Sortir des partis politiques pour mieux y revenir

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

Un nouveau groupe vient de se former pour lancer « Faut qu’on se parle », à la fois une tournée de grandes rencontres partout au Québec, une plateforme de consultation citoyenne et des invitations à tenir des assemblées de cuisine. Dix questions sur autant de thèmes et une trentaine de constats pour lancer la conversation. En soi, c’est une bonne idée!

J’ai parcouru la documentation disponible sur le site et lu quelques compte-rendus d’entrevues.

La démarche est constructive et les portes paroles sont crédibles. Il y a toutes les raisons de croire que l’initiative sera populaire.

Le groupe formé par cinq personnes se présente pour poser des questions et écouter des réponses. Ils se présentent comme des progressistes et des souverainistes. Ils s’assument comme tels.

Jean-Martin Aussant (d.g. du Chantier de l’économie sociale du Québec), Claire Bolduc (agronome), Maïtée Labrecque-Saganash (militante autochtone), Gabriel Nadeau-Dubois (auteur, chroniqueur) et Alain Vadeboncoeur (urgentologue) ont eu envie de discuter de politique et de débattre avec les gens en dehors des frontières partisanes des partis. Ils croient que beaucoup de gens partagent cette envie et ils n’ont probablement pas tort. À gauche de l’échiquier politique quand on est indépendantiste, le cadre de Option nationale (ON), de Québec solidaire (QS) et du Parti québécois (PQ) semble bien étroit ces temps-ci…

L’annonce de cette initiative arrive au même moment où la course à la chefferie péquiste divise et crée des fractures. Est-ce qu’on peut qualifier « de hasard » l’annonce du groupe dans ce contexte ?

Je n’ai pas de réponse, mais la question me parait être légitime.

On sent tout de même une certaine urgence dans le ton.

Faut. Qu’on. Se. Parle.

Quand on dit ça normalement, on se sent comme à la croisée des chemins. On se prononce ainsi quand il y a une situation sérieuse à régler.

« Le mouvement souverainiste fait du surplace à cause de stratégies perdantes » – www.fautquonseparle.org

On a connu en 2005 le groupe des lucides qui portait plutôt à droite sur le plan politique. Pourrait-on dire que ce groupe constitue une sorte de « lucides de gauche » ? Dans cet extrait, Gabriel Nadeau-Dubois offre une réponse à la question…

« Il y a des partis politiques, il y a des syndicats, il y a toute sorte d’organisation qui font des propositions progressistes. (…) De toute évidence, ces solutions à l’heure actuelle ne reçoivent pas l’approbation d’une masse critique de Québécois et de Québécoises. Il faut être assez lucide sur cette situation » (source).
Je me pose d’autres questions…

Cette initiative est-elle:

  • Une réponse à la convergence souverainiste qui ne fonctionne pas ?
  • Une façon de combler l’absence d’un projet de société progressiste indépendantiste rassembleur ?
  • Une manière inusitée d’identifier les grandes réformes qui seraient nécessaires pour satisfaire l’appétit progressiste-souverainiste ?
  • Une tentative de refonder les trois partis souverainistes sur une base commune ?

Probablement que « toutes ces réponses sont bonnes ».

On sent clairement des valeurs politiques à la base du projet, mais on prend soin de dire qu’elles ne sont pas partisanes.

Les biais sont quand même assez évidents.

On dit aussi qu’une série de propositions concrètes devront émerger dans l’objectif de produire des changements attendus au Québec. Tôt ou tard on devra trouver une façon de les réintégrer dans un univers politique partisan puisque le vrai pouvoir s’y incarne.

J’ai noté que l’initiative est financée à 100% par des individus; aucun don financier ne proviendra d’organisation, privé ou public, si j’ai bien compris.

Il y a quand même une conclusion à tirer de la participation de Jean-Martin Aussant à titre de membre de ce quintet. Le fondateur de Option national envoie tout un message à son ancien parti…

 

Je n’irais pas jusqu’à prétendre que tous les participants à Faut qu’on se parle passeront un message aux partis souverainistes, de la même manière, mais, on jase là… ce n’est sûrement pas le signe que QS, ON et le PQ sont sur le bord d’une grand-messe réconciliatrice.

Certains diront que ce pas de recul du mouvement souverainiste pourrait s’avérer salutaire.

D’autres espèrent qu’il ne divisera pas davantage la gauche, déjà passablement éclatée.

Je crois dans les circonstances qu’il faut donner la chance aux coureurs!

Mise à jour du lendemain: Ce billet de mon collègue blogueur au Journal Pierrot Péladeau est à lire jusqu’au bout… « ‘Faut qu’on se parle’ mieux que ça! »

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