Le Projet Intégrateur deviendra une matière à option

À ce moment-ci de l’année scolaire, il n’est pas rare de voir passer de la correspondance entre le MELS et les établissements scolaires au sujet du cours de cinquième secondaire le Projet intégrateur. En mars 2009, j’écrivais, par exemple, que je misais beaucoup sur les «impacts positifs de ce cours, à la fois sur les apprentissages des étudiants du secondaire, mais aussi sur l’utilisation des TIC, la culture de réseaux et le travail en communauté de pratiques». Je le pense encore tout autant aujourd’hui, dans le contexte où une lettre du sous-ministre adjoint à l’éducation préscolaire, à l’enseignement primaire et secondaire et responsable des régions annonce que le cours deviendrait «matière à option» à compter de l’an prochain.
Le sous-ministre évoque l’existence «d’inquiétudes à l’égard de ce programme, notamment au regard de l’organisation scolaire en lien avec le caractère obligatoire du programme».
Je me dis que c’est peut-être mieux ainsi, d’enlever le «caractère obligatoire» à ce cours.
Les fondements de ce cours représentent un changement important. Lorsqu’on se rend compte qu’ils ne font pas l’unanimité, il arrive qu’un certain mouvement de recul soit nécessaire pour permettre à ceux qui «sont inquiets» de prendre le temps qu’il faut. Un troisième report aurait pu compromettre l’existence du cours lui-même alors que le fait de ne pas le rendre obligatoire permettra à ceux qui l’offrent de le maintenir pour les bonnes raisons.
Le «politique» prend donc une «saine distance» en agissant pour que l’essentiel persiste : qu’à la fin de cette séquence d’études, des élèves aient l’occasion de démontrer par un projet intégrateur qu’ils savent agir avec ce qu’ils ont appris tout au long de leur cheminement au secondaire, dans des milieux où le support est au rendez-vous et où on croit en l’aménagement d’un contexte institutionnel propice.
Les classes qui font l’expérience du Projet intégrateur ne perdent rien à ce que le caractère obligatoire du cours tombe. Je sais bien que plusieurs milieux scolaires vivent des tensions énormes avec l’adoption de la maquette scolaire (jargon utilisé dans les écoles pour qualifier la proportion du temps consacré à chaque cours au programme d’une institution scolaire).
J’ai déjà expérimenté cette approche qui consiste à prendre du recul face à l’implantation de changements présentés au départ comme devant être «obligatoires» dans les écoles que j’ai dirigées… Pour ne pas braquer les gens et ainsi contribuer à «brûler» une bonne idée, je me souviens d’avoir permis à des profs de ne pas se servir de l’ordinateur portable que l’école avait acheté pour chacun d’eux en 2003. Cette question étant d’actualité cette semaine, je fais le lien avec une conversation de février 2005 avec une de ces enseignantes, résistante à l’utilisation du portable, qui m’avait demandé si l’école maintiendrait la décision de fournir un ordinateur à chaque prof dans le contexte où je venais d’annoncer mon départ. Ne sachant trop ce que mes successeurs voulaient privilégier, je lui avais répondu que je ne savais pas, mais que j’étais étonné qu’elle me pose la question puisqu’elle m’avait affirmé que JAMAIS elle n’accepterait que «ce gadget» (avait-elle dit) entre dans sa classe. Sa réponse m’avait beaucoup fait sourire. De mémoire:

«C’est que depuis quelques mois, j’ai commencé à utiliser celui que nous possédons à la maison pour préparer mes cours. En observant les autres enseignants, j’ai bien vu qu’il y avait certains avantages liés au travail avec mes collègues entre autres et si la politique de l’école change, je crois bien que je serai obligé de m’en acheter un. Avec votre départ, je peux bien vous le dire maintenant, le fait de ne pas avoir été obligé de l’utiliser m’a enlevé de la pression et je suis allé à mon rythme, sans le regard des autres pour me critiquer. Là, je me sens prête d’autant plus qu’avec l’arrivée d’une nouvelle direction, je ne veux pas avoir l’air d’être en retard sur tout le monde. J’aimerais bien que la politique de fournir un ordinateur à chaque enseignant soit maintenu après votre départ…»

Je n’entretiens pas la prétention de croire qu’un jour, le Projet intégrateur sera offert à tous les élèves finissant du secondaire du Québec, mais je me dis qu’en lui enlevant «la pression» de devoir être enseigné par des établissements qui n’y croient pas plus que cela, le vécu actuellement en cours rayonnera bien davantage.

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