«Quand on apprend vraiment, on apprend à apprendre»

N.B. Ce billet fait partie d’une série qui prend son origine de la «couverture» du 6e Colloque Marcel-Rioux.
Ce sont ces paroles prononcées par Guy Bourgeault qui me sont le plus restées dans la tête au retour vers Québec dans ma voiture. Elles m’ont fait faire beaucoup de liens avec ce que j’ai déjà écrit sur les mécanismes intervenant dans le processus d’apprentissage. Je me dois de noter ici ce qui en découle…


Apprendre vraiment
Je crois que M. Bourgeault faisait référence à ce qui dépasse la simple mémorisation de contenu. Il me semble que l’utilisation du vocable «vraiment» se voulait une façon de montrer qu’un apprentissage est complet quand on sait comment mobiliser ce qu’on sait dans la bonne situation, dans le bon contexte et l’utiliser pour réaliser la tâche qui nous est demandée. Je ne veux pas spéculer ni devenir trop puriste, mais je pars avec le principe qu’apprendre vraiment, c’est devenir savant et compétent.
Apprendre à apprendre
Ce bout de phrase, ce vocable, fait référence au débat des compétences transversales.
En quoi ça nous mène plus loin ce raisonnement
C’est qu’on ne peut pas apprendre à apprendre dans le vide. À l’inverse, il est possible qu’un réel apprentissage de contenu dans le contexte des compétences disciplinaires puisse révéler les stratégies transversales de celui qui apprend par le transfert que l’individu fait au moment où il devient conscient d’apprendre. Dès lors, l’important est ni de rejeter le contenu comme fin en soi, ni d’en faire la seule source acceptable de cible légitime.
Voilà pourquoi la position de ceux qui table sur un sacrifice du contenu me semble peu porteuse de sens dans ce contexte de débat sur la véracité du renouveau pédagogique actuel. Voilà aussi pourquoi les opposants à ce qui est prôné par le MELS ont tant d’emprise sur le discours médiatique. En quoi le sacrifice de contenu est-il un gage de réussite puisqu’il est fort possible d’apprendre à apprendre en apprenant de vrais savoirs? À l’inverse, apprendre «superficiellement» (en opposition à «vraiment») ne donne pas de clé dans le trousseau du «apprendre à apprendre» puisque le contenu ainsi appris ne produit aucun transfert qui permet à l’apprenant de retrouver le chemin de la connaissance dans n’importe quel voyage vers l’inconnu.
Retour sur l’intervention de Guy Bourgeault
Il a mentionné jusqu’à quel point le débat de la «tête bien faite» vs la «tête bien pleine» en était un vieux. Il disait même espérer que les nostalgiques partisans du retour vers les savoirs de base ne faisaient pas référence à ceux des cours classiques, car là ne serait pas la solution. Il m’a surpris en avouant même que parfois, il s’étonne qu’il n’y ait pas moins que 70% de ceux qui fréquentent l’école qui y réussissent tellement elle tend à devenir ennuyante avec le temps; «et à tous les niveaux» dit-il. J’ai bien aimé qu’il parle du rendez-vous manqué entre universitaires, incapables d’accueillir leurs collègues des Écoles normales. Le repli et l’isolement auraient commencé là dans l’histoire de notre profession. «Manqué, mais encore possible», a-t-il ajouté… À condition d’accepter de devenir moins «travailleur de l’éducation» qu’enseignant et éducateur. Il a parlé de «rendre publique l’école privée» (même privée, l’État a droit de regard sur elle), de ramener les finissants de Collèges qui ont les meilleurs résultats en enseignement, d’enlever tous les écrémages du système et enfin, il s’est opposé à ce qu’un «groupe puisse revendiquer s’occuper de la qualité en éducation», faisant référence à celui auquel s’identifie M. Bédard.
Je dois dire que les suggestions du personnage m’ont étonné. Elles ont créé du déséquilibre sur certains points et m’ont aidé à mieux comprendre pourquoi autant d’intervenants sont seuls dans les débats en éducation.
Cet autre postulat, «l’école doit être commune et différenciée également», il l’a illustré de si belle façon en se servant de l’exemple de ses petits enfants : « on ne s’occupe pas du premier (elle est toujours absorbée dans ses rêves) parce qu’il ne dérange pas, l’autre, on lui donne du ritalin (il bouge beaucoup et a de la difficulté à se concentrer) et on enseigne au 3e (qui s’intéresse à tout et est curieux)! Moi qui ait toujours entretenu de la méfiance sur le concept de l’école commune, il me gagne, si c’est possible que ça veuille aussi dire différenciée…
Chapeau M. Bourgeault.
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