Le PQ et QS: sur la voie de la convergence

Le chef du Parti québécois parle « d’un point tournant en politique québécoise ». Celle de Québec solidaire affirme que la « balle est maintenant dans le camp du Parti québécois ». Plusieurs points de convergence existent donc entre QS et le PQ, au sortir du conseil national des membres de Québec solidaire tenu la fin de semaine dernière.

Le prétexte : se débarrasser du PLQ (source).

Le moyen : des candidatures communes aux deux formations politiques (source).

Jean-François Lisée accepte donc la main tendue de François David à travailler ensemble même si une fusion des deux partis n’est pas envisagée.

Il faut convenir que dans certaines des 125 circonscriptions québécoises, QS et le PQ chassent sur les mêmes terres progressistes et donc, se nuisent au point de faire élire un candidat du PLQ ou de la CAQ.

Il y en aurait au moins quatre selon Bryan Breguet (du blogue «Too Close To Call») où la tactique pourrait peut-être fonctionner. Dans trois de ces quatre exemples (Laurier-Dorion, Jean-Lesage et La Prairie), c’est un député libéral qui a été élu en 2014.

Pour Réjean Parent, lui-même un progressiste affiché, cette manoeuvre était mal perçue en août dernier. N’y croyant pas, « il pensait que l’auteur de Pour une gauche efficace » procédait ainsi par stratégie.

« L’appel aux progressistes fait par Lisée n’est-il finalement qu’une manœuvre pour essuyer un non et faciliter une alliance éventuelle avec un parti plus à droite comme la CAQ afin d’évincer les libéraux?

En mai dernier, Bryan Breguet prédisait que la CAQ serait « la grande perdante » d’une convergence progressiste.

Additionnant les votes pour QS aux votes du PQ aux dernières élections générales dans les 18 sièges où un autre résultat que celui obtenu surviendrait, il constate que 11 sièges auraient ainsi été perdus par la Coalition avenir Québec.

« Le problème évident avec cette analyse est qu’un candidat unique n’amasserait pas forcément le total des votes recueillis par le PQ et QS. Certains électeurs opteraient pour une autre formation ou ne voteraient tout simplement pas. – Bryan Breguet

Bref, ce n’est pas tant le PLQ qui serait touché selon les analyses de Bryan Breguet, mais plutôt la CAQ.

Dans un billet publié en octobre dernier, je m’affichais moi aussi dans le camp des sceptiques. Je croyais dans le cadre de la partielle dans Verdun que Jean-François Lisée voulait se faire dire non par Québec solidaire en proposant de présenter une candidature commune aux deux formations politiques.

Il faut croire que le timing n’était pas le bon… Québec Solidaire vient d’ouvrir la porte à la proposition de Lisée.

À moins qu’ici encore, ce soit au tour de Québec solidaire de donner dans la stratégie ?

En énonçant « des conditions rigides » pour que le rapprochement se manifeste c’est peut-être QS qui souhaite se faire dire non par le PQ sans en porter l’odieux ?

Jean-François Lisée a déjà promis « de ne pas tenir de référendum dans un premier mandat » pour « enlever aux libéraux l’argument que chaque élection est référendaire ». L’exigence de QS à mettre en place « une assemblée constituante » en cas de victoire n’est pas jugée « nécessairement incompatible » avec la promesse du chef péquiste selon le principal intéressé.

La question se pose tout de même de savoir si toutes ces tractations ne seraient pas qu’un jeu de chat et de souris pour savoir qui a le plus à perdre en passant pour celui qui aurait fait avorter la proposition.

Les estimations de l’analyste Breguet montrent que l’effet d’une candidature progressiste commune nuirait peu aux libéraux. Pourquoi persister dans ces circonstances ?

Pour nuire à la CAQ ? C’est possible, mais encore ici il faudrait relativiser…

Tellement de choses ont changé depuis les votes de 2012 et de 2014.

Pauline Marois et Pierre Karl Péladeau ne sont plus chefs du PQ et celui qui occupe le poste a mis de côté le scénario du référendum pour un éventuel 1er mandat d’un éventuel gouvernement du PQ. De fait, la convergence serait beaucoup moins souverainiste que progressiste, si elle se réalisait.

Le PQ s’en allant vers sa gauche socialiste, combien d’électeurs de la CAQ seraient tentés de joindre cette sorte de convergence ?

Il faut aussi ajouter un autre facteur: la CAQ a maintenant adopté son « article 1 » qui en fait un parti porté vers le nationalisme et vers l’affirmation de l’identité québécoise tout en situant son projet à l’intérieur du Canada.

Dans ces conditions de quelques candidatures communes QS-PQ, quel serait le comportement des péquistes qui croient au nationalisme moderne laissé ainsi de côté par la proposition Lisée-David ?

On peut se demander également si certains libéraux exaspérés ne pourraient pas se sentir plus rassurés par une Coalition avenir Québec ayant choisi de revendiquer certains pouvoirs au Canada sans menacer de le quitter si elle n’obtient pas satisfaction ?

On peut prévoir quelques mois où le Parti québécois et Québec Solidaire discuteront de convergence progressiste.

Je comprends les analyses techniques des sondeurs professionnels, mais un Parti québécois qui se rapproche des solidaires, ça ne fait que laisser plus d’espace politique pour la CAQ, selon moi.

Dans le scénario #1, QS et PQ joueront à cache cache quelques mois et on reviendra aux divisions naturelles. Dans le scénario #2, QS et PQ convergeront et le programme de l’un sera plus souvent confondu avec le programme de l’autre.

Étant assuré dans un cas comme dans l’autre que les élections générales de 2018 ne seront pas référendaires, j’accueille très positivement la volonté de rapprochement entre QS et le PQ.

L’offre politique en octobre 2018 devrait être plus claire que jamais… quoi qu’il arrive.

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