La Radio Radio au FEQ 2010: raconter des histoires en chiac

Je me doutais bien que la salle de l’Impérial serait plus jeune ce soir pour la Radio Radio au FEQ. Du «électro hip hop», ça rejoint plusieurs adeptes qui ont dans la vingtaine et ils étaient au rendez-vous pour danser, sauter et déclamer en chiac la poésie des trois «MC», Alexandre Arthur Bilodeau, Jacques Alphonse Doucet et Gabriel Louis Bernard Malenfant. Ils sont connus par les fans sous les sobriquets de LX, TX et Jacobus et ce soir, c’est torse nu, une bonne partie du spectacle, qu’ils ont performé!

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Les chansons de Radio Radio racontent des histoires et le public présent ce soir connaissait tout autant les tournures des textes que l’essentiel de ce que chaque pièce voulait raconter. C’est comme si chacun avait étudié les textes, méthodiquement, pour décoder ce français «hot urban style» de la région de Moncton qui comprend à la fois du vieux français et des notes anglaises prononcées avec l’accent du coin. Un extrait de Cliché Hot, la pièce phare du premier album complet du groupe…

«J’veux point t’mettre sur le spot mais t’es cliché hot urban style trendfit yeash des femmes qui tricotent c’est rien que la neuve vieille fas comme un changement de nom 3 jours a la mode 4 jour etre sans so, écoute le son qui t’dit qu’t’es bon j’te dis qu’t’es bon c’est ca qui vend positively reinforcement pour les enfants oh jette nevermind le bos dit « non » le monde refuseront,le rejecteront le traduiront pis y fineront a l’enterrement yousse qu’ils l’acclameront et l’écouteront et s’diront combien c’qui l’aimiont ah ouais y’était great c’était mon favorite rénolutionaire,y faisait vreiment d’la suite reinque une fois qu’t’es gone que tu seras venu ton image a la mode meme ti qu’personne t’a vu.»

Accompagnés par deux percussionnistes du groupe Karkwa (Stéphane Bergeron et Julien Sagot), les trois joyeux lurons ont entonné plusieurs pièces de leurs deux derniers albums (dont Cliché Hot, Enfant spécial, Kenny G non-stop, 9 piece luggage set, Jacuzzi, Lève tes mains, Dekshoo et Cargué dans ma chaise) et se sont gardé du nouveau matériel pour leur rappel qui m’est apparu un peu long. Avec énergie, les MC ont gambadé sur la scène, même que Alexandre Arthur Bilodeau a risqué un court «body surf» qui a inspiré un intrépide hurluberlu à la fin du spectacle qui s’étirait; après être monté sur la scène cinq secondes, le jeune homme s’est littéralement lancé dans la foule qui n’a pas vraiment eu le temps de l’attraper.

Si les textes généreux en paroles ont une musicalité qui fascine, je dois admettre avoir été déçu de l’aspect musical du concert. L’ordinateur portable était sans doute l’instrument le plus sollicité ce soir; les séquences et les échantillons étaient légions… Je me suis imaginé être le seul présent ce soir à être agacé par cette musique enregistrée puisque l’atmosphère était survoltée. J’imagine que ce sont mes attentes qui étaient déplacées!

J’ai passé une belle soirée avec la bande de Radio Radio à danser, me laissant entraîner même, à trépigner le bras en l’air sur un Dekshoo endiablé de hey et de hoo. La chaleur aidant, chacun se sentait proche des Acadiens ce soir au rythme d’un son caractéristique qui commence à faire sa place dans un univers musical pourtant pas si facile à pénétrer. Radio Radio a un public qui le suivra dans bien des aventures parce que sa musique raconte des histoires qui habitent le corps de cette génération qui les écoute.

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1 Commentaire
  1. Jean Desjardins 12 années Il y a

    Bonjour Mario. Merci du résumé. Pour appuyer ta réflexion sur la forme des prestations hip-hop ils sont rares les The Roots et quelques Loco Locass qui décident de s’offrir un groupe pour les soutenir. D’un simple point de vue comptable, payer ce beau monde et les transporter eux et leur matériel aurait raison de la rentabilité de ces artistes, déjà qu’eux doivent se partager en trois la tarte alternative qui les fait vivre.
    Cela dit, tout groupe hip-hop un peu établi devrait se doter d’un dj, ce qui leur manque assez cruellement à mon point de vue: les Beastie Boys, auxquels Radio Radio ressemblent énormément sur le plan musical, l’ont toujours compris. Une chance que Radio Radio compensent par ce sens de la fête que tu soulignes. Plus tôt cette année, ils ont laissé un souvenir impérissable en pleine rue dans Villeray http://www.youtube.com/watch?v=K1QTOKtCGyo

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