La blogosphère selon Achille

Hier soir en écoutant les nouvelles de Radio-Canada, j’ai eu la surprise de regarder au Point un topo d’Achille Michaud (et de Marie-Ève Bédard) qui portait sur l’univers des blogues.

«Les blogues, ce sont des sites web personnels qui vont du commentaire politique écrit à la présentation d’émissions de télévision et de radio, produites avec les moyens du bord, sans contrôles ni balises. C’est une solution de rechange aux médias établis, où informations et rumeurs se concurrencent. S’agit-il de simples chroniques d’opinion ou d’une véritable révolution en journalisme?»

On peut visionner l’ensemble du document en cliquant ici.

Je me doutais que certains n’apprécieraient pas d’entendre Michel Vastel raconter la jeunesse de notre communauté de blogueurs quand on la compare à la blogosphère du domaine politique. Ça n’a pas tardé puisque neuf minutes après la fin de la diffusion du reportage, Julie Bélanger fustigeait le chroniqueur pour avoir raconté «qu’il n’y a pas vraiment de blogue politique au Québec et que les blogueurs québécois ne sont pas des gens actifs».

Évidemment, le ton un brin condescendant de monsieur le blogueur de l’Actualité peut choquer, mais force est d’admettre que les politiciens québécois n’ont pas en tête de tenir compte des blogueurs quand vient le temps de «spinner» sur une nouvelle. Je ne crois pas que nous soyons devenus près de ce qui se passe en France actuellement où des politiciens dressent une liste de blogueurs à inviter en certaines circonstances…

Épicure commente aussi le topo des gens de R.-C. et elle considère «qu’ils sont passés à côté du dit phénomène». Difficile à dire. Qu’est-ce que le phénomène de la blogosphère? Est-il saisissable en quelques minutes de reportage télé? Pouvait-on s’attendre à davantage? Marie-Chantale a eu l’occasion de traiter son point de vue et, ma foi, je trouve qu’elle a pu bien traduire sa vision de tout ça… vision qui contribue à donner un peu de perspective au «phénomène».

Bout à bout, le trente minutes de Méchant Contraste, l’épisode Nuovo, le fait qu’à chaque dimanche matin depuis l’automne, Daniel Lessard prononce le mot «blogue», le fait que bon nombre de personnalités publiques et médiatiques québécoises tiennent pignon sur Web (par exemple, 1, 2, 3 et 4) ou le feront bientôt et enfin, ce topo du Point forment une grappe «d’événements-médias» qui font pénétrer le mot dans l’imaginaire des gens. C’est déjà ça…

Dans mon secteur, l’éducation et le domaine des apprentissages dans son sens large, le blogue commence à peine à faire sa place. Je ne me sens absolument pas insulté quand j’entends que les lieux de pouvoirs en éducation ne tiennent pas vraiment compte des blogueurs pourtant très actifs pour le peu que nous sommes. C’est dommage, mais tant qu’un événement fortement médiatisé mettant en cause un carnetier ou un carnet Web n’aura pas perturbé la sphère informationnelle traditionnelle, nous resterons en marge et passablement faciles à contourner.

Ça n’enlève absolument rien à la force et à la beauté de la blogosphère québécoise qui se développe dans un courant de «révolution bien tranquille», au contraire de certains pays où le paysage médiatique va trop vite avec le nouveau «joueb». Pendant ce temps-là moi, j’en profite à chaque jour pour en parler à des plus jeunes sans l’interférence de cette foutue tendance à tout gonfler pour mieux faire exploser en nous demandant de reconstruire après…

Mise à jour du lendemain : Lire l’excellent texte de Martine Pagé sur le même sujet, «Deux mondes».

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4 Commentaires
  1. Photo du profil de FrancoisGuite
    FrancoisGuite 16 années Il y a

    Il est réellement dommage que le MELS se soucie si peu de la blogosphère éducationnelle québécoise. Pourtant, il s’agit d’un formidable moyen de prendre le pouls, quasi instantanément, de ce qui se passe sur le terrain. Mais peut-être ne sont-ils pas intéressés par ces préoccupations.
    Par ailleurs, en admettant que ce canal de communication s’établisse, entre les praticiens et le MELS, sans doute y aurait-il plus de professeurs pour bloguer.
    Je ne suis pas aussi optimiste que toi quant au progrès de l’éducation québécoise et du rôle que la blogosphère y joue. Non pas que je doute de son efficacité sur le plan personnel — j’y gagne personnellement plus que tout ce que l’université m’a jamais apporté — mais la progression est trop lente sur le plan de l’éducation, au regard de l’accélération de l’évolution, pour sauver le système scolaire. L’écart ne cesse de se creuser.
    Ce qui ne veut pas dire que j’abandonne pour autant. Comme un naufragé qui s’accroche désespérément à une épave, c’est ma seule planche de salut.
    Pour bien comprendre, je crois qu’il faut être dans la peau d’un professeur aux prises avec les écueils du changement et le déluge administratif.

  2. André Chartrand 16 années Il y a

    Crois-tu, François, que nous soyons suffisamment nombreux pour être représentatif du pouls du terrain?

  3. Photo du profil de JanuszKorczack
    JanuszKorczack 16 années Il y a

    Bonjour François !
    Je ne suis pas si sûr que personne au MELS ne lise les blogues. Bien au contraire. On est en période pré-électorale, on a un gouvernement en fin de mandat et ça se sent. Le PM, il y a queqlues semaines, a récupéré tous les agents d’information des ministères (et les budgets qui vont avec) pour les mettre sous son autorité directe.
    Pas plus tard que la semaine dernière, on lisait dans les journaux que deux employés de la SAQ avaient été suspendus sans salaire, dont un pour six semaines, parce qu’ils ont dénoncé dans le Devoir les comportements corporatifs douteux du président de la SAQ. La meilleure, c’est la déclaration de la responsable des communications de la SAQ: la loyauté à son employeur est plus importante que la liberté d’expression !!!
    Alors peut-être que nous, éducateurs, devrions nous contenter de bloguer philatélie, orthiculture ou tricotage de capuche en kevlar pour les pattes de chaises. Je me souviens il y a quelques jours, ce billet de Mario sur le devoir de réserve…
    Dans les circonstances François, crois-tu réellement que ça incite les éducateurs engagés à prendre la parole ?
    Bon, tu diras que je suis paranoïaque. Peut-être. Mais comme on dit, même les paranos ont de vrais ennemis !
    Be good !
    Janusz

  4. Photo du profil de FrancoisGuite
    FrancoisGuite 16 années Il y a

    Tu as raison, André. Nous ne sommes pas assez nombreux pour donner le pouls exact. Mais c’est mieux que rien du tout… parce que l’absence de pouls signale la mort.
    Et merci à Janusz de sa savoureuse anecdote et de son commentaire dont j’apprécie l’ironie.

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