Données probantes et pratiques exemplaires

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

On peut dire que le nouveau ministre de l’Éducation a vécu son baptême de feu en éducation à l’occasion de la première journée des consultations particulières sur le projet de loi (#86) qui souhaite modifier la gouvernance des commissions scolaires.

Seulement trois invités étaient au programme, mais c’était assez pour tester les capacités du ministre, remis de ses ennuis de santé qui l’ont gardé éloigné des affaires du ministère depuis qu’il a été nommé le 28 janvier dernier.

Au départ, j’avoue avoir été inquiété par la lecture à 100% de ses notes, à l’occasion des remarques préliminaires. Tous les intervenants politiques qui sont intervenus par la suite y sont allés ad lib. Dès les premières occasions de poser des questions aux représentants de la commission scolaire de Montréal, le ministre Pierre Moreau a prouvé qu’il était alerte et bien préparé à se prêter à l’exercice.

Troisième à intervenir, le professeurs en adaptation scolaire Égide Royer a réellement donné « une leçon » de réussite scolaire au ministre !

C’était beau à entendre et bon à lire.

Il a posé la question très clairement : « Le Projet de Loi #86 est-il susceptible d’améliorer la persévérance et la réussite scolaire des jeunes québécois ».

La réponse avait déjà été communiquée, pas de surprise de ce côté.

L’intérêt de la présentation était triple : mieux comprendre les arguments du professeur émérite, assister aux échanges avec les députés / le ministre et surtout, décoder jusqu’à quel point le message de M. Royer avait des chances de percer la carapace d’un ministre de l’Éducation, en poste depuis très très peu de temps.

Prié de refaire les devoirs de François Blais, Pierre Moreau sait maintenant que le cheminement du projet de Loi modifiant la gouvernance des commissions scolaires ne constituera pas une « petite ballade dans un parc ».

Si le contenu de la présentation d’Égide Royer a ravi tous les députés de l’opposition qui ont profité de l’occasion pour poser des questions constructives, il a semblé complètement dérouter le ministre. Tellement, que Pierre Moreau s’est demandé à voix haute si le cadre de l’intervention de Égide Royer avait vraiment à voir avec le projet de législature qui était sur la table.

Bien des observateurs du joyeux monde de l’éducation savent jusqu’à quel point le message du prof Royer était au coeur du sujet.

Ce matin, on réalise que le ministre peut rapidement s’ajuster, du moins sur l’axe des communications.

Si le ministre Moreau ne retient rien des cinq mesures proposées par Égide Royer, au cas où « la décision gouvernementale est malgré tout d’apporter d’abord des modifications législatives avant de mettre en oeuvre un plan global de la réussite scolaire », je crois qu’on devra déduire que le gouvernement Couillard ne comprend rien au domaine de l’éducation…

  1. Nous devons cesser d’improviser en éducation
  2. Il est plus facile de construire des enfants forts que de réparer des adultes brisés.
  3. La qualité d’un système éducatif ne peut être supérieure à celle de ses enseignants.
  4. Une société doit exprimer clairement des attentes élevées en ce qui a trait à la réussite scolaire et à l’importance de l’éducation.
  5. Toutes les écoles doivent contribuer au développement de tous les jeunes.

On comprendra que le plaidoyer de Égide Royer pour la mise sur pied d’un Ordre professionnel pour les enseignantes et les enseignants et pour la mise en oeuvre d’un Institut National en Éducation rejoint parfaitement mes priorités.

C’est la deuxième fois en moins d’un an que le gouvernement entend parler des préoccupations du milieu de l’éducation pour la mise en place d’un Institut National en Éducation. La dernière fois, c’était en septembre 2015 dans un évènement non-partisan organisé par le Parti libéral. Le Manifeste sur l’éducation au Québec avait été très clair sur ce sujet !

J’espère que le ministre a compris l’importance des expressions « données probantes » et « pratiques exemplaires », RÉPÉTÉES à plusieurs reprises devant le gouvernement, autant par M. Royer que par les gens présentant le Manifeste (dont je faisais partie) qui avait pour but de « donner une nouvelle impulsion à la réussite scolaire ».

Se donner « l’obligation d’intervenir très tôt auprès des jeunes enfants qui présentent des besoins particuliers » pour lutter contre le décrochage scolaire fait partie de ces « pratiques exemplaires ».

La balle est maintenant dans le camp de monsieur le ministre…

Mise à jour du lendemain: Ma chronique radio sur le sujet à BLVD 102,1 FM et un article qui montre que la position du ministre évolue…

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