«Les blogueux», ces barbares de l’information

Nicolas Langelier vient de publier la deuxième «d’une série [de chronique] qui s’attardera aux différents modèles journalistiques» à l’intérieur d’un billet sur son blogue: «Ensemble, c’est tout».
L’expression «blogueux» viendrait de Réjean Tremblay et elle aurait été prononcée dans une réponse qu’il offrait à une de ses propres questions soulevées dans une émission de télé, 110%, une espèce de «ligue du vieux poêle» à la «sauce pop»! Pour les sportifs, c’est presqu’une émission culte où on déroge rarement du sujet hockey, même en plein été; en vedette… le club de hockey Les Canadiens de Montréal. Un blogueux pourrait être un «gueux» de l’information, si je comprends le sens, empreint d’une teinte de mépris pour désigner celui qui n’a pas sa place dans le cycle de production de l’information… sportive, dans ce cas de figure!
C’est un titre, «blogueux», qui pourrait rester collé à la peau de ceux qui bloguent, sans vraiment se soucier d’un minimum de vérification de l’information qu’ils transmettent, quand c’est le propre de ce qu’ils produisent sur le Web. «Twitteux», «blogueux» et quoi d’autres… c’est un «journaleux» très bas de gamme qui n’a pas été inventé avec l’apparition des blogues sur La Toile. Le radoteur de n’importe quoi a un nouveau véhicule pour s’exprimer avec Internet, mais Internet n’a pas que des klingons parmi ses utilisateurs. Si certains journalistes sentent le besoin de mépriser ceux qui radotent par insécurité, il faut quand même voir qu’on n’écoute pas longtemps celui qui nous trompe. On entend beaucoup de choses sur les journalistes, mais on fait encore confiance à plusieurs d’entre eux, dont M. Tremblay, quand vient le temps de savoir quel sportif nous fait des entourloupes!
Un extrait de la prose du chroniqueur Langelier replace toutefois les choses en perspective:

«Le concept même de journaliste professionnel, d’ailleurs, est appelé à se transformer, et aucun code déontologique ou ordre professionnel au monde n’y pourra quoi que ce soit. C’est comme ça, et s’entêter à vouloir garder les «barbares» hors des murs de l’Information serait aussi vain que contre-productif. (…) Nos futurs collègues ne se promèneront pas tous avec une carte de la FPJQ. Beaucoup n’auront jamais étudié en journalisme. Certains, même, seront des blogueux. Mais plutôt que se borner à y voir une menace (que ce soit pour nos emplois ou pour la qualité de l’information), il faudra trouver des façons de harnacher ce formidable bassin d’information(s) et de cerveaux afin de produire un journalisme plus riche, plus diversifié et plus démocratique.»

Je sais que les blogueurs prennent une place (leur place???) dans l’écosystème de l’information. Je fais confiance aux journalistes et aux dirigeants des entreprises de presse pour que d’entre tous ceux qui bloguent on puisse accorder un peu plus de crédibilité à ceux dont les biais sont suffisamment affirmés et les informations assez bien contre-vérifiées. Quant aux nouveaux modèles d’affaires qui naîtront dans «le business» de l’info, avec ou sans les groupes médias qui tiennent actuellement pignon sur Web, il faudra continuer les expériences.

Pas certain que «les barbares blogueux» d’aujourd’hui qui envahissent la sphère informationnelle seront parmi ceux qui dominent actuellement, en quantité, l’univers des blogues. Les lecteurs, les journalistes et les gens aux pupitres doivent se donner les clés de lectures afin de cesser d’avoir peur de toute la faune du genre, tout carnetier/blogueur confondus…

Je ne voudrais pas présumer que tous les Réjean Tremblay de ce monde snobent les blogues parce qu’ils les mettent tous dans le même panier. Mais je ne suis pas loin de penser (comme Nicolas?) qu’ils ont perdu le recul nécessaire pour voir sereinement venir les changements de comportements qu’ils doivent intégrer.

Comme l’écrit si bien le blogueur Langelier, «Les citoyens ont maintenant la possibilité, le goût et le besoin de participer à la production d’information portant sur leur monde». Faudra s’y faire «messieurs Tremblay»!

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2 Commentaires
  1. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    Est-on un bon journaliste parce qu’on a étudié dans le domaine et qu’on est membre de la FPJQ? Permettez-moi d’en douter.
    Certains journalistes utilisent les blogues comme source première d’informations qu’ils vont s’assurer de vérifier correctement par la suite. Est-ce qu’il faut prendre tout pour comptant sur un blogue ou dans un journal? Non. C’est la multiplicité des sources d’info et leur crédibilité qui sont importantes.
    Sans vous flatter, M. Asselin, je vous accorde plus de crédit qu’à bien des journalistes officiels quand ils couvrent les TIC en milieu scolaire.
    Il fut un temps ou l’on méprisait TVA en ce qui a trait à l’information. Vous vous en rappelez sûrement. Puis, ce réseau a établi sa crédibilité petit à petit.
    Il en ira de même pour certains blogueurs et chroniqueurs sur Internet.

  2. Photo du profil de BenoitOuellet
    BenoitOuellet 13 années Il y a

    C’est beau d’avoir la formation journalistique et « probablement » important de connaître les rouages techniques du métier mais au-delà de la forme, l’information ne prend-elle pas sa valeur réelle sur le « fond »?
    Car le débat est là. Lorsque l’on dénigre l’apport des blogueurs, on ne parle souvent que de la « forme » du métier : formation professionnelle, accréditation (!), code éthique, association professionnelle, etc.
    Ce qui est paradoxal c’est que c’est par la force et la diversité des « sujets traités » que les blogues se sont réellement popularisés. Et s’il y a beaucoup de « blogueux », il y a aussi beaucoup de blogueur de grand talent qui amènent points de vue, opinions et informations de très grandes qualités (comme toi!). En plus, la plupart rendent leurs sources d’informations disponibles, expriment la diversité des opinions, offrent la possibilité d’aller plus en profondeur dans le temps d’un seul click sur des hyperliens intégrés aux billets. Et c’est ça qui finalement amènera crédibilité, fidélité et assuidité à suivre un blogueur.
    Quant aux journalistes? Si certains sont sérieux et compétents, beaucoup ne sont plus maintenant que de rapporteurs d’informations (souvent prises sur le Net) sans citer leurs sources ou pire sans les vérifier.
    Alors moi les états d’âme des sérieux journalistes « professionnels » et non-biaisés de 110%….

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