M’écoutes-tu ?

La Semaine de prévention du suicide : du 6 au 12 février 2005
J’avais dix-huit ans. Je jouais au baseball pour les Alouettes de Charlesbourg. Notre saison venait de se terminer. J’apprends par un coup de téléphone que « Sav », notre capitaine, venait de se suicider.
Je venais d’avoir trente-cinq ans. J’étais directeur du Collège Rivier de Coaticook. Entre novembre et mars de cette année-là, cinq jeunes personnes de notre région s’étaient enlevées la vie.
J’ai quarante-trois ans. Je cherche toujours à comprendre comment je peux aider à agir sur ce fléau qui attaque principalement la jeunesse et les hommes. Connaître les catégories de personnes « plus à risque » n’apporte pas de grandes certitudes; ÇA PEUT ARRIVER à n’importe qui de se retrouver en détresse psychologique.
J’ai bien appris quelques stratégies lors des événements de Coaticook. Des choses simples. D’abord, qu’en milieu scolaire, il est important de se donner un programme de postvention quand des événements de cette nature surviennent. Aussi, qu’en matière de prévention, il faut accepter d’entrée de jeu que certaines personnes soient contraints à aller au bout de leurs idées… Malgré toutes nos bonnes intentions, il y a des gens pour qui le désespoir sera fatal. Il faut accepter de ne pas retourner contre soi cette culpabilité qui nous envahi dès qu’une personne en lien avec nous passe à l’acte.
Évidemment, il y a beaucoup à faire. Les manchettes des médias ne parlent pas souvent des interventions faites qui ont sauvé des vies… Pour un Michael Sheehan, il y a dix récits plus désespérant les uns que les autres; on aurait même trouvé un nom à ce phénomène… « l’effet Gaétan Girouard« .
Je crois vraiment que l’écoute est la clé de la voûte. Au téléphone, en personne, en groupe. En famille, au travail, sur l’oreiller. En moment de crise, après un traumatisme ou lors d’un événement heureux. TOUT LE TEMPS !
Apprendre à écouter…
Pour passer d’une oreille à tentative vers une oreille attentive ?
C’est le travail de toute une vie que d’apprendre à décoder le comportement des gens. Entendre et écouter ne sont pas toujours des « vases communiquants » ! Voilà pourquoi je crois que cette semaine nous devons tous prendre quelques instants pour discuter de nos stratégies d’écoute auprès des gens que nous côtoyons. Je peux développer l’écoute active en apprenant à mieux questionner, en utilisant la reformulation et en faisant preuve d’esprit de synthèse.
S’entraîner à l’écoute active, « faire pousser » ses muscles de l’oreille et devenir plus sensible au langage non verbal peut s’avérer de bonnes idées pour répondre à la question…
M’écoutes-tu ?