Pauline Marois, la femme qui serait snob

La campagne provinciale n’est vieille que de quelques jours et déjà, la bisbille péquiste est à l’avant-plan. On annonce pour ce soir une assemblée d’investiture houleuse dans l’Assomption en raison du refus de la direction du parti québécois de considérer la candidature de Jean-Claude St-André. Pire encore, victime d’une malveillance d’un membre influent du parti, Mme Marois est obligée de composer avec des fuites qui l’associent à une image de «politicienne sans sens de la répartie» qui serait «snob» et «loin des problèmes des gens».
Je n’aime pas beaucoup l’idée d’une campagne axée sur la personnalité des chefs, mais l’arrivée d’une candidate au poste de première ministre pour une première fois apporte un facteur de nouveauté qui rend ce passage obligé. L’image publique projetée par Jean Charest a abondamment été discutée dans le passé et Mario Dumont fait partie du paysage politique en tant que chef depuis tellement longtemps qu’on ne compte pas sur lui pour ce qui est d’apporter du nouveau. Reste que l’analyse de la personnalité d’une femme politique souffre toujours de prêter flanc au «deux poids deux mesures». Est-ce le cas ici dans le contexte où ce qui sort d’un document intitulé «Plan de campagne-Élection 2008» (datant du 10 octobre dernier) vient du parti lui-même? La principale intéressée pense que «dans tous les partis il y a des gens qui n’ont pas le même intérêt que nous», ce qui expliquerait la fuite. Disons que le PQ est «plus vulnérable» que les autres partis quand vient le temps de montrer son esprit de corps.
Selon Tommy Chouinard, «Pauline Marois laisse entendre que c’est parce qu’elle est victime d’un sexisme latent au sein de la société québécoise» que ces allégations sortent à ce moment-ci. Denise Bombardier a dit hier soir sur les ondes de TVA que c’est le double standard imposé aux femmes politiques qui expliquerait ces propos, pas vraiment l’analyse politique… Mme Bombardier avait été déçue en septembre 2007 quand Mme Marois avait ouvert les portes de son chalet de Charlevoix aux médias, l’une des gaffes qui a le plus contribué à nourrir l’image d’une femme qui ne s’assume pas, à mon avis. Le double standard n’était pas en cause cette fois-là…
Hier sur son blogue, Marie-Claude Lortie a écrit que Pauline Marois n’était pas snob, que tout au plus, elle avait «un problème de connexion» avec l’électorat.
Je ne sais pas trop…
Si les instances du parti qu’elle dirige ont écrit ce qu’ils ont écrit, c’est sûrement parce que cette image d’une femme qui regarderait les autres de haut doit être devenue préoccupante sans quoi, on se serait concentré sur autre chose. Non?
Wikipédia définit le comportement d’un snob comme étant celui d’une personne qui «cherche à se distinguer du commun des mortels, désireux d’appartenir à une élite; le snob tend à reproduire le comportement d’une classe sociale ou intellectuelle qu’il estime supérieure.» Madame Marois ne se cache pas d’admirer ce qui est à la mode et me semble à l’aise dans les milieux jugés distingués. Elle a des sous ($) et possède avec son conjoint un château qui a fait les manchettes. Est-ce qu’on peut lui reprocher tout cela? Est-ce que ces faits pourraient faire en sorte qu’elle prenne de moins bonnes décisions en tant que femme d’État? La réponse est non, bien entendu…
Le problème de Mme Marois demeure celui d’un politique (homme ou femme) auquel les gens ne s’identifient pas. Ce qu’elle possède et ce qu’elle semble aimer par goût personnel font obstacle à ce qu’elle pense. Son projet de société, les valeurs auxquelles elle adhère et sa compétence passent en deuxième (et souvent en troisième) face à l’électorat.
C’est le défi de sa campagne, bien davantage que celui de faire l’unité dans son parti.
Dans tous ses gestes de communication, elle doit être consciente que la transparence est son meilleur outil. Dès qu’elle prêtera flanc à l’idée qu’elle nous cacherait quelque chose, on va se réfugier en arrière de ce cliché qu’elle nous regarderait de haut et qu’au fond, elle aurait du mépris pour nous.
En cela, la performance de celui qui gère le compte Twitter du PQ autant que celle de Mme Marois au débat des chefs, en passant par sa présence quotidienne dans les médias doivent nous convaincre qu’elle est authentique.
L’histoire de son chalet est le contre-exemple de ce qu’elle doit faire.
Elle doit nous démontrer que ce qu’elle possède, que son goût pour la mode et que sa capacité à être à l’aise avec les «grands de la société» ne l’empêchent pas d’être comme nous, de penser comme nous et d’agir dans notre intérêt.
Y en aura pas de facile!

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8 Commentaires
  1. Luc Papineau 14 années Il y a

    Snob ou difficulté à communiquer?
    Pour ma part, je me contrefous que Mme Marois soit une femme ou une mutante extraterrestre. Il est vrai qu’elle a de la difficulté à communiquer, à passer une message de façon chaleureuse, ce qui ne l’empêche sûrement pas de se sentir concernée par des causes sociales.
    Il est difficile par contre de faire la part entre une tendance à la victimisation féministe et être victime de discrimantion pure et simple.
    Par contre, on sent que madame Marois aime le pouvoir, tout comme MM Charest et Dumont. En ce sens, à mes yeux, elle manque de crédibilté.
    Des gens comme René Lévesque étaient davantage animés d’une volonté de servir ou de réaliser des idéeaux. Or, les idéaux de Mme Marois me semblent flous.

  2. Photo du profil de MichelMonette
    MichelMonette 14 années Il y a

    Revenons en arrière de quelques années… Aurait-on reproché à PE Trudeau son snobisme? Et pourtant s’il y a eu un politicien québécois snob, c’est bien lui. Pourquoi est-ce un défaut chez Pauline Marois? Vous ne trouvez pas cela curieux? (Pour dissiper tout doute de partisanerie, je précise que je suis un défroqué du PQ qui va voter pour la seconde fois Québec solidaire. Je trouve seulement incroyable ce débat sur le snobisme de madame Marois, tout comme je n’ai pas souhaité la victoire de Bacarck Obama aux Primaires américaines parce que Hilary Clinton serait hautaine.) La question n’est pas de savoir si Pauline Marois est snobe ou non. La question est de savoir pour quel parti politique nous voulons voter.

  3. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 14 années Il y a

    Et puis, il y a des choses qui font tiquer:
    – un slogan comme «Québec gagnant avec Pauline»;
    – une plateforme électoral intitulée «Le plan Marois pour un Québec gagnant».
    Elle en méne large. Un peu comme l’équipe Mario Dumont…

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    GeorgesB.Tremblay 14 années Il y a

    S’il y en a un dont le caractère est attaqué, c’est bien Dumont, or, est-ce qu’on entend les hommes soulever un possible sexisme chez les femmes qui en pensent autant ? Biensûr que non. Les accusations de sexisme envers Marois ne viennent que de femmes qui se font de la projection sur Marois. Bombardier en tête du groupe.
    Ce n’est pas le château, les million$ et le terrain sur l’île Bizard qui sont le problème de fond, mais comment ils ont été acquis.
    Les premiers million$ par association d’affaires avec Campeau, Desmarais, sous le patronage de Pierre E. Trudeau (edifices fédéraux à Gatineau et résidences pour fonctionnaires fédéraux à Ottawa), le terrain (à Campeau) et autres million$ grâce aux privilèges des liens qui ont permis un changement de zonage de terres réservées aux agriculteurs (petit monde) en terres résidentielles commerciales, du patronage à La Caisse de Dépot (mari de Marois à sa tête) et d’un autre million en compensation de départ.
    Voilà comment on se construit un château avec les fonds publiques (petit monde).
    Snob ?

  5. Martin Comeau 14 années Il y a

    Il y a quelque chose qui me dérange profondément avec ces analyses d’images et qui sont toujours en lien avec un malaise que nous éprouvons visiblement, au Québec, avec la représentation d’une certaine forme de «succès» ou de «richesse» qui n’ont rien à voir ici avec la façon de s’enrichir, dans mon commentaire, mais plutôt directement notre rapport comme société avec ces gens qui possèdent cette richesse, qui l’affichent, qui la représentent.
    On en discutait ce matin avec des gens pas cons pour un sou, dans mon petit salon de rien du tout, et on arrivait à la conclusion qu’on a tous une «matante» comme Pauline. Or étrangement, ce qui fait que cette «matante» nous dérange, ce n’est pas tant ce qu’elle est, mais c’est l’image et la représentation que notre propre famille nous en a fait, basée bien souvent sur «la façon» avec laquelle cette richesse s’est atteinte.
    On revient souvent sur ce questionnement ici chez-nous de la belle province, notre rapport avec la réussite. Là j’en parle généralement, comme les Céline Dion de ce monde, les Angélil, les Lepage, les 400e d’une ville, les Lagacé, les… quelles sont ses lunettes que l’on porte culturellement qui nous obligent politiquement à autant de rapports sur l’image? Parizeau a eu le sien remarquez, de son époque on lui reprochait sa bonhomie, c’était sur la couleur de ses dents entre autres et sa petite veste, pour une attitude austère aussi, disait-on. Qu’est-ce que nous avons d’une part à vouloir que nos politiciens soient vrais et s’ils sont de vrais snobs, à vouloir alors les transformer en des gens comme tout le monde, quitte à se faire mentir au nez.
    Je terminerais en disant que ce qu’il y a d’encore plus triste, c’est qu’avant que nous mettions ces lunettes pour évaluer la personne, elles doivent se contenter d’une image qui passe par les lunettes… des médias. Analysez les unes des grands quotidiens, des jours de sondage, observez bien le choix éditorial photographique, bien souvent. L’esprit critique s’applique autant dans l’image comme information que dans l’information textuelle.
    Vivement que l’on se mette à y penser.

  6. Photo du profil de GeorgesB.Tremblay
    GeorgesB.Tremblay 14 années Il y a

    M. Comeau, ce n’est pas une question d’image mais d’éthique.
    Nos matantes ne demandent pas notre confiance indéfectible et la tête de l’État en échange d’une promesse de loyauté totale aux fins de notre libération nationale.
    Cette distinction n’a rien d’une image.
    De nos matantes ont peut-être des moeurs douteuses, mais elles n’ont pas de tels contrats avec les classes.

  7. Martin Comeau 14 années Il y a

    @ M. Tremblay: Vous me permettrez de ne pas faire le procès ici de ce qui a mené le couple Marois-EtSonAutre aux portes de la richesse. Tout simplement parce que mon commentaire s’applique à autant de politiciens à qui on a reproché l’intellectualisme, chez d’autres on a reproché la diction trop parfaite, à chaque fois je pense à des Facal, Dion, chez qui l’un des obstacles majeurs à espérer connecter avec ce que nous sommes tient souvent dans des qualités que l’on tente pourtant au départ de développer chez nos enfants. Il y a une zone au Québec où on aime bien tenir nos gens, c’est entre le succès et la défaite, rarement sous l’un ou au dessus de l’autre n’arrivent-on ensuite à les tolérer collectivement.
    Si vous me disiez que l’aspect présenté par les médias du rapport fait largement état d’un Québec qui se répugne du parcours du couple, là je pourrais en convenir, mais comme pour les dents ou la veste de M. Parizeau, la diction de tel autre, les bijoux de celle-ci, on est dans l’image…

  8. Photo du profil de GeorgesB.Tremblay
    GeorgesB.Tremblay 14 années Il y a

    M. Comeau, il y a une différence entre l’image que l’on se fait d’un politicien et l’image qu’il tente de nous donner de lui-même, ou même celle de ses « faiseurs d’images ».
    Les gens de « sens commun » ne sont pas dupes.
    Par exemple, l’intellectualisme est une invention du siècle des « lumières » et qui malheureusement persiste encore chez certains snobs.
    Ce n’est pas l’image qu’on en a, c’est l’image qu’ils se donnent qui est rejetée pour ce qu’elle est; une image.

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