Décrochage scolaire: Mme Courchesne invite chacun à être partenaire de la réussite scolaire de nos enfants

Le plan de la ministre Courchesne pour «améliorer le taux de diplomation» et «contrer le décrochage scolaire» n’a pas provoqué de très grosses manchettes aujourd’hui dans les médias (à part au Devoir, peut-être), mais il a suscité beaucoup de curiosité, c’est le moins qu’on puisse dire. En Web diffusion (merci au MELS), la conférence de presse du panel d’intervenants a permis d’apprendre que le gouvernement s’alignait sur les recommandations du Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaires au Québec dirigé par Jacques Ménard. Cible d’un taux de décrochage de 20 pour cent chez les jeunes de 20 ans en 2020 et baisse très progressive du ratio maître-élèves, un peu plus rapide en milieu défavorisé.
Un message: «L’école est essentielle»!
Puisque c’est une annonce politique, l’opposition a choisi de dire que l’ambition était bien petite; l’ADQ «a accueilli favorablement», c’est tout dire…
Personne n’est contre la vertu. En cette période où c’est souvent difficile de trouver des profs qualifiés, on va tout de même accueillir le geste de diminuer le nombre d’élèves dans les classes, mais ceux qui voudront faire croire à la révolution en matière d’amélioration du climat à l’école devront repasser. Il y a un bouquet d’autres mesures positives dans le plan Courchesne:

Ces mesures fonctionnent déjà dans plusieurs milieux, c’est donc avec bonheur que plusieurs groupes d’intérêts approuveront l’idée de faire plus de ce qui marche déjà. Mais jusqu’à quel point tout cela changera la donne? L’ensemble des directions d’établissement d’enseignement du Québec doute que les moyens de ce plan soient suffisants. J’aime assez cet extrait représentatif de la position de Yvan Ouellet, président de l’AQPDE: «Quand on veut soigner l’école à distance, on la guérit à moitié.» De fait, on investit encore beaucoup, trop loin de là où se vit le quotidien de ceux qui décrochent ou pensent à le faire. Je partage cette opinion.

On parle ici de chiffres qui font réfléchir…

«Selon les plus récents chiffres dévoilés mercredi matin par la ministre Courchesne, le taux de diplomation a été de 66 % chez les garçons du Québec, et de 78 % chez les filles lors de l’année 2007-2008. L’augmentation par rapport à l’année précédente a été de 2 points de pourcentage chez les garçons et de 3 points chez les filles. Chez les moins de 20 ans, il est passé de 69 % en 2006-2007 à 72 % en 2007-2008.»

Ne soyons pas de mauvaise foi: l’effort est là! Le gouvernement et Mme Courchesne veulent sûrement agir dans le bon sens. Je suis de ceux qui croient qu’on avait besoin d’un sérieux coup de barre (ciblé pour la réussite des garçons, en particulier). Nous avons devant nous une petite accélération. Rien pour nous donner le vertige…

J’avais proposé ma vision. Elle me paraît encore d’actualité.

J’offre tout de même mon appui à Mme Courchesne parce qu’au moins, il y a plusieurs gestes qui vont dans la bonne direction. «L’école, j’y tiens»?

Mise à jour du 10 septembre: Autre réaction… celle d’un blogueur qui est aussi enseignant.

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13 Commentaires
  1. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    M. Asselin, parlez-vous des directions d’établissement qu’on invite à Bromont ou au Vieux-Port de Montréal et qui ne trouvent rien à redire sur le fait de dépenser du fric de la sorte? Il est facile de faire la morale aux autres et de ne pas s’insurger quand on se fait offrir une nuité dans un hôtel quatre étoiles aux frais des contribuables pour suivre une formation sur l’imputabilité.
    Quand je verrai des directions d’école faire preuve de cohérence dans leurs actions et leurs propos, je les trouverai plus crédibles quand elles affirment qu’elles pourraient gérer mieux les choses.
    Cela étant dit, je veux bien qu’on embauche des enseignants-ressources, mais on les prendra ou? Parmi les 94 enseignants disposant seulement d’un DES? Parmi les quelque 2 000 bénéficiant d’une tolérance d’engagement? Cette mesure est illusoire et nuit même au système actuellement.
    On peine à trouver des profs. On n’a même pas embauché les professionnels promis lors de mesures précédentes. Là aussi, malheureusement, il y a un manque de cohérence.

  2. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    Si tu as raison de dénoncer les rassemblements coûteux et souvent improductifs, tu mésestimes le sentiment de ceux qui y participent en y étant convoqués. Je connais ton combat pour la valorisation et la reconnaissance du point de vue «enseignant», mais cette façon de taper sur la tête des directions, dans leur ensemble, en en faisant des «complices silencieux» de l’incurie de certaines C.S. ne correspond pas à la réalité. S’il y a quelqu’un qui connaît «la loi du silence» en éducation, c’est bien toi, il me semble. Penses-tu vraiment que les directions, entre elles, se disent heureuses de participer à ce genre d’exercice alors qu’il y a tant à faire dans leurs écoles?
    Tu voudrais qu’ils racontent leur désespoir aux journalistes? qu’ils commencent leur année scolaire en haranguant les enseignants, parlant dans le dos de leurs propres patrons pour prouver qu’ils en ont assez eux aussi? Je comprends que le silence apparent peut prêter flanc au jugement que tu portes, mais applique «ta logique» au silence de la majorité de tes collègues envers les parents quand vient le temps de défendre en public certaines décisions de C.S. Vous seriez complices vous aussi à ces moments?
    Qu’on se comprenne bien… J’aimerais mieux moi aussi qu’elles s’affirment un peu plus, individuellement. Je trouve que certaines directions sont plutôt molles à passer le bon message par en haut. Mais globalement, elles en ont ras le bol, d’être prit en sandwich, je le ressens!
    Les directions ont l’air de s’être donné une parole plus «libre» pour s’exprimer par leurs associations (peut-être comme celle que vous avez au syndicat?) Qu’est-ce qu’elle dit ce matin cette voix?
    Chantal Longpré de la FQDE (dans cet article): «Pendant qu’on va remplir des papiers pour faire plaisir au gouvernement, on ne fera pas le vrai travail qui permettrait de contrer le décrochage».
    Je sais que tu trouves que Mme Longpré est un peu trop «réforme» à ton goût, mais sur les questions que tu touches concernant les capacités d’embauche des enseignants elle sera probablement proche de ton point de vue. D’ailleurs, au public, l’embauche vient des C.S., pas des écoles elles-mêmes 😉
    Il me semble l’avoir entendu dénoncer les dépenses fortuites du genre de celles que tu nommes.
    Chaque fois que je te lis et où tu discrédites les directions d’école, je me dis que tu préfères l’organisation scolaire actuelle avec beaucoup de pouvoir loin de l’action et j’espère me tromper, car tu es de ceux qui s’expriment et donc, qui pourraient contribuer à ce que diminue la paperasse pour voir augmenter les gestes concrets.

  3. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    M. Asselin,
    J’ai pris la peine d’écrire «des» et non «les» directions. J’en connais d’excellentes. Je n’ai par contre pas entendu parler d’un directeur qui s’est senti mal à l’aise à Bromont, encore moins madame Longpré, je crois.
    Les papiers, on les instaure pour rendre imputables les CS et les directions imputables. Depuis combien de temps on parle de décrochage au Québec? Depuis combien de temps, à la CSDM, on a mis de l’avant un plan véritable à ce sujet?
    Comme si demander des comptes va limiter l’action des directeurs.

  4. Photo du profil de Guy Vézina
    Guy Vézina 13 années Il y a

    Je rejoins parfaitement Mme Michelle Ouimet (La Presse d’aujourd’hui) quand elle souligne: « À l’époque, le taux d’obtention de diplôme était de… 72%. Il voulait le hisser de quinze points en cinq ans. En 2000, huit ans et une quarantaine de millions plus tard, le taux stagnait toujours à… 72%. »
    Je voudrais bien demeurer positif devant les efforts de Mme Courchesne (que je respecte énormément), mais je ne peux que faire le constat de tous ces échecs en éducation au Québec depuis 40 ans (particulièrement chez les garçons).
    Il y aurait tellement de choses à modifier (par exemple obliger chaque école à encadrer des activités éducatives sportives et culturelles entre autres, là où cela n’est pas encore perçu comme essentiel)…
    Mon expérience passée en éducation renforce chez-moi le sentiment qu’il y a trop de paliers entre le MELS et l’école! Je suis convaincu qu’il y a énormément de gaspillage d’argent et d’énergie alors que l’enfant et l’adolescent (e) sont oubliés quelque part (il ne reste plus d’argent lorsque vient le temps de mettre des ressources à leur niveau.
    Puissions-nous, au Québec, en arriver un jour à nous doter d’un véritable plan de société qui valorise l’essentiel!

  5. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    «J’ai pris la peine d’écrire «des» et non «les» directions.»
    Je note…
    On s’entend Luc, «demander des comptes» c’est normal et dans un contexte usuel, ça ne limite pas l’action. Mais l’abondance des formulaires et de la paperasse semble sérieusement faire tiquer les directions au public, de ce que j’entends.
    @Guy
    «Trop de paliers entre le MELS et l’école»… Oh que oui. Au public, c’est une des choses qui limite l’action des enseignants et de toute la communauté éducative.
    Le problème du décrochage ne se résorbera pas (ou que très peu) avec plus de ces mesures qui marchent un peu. Ça prend un changement de cap; un genre de «un peu plus de ce qui marche beaucoup».Et ce qui marche beaucoup, c’est de l’autonomie et des moyens pour les gens qui entourent de près les élèves.

  6. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    Mario,
    Tu sais: des directions tatillonnes qui font remplir des papiers, j’en ai connu. Quand tu dois remplir un formulaire pour un acétate, c’est assez ubuesque. Quand tu dois faire une demande pour avoir des craies dans ta classe, c’est un signe qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Qui volerait des craies pour les ramener à la maison? Parce qu’on contrôle les craies dans certaines écoles.
    Moi, je n’arrive pas à me rentrer dans la tête qu’on demanderait à une école de faire preuve d’initiative pour régler le décrochage quand elle n’est même pas foutue d’avoir des dictionnaires dans ses classes.
    Cela étant dit, la paperasserie est le lot de tous. Et je trouve ironique de voir certains s’en plaindre d’un côté et en imposer de l’autre.
    L’autonomie et des moyens, c’est d’abord aux profs qu’il faudrait les fournir. Ce sont eux qui sont les plus signifiants pour les jeunes, ce sont eux avec lesquels les jeunes tissent des liens qui leur permettent d’apprécier et d’aimer l’école. Je connais peu de jeunes qui se souviennent avec nostalgie de leur directeur d’école ou de leur commissaire de quartier.
    Et depuis quelques années, la tendance ne va pas de ce côté, loin de là. On a maintenant des horiares de travail contrôlés à la minute près. Une autre preuve en est cette fameuse réforme – imposée à une majorité de profs – et qui devait régler, à ce que je sache, le décrochage scolaire. Combien de fric a-t-on pompé là-dedans? Combien d’énergie a-t-on englué dans ce marais pédagogique?
    Alors qu’elle devait favoriser l’autonomie professionnelle, elle a tellement encadrée l’évaluation au secondaire que c’en est hallucinant.
    De plus, j’enseigne en première secondaire et mes collègues s’arrachent les cheveux quand ils constatent que le tiers de leurs élèves se foutent de réussir ou pas avec la promotion automatique en deuxième. Avec le résultat qu’ils se cassent la gueule en deuxième et décrochent en troisième.
    Enfin, avec tout ce débat sur la diplomation, on oublie de s’interroger sur la valeur du diplôme. Tiens, on compare souvent le Québec avec l’Ontario en matière de diplomation. Mais l’Ontario, elle s’en tire comment quand on évalue la performance de ses jeunes par rapport au Québec, par exemple?
    Diplômer, je veux bien, mais diplômer qui?

  7. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    «Cela étant dit, la paperasserie est le lot de tous. Et je trouve ironique de voir certains s’en plaindre d’un côté et en imposer de l’autre.»
    J’ose croire que ceux qui s’en plaignent ne sont pas les mêmes que ceux qui en imposent…
    Pour le reste, «l’autonomie et les moyens, d’abord aux profs», bien d’accord!

  8. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    Une réquisition pour une boite de craies, Mario… et je ne parle pas des changements au quotidien que chaque nouvelle direction amène avec elle comme s’il fallait réinventer l’école ou la roue.
    Chez nous, on a connu quatre directeurs en six ans, je crois. Chacun avec sa manière de gérer. Et je ne parle pas des adjoints qui, eux, ont presque changé chaque année.
    Ça finit par user ton personnel autant d’instabilité.

  9. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    Déplorable.
    S’il y a un endroit où une école a besoin de stabilité, c’est bien au niveau de la direction…
    On devra se donner un plan pour contrer le décrochage des directeurs, chez vous 😉

  10. David D'Arrisso 13 années Il y a

    « Chez nous, on a connu quatre directeurs en six ans[…] »
    Diantre, cher Papineau, décrivez-vous là une école ou le PQ? En effet, les deux semblent aussi difficiles à diriger, et, à vous lire, les deux semblent aussi impitoyables envers leurs « chefs »! En boutade, on pourrait vous demander si c’est bien ici l’instabilité qui use le personnel ou plutôt le personnel qui use la stabilité?

  11. Photo du profil de LucPapineau
    LucPapineau 13 années Il y a

    Mario: les profs l’appuieraient! Mais il faut savoir qu’il est fréquent que les directions et les adjoints changent dans les écoles. Pas aussi souvent. Heureusement.
    M. D’Arrisso: Pour votre boutade, sachez que les bloquistes ont le même chef depuis des lustres tandis que les libéraux fédéraux changent à chaque élection.
    De plus, sachez que c’est le personnel qui a tenu cette école à bout de bras pendant ce temps.

  12. Photo du profil de carldupont
    carldupont 13 années Il y a

    Que pensez-vous de l’implantation du travail manuel dans les écoles pour les jeunes les plus à risque de décrocher?

  13. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 13 années Il y a

    @ carl dupont
    Je répondrais la même chose que je vous ai répondu au commentaire #11 de ce billet où vous me posez la même excellente question…

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