Ne pas sous estimer Lisée

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

L’élection de Jean-François Lisée à la tête du Parti québécois consacre la victoire de la tactique contre la prévisibilité. D’autant que cette course n’était pas même pas serrée… finalement.

Il faudra prendre un peu de recul, mais je ne sais pas vraiment si la victoire du chef Lisée éclipse la défaite de Alexandre Cloutier.

Une sévère correction.

C’était déjà presque joué après le premier tour où un écart de près de 18 points séparait le gagnant du perdant.

Pour le reste, il faudra voir comment le successeur de Pierre-Karl Péladeau qui comptait sur beaucoup moins d’appuis dans le caucus des députés que Alexandre Cloutier va distribuer les rôles. Il semblait dire dans son discours qu’il fera une bonne place à certains qui ne l’ont pas appuyé.

Il y est un peu contraint, de toutes façons.

Son premier défi restera de convaincre le député de Lac-Saint-Jean de faire plus que de se rallier. Il y a des jeunes au PQ qui appuyaient Alexandre Cloutier qui vont avoir besoin de beaucoup d’actes de foi pour conserver la flamme péquiste.

Il est possible que la nouvelle recrue Paul St-Pierre Plamondon puisse y contribuer.

J’ai écouté Martine Ouellet se rallier aux choix stratégiques du nouveau chef après le dévoilement des résultats. Aucune hésitation dans sa voix. Elle veut continuer de « faire avancer l’indépendance », c’était le thème principal thème de sa campagne. Elle aura beaucoup de précisions à donner dans les prochains jours puisque pendant les six prochaines années, théoriquement, il ne devrait pas être question de référendum sur l’indépendance du Québec.

Jean-François Lisée a les coudées franches pour diriger le PQ puisque sa victoire est très claire.

Dans un discours fleuve (il affirme avoir coupé trois pages à celui qui était prévu) qui lui a sûrement fait plaisir d’écrire il s’est adressé aux électeurs libéraux, caquistes, anglophones et solidaires. De fait, je me suis demandé s’il n’oubliait pas un peu les électeurs de son propre parti, mais bon…

Il faut interpréter que stratégiquement, le besoin de séduire ceux qui n’avaient pas droit de vote au scrutin qui l’a élu primait sur celui de se concentrer sur sa base électorale.

C’est très habile.

Personne ce matin n’a envie de prendre Jean-François Lisée à la légère. Ni au PQ, ni chez ses adversaires politiques.

Si quelqu’un peut relancer un Parti québécois amoché par le départ subit de celui qui devait les mener au Saint Graal, c’est bien Jean-François Lisée.

Il était le seul à parler « de bombe à retardement » en parlant de PKP.

Il a vu juste.

Le « moment Lisée » sera à tout le moins très divertissant.

Quand un journaliste lui a demandé hier s’il n’était pas lui-même « une bombe à retardement », il a répondu par une question: «pourquoi vous dites « à retardement » » ?

Il connait le parti comme personne d’autre, il jouit d’une réputation de fin stratège et surtout, avec sa promesse de ne pas tenir de référendum dans le prochain mandat, il ne traine aucun boulet avec lui à son arrivée comme chef.

Comment ralliera-t-il les caribous à ce plan de match ?

On le saura assez vite.

Le mot d’ordre pour tous ceux qui suivent la politique au Québec devient donc « ne pas sous estimer Jean-François Lisée ».

Chose certaine, il n’y a aucun danger que le principal intéressé tombe lui-même dans ce piège.

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